Le directeur général de la Fonction publique, Djamel Kharchi, s'est mis tout le monde à dos. En l'espace de quelques semaines, il reçoit des critiques acerbes de la part des responsables et des syndicalistes de deux secteurs différents. Après le ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, qui l'a accusé, la semaine dernière, d'avoir bloqué les recrutements dans son secteur, les syndicats de la santé lui reprochent d'élaborer des statuts particuliers « dévalorisants » pour les médecins. Le président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP), Mohamed Yousfi, monte aussi au créneau pour dénoncer le contenu du statut particulier des praticiens spécialistes adopté la semaine dernière par le gouvernement. S'exprimant lors d'une conférence de presse animée, hier à Alger, Mohamed Yousfi tire à boulets rouges sur Djamel Kharchi. « Après les blocages du processus d'élaboration de notre statut, le DG de la Fonction publique a remis en cause tout le travail accompli par la commission mixte chargée de sa préparation en imposant son propre texte », déplore-t-il. Selon lui, toutes les propositions faites par la commission n'ont pas été prises en considération. « C'est un Etat dans un Etat ! La DGFP s'est imposée comme un véritable mur de Berlin devant toutes les tentatives d'élaborer un statut digne des praticiens spécialistes de la santé publique », lance-t-il. Le SNPSSP, ajoute-t-il, rejette en bloc ce texte qui élargit d'emblée le fossé séparant les hospitalo-universitaires et les praticiens spécialistes. « Pourtant, les deux corps ont les mêmes diplômes », dit-il. Ce qui a irrité davantage les responsables du SNPSSP c'est l'adoption d'une grille de classification des grades et des niveaux de bonification indiciaires pour les postes supérieurs qui ne répondent pas aux aspirations des praticiens. « Djamel Kharchi ne veut pas nous mettre au même niveau que les hospitalo-universitaires. Même l'intervention du ministre de la Santé n'a pas changé la position. Le ministre était même contraint à demander un arbitrage du Premier ministre, en vain », précise-t-il. Et d'ajouter : « C'est une gifle pour Saïd Barkat ! Nous ne comprenons pas comment le DG de la Fonction publique agit comme un électron libre et impose sa loi. » Pour lui, il y a une « connivence entre le Premier ministre et le DG de la Fonction publique ». En plus du statut, le rythme d'avancement des carrières des praticiens spécialistes ne répond pas aux normes internationales. Le SNPSSP dénonce aussi la suppression de la prime d'intéressement et l'application du service national civil uniquement pour les praticiens spécialistes. Affirmant que le syndicat ne restera pas inerte face « au diktat de la DGFP », l'orateur estime qu'il y a une volonté avérée de casser le système de la santé publique à travers cette stratégie. « Ils veulent briser, à tout prix, la santé publique qui fait bénéficier 90% de la population algérienne », atteste-t-il. Devant cette situation, le syndicat compte convoquer, dans les prochains jours, des assemblées générales des médecins pour aller vers une grève nationale. « Après les AG, nous allons tenir une session extraordinaire du conseil national de notre syndicat pour entériner les actions décidées par la base. Nous irons vers un débrayage qui pourrait être illimité », conclut-il.