Des représentants des employés de Ratp El Djazaïr, l'entreprise chargée de l'exploitation du métro d'Alger, et qui ont été mis récemment au chômage technique, déplorent cette décision et réclament leur réintégration pure et simple, eux qui se considèrent comme les « boucs émissaires » des retards de livraison accusés par le métro. Les faits : 19 agents de maîtrise de Ratp El Djazaïr, des ingénieurs pour l'essentiel, ont été mis au chômage technique pour des raisons liées au retard pris dans la mise en marche du métro d'Alger. « C'est la mort dans l'âme que nous avons pris cette mesure. Seulement, nous ne pouvons pas supporter cette charge salariale et payer les gens pour tourner en rond. Mais nous gardons le contact avec ces employés ; nous les réintégrerons dès que nous réceptionnerons les clés du métro et que la première navette sera mise en branle », avait déclaré à El Watan une source de Ratp El Djazaïr sous le sceau de l'anonymat, avant d'ajouter : « Nous ne pouvons nous avancer quant à la date de mise en service du métro, ainsi que sur les causes exactes de cet ajournement. Il y a plusieurs intervenants impliqués dans les travaux, et pour déterminer l'état d'avancement des chantiers, il faudrait une véritable étude, une analyse objective, voire un audit. » (Lire El Watan du 27 octobre 2009). « Nous avons été recrutés en mars 2009 en qualité d'agents de maîtrise et d'exploitation », explique une représentante des employés mis au chômage technique. Et de poursuivre : « Nous avons suivi une formation pendant 14 semaines. Nous sommes censés former à notre tour d'autres employés, entre agents de maîtrise, conducteurs de métro, chefs de station, agents commerciaux et agents antifraude. En somme, tout le personnel d'exploitation. Nous avons signé un CDI (contrat à durée indéterminée) avec la RATP assorti d'une clause de fidélité durant les deux premières années sous peine d'une amende de 900 000 DA correspondant au coût de la formation. » Ses collègues enchaînent : « Le 7 octobre dernier, on nous a signifié notre mise au chômage technique. » Cela signifie que lesdits agents sont libérés jusqu'à nouvel ordre. Dans l'attente de leur réintégration, ils perçoivent une partie de leur salaire. « Initialement, notre indemnisation équivalait à peine au SNMG, soit 12 000 DA. Nous avons réussi à la relever à 72% de notre salaire. Nous avons également annulé la clause de fidélité, et avons négocié pour ramener à trois mois la période de chômage technique. » Toutefois, ces acquis sociaux ne semblent pas satisfaire les 19 agents de maîtrise de RATP El Djazaïr qui revendiquent tout bonnement leur réintégration et la reprise de leur formation. « Nous sommes censés avoir une formation théorique et pratique. Or, la formation pratique a été interrompue. Nous n'avons pas encore mis les pieds dans la tour de contrôle du métro (le PCC : poste de commande centralisée) pour la simple raison qu'il n'a toujours pas été livré. » Qui doit rester, qui doit partir ? Les employés de RATP El Djazaïr estiment que la faute ne leur incombe pas si le métro s'embourbe dans des atermoiements sans fin. « En réalité, la RATP est constituée de deux entités : il y a RATP Développement qui est de droit français, et il y a la filiale RATP El Djazaïr qui est son représentant algérien. Au total, ce sont 26 agents de maîtrise qui sont recrutés par l'entreprise, mais seuls les employés de RATP El Djazaïr ont été mis au chômage technique au motif que l'EMA (l'Entreprise du métro d'Alger) n'a pas versé d'argent à la RATP El Djazaïr, puisque le métro n'est pas entré dans sa phase exploitation. Mais nos 7 autres collègues de RATP Développement, eux, ont été maintenus à leur poste », ont souligné les agents de maîtrise mis au chômage. Ils feront remarquer, par ailleurs, que leurs collègues des services communication et marketing sont toujours en poste « alors que le métro n'est pas encore en marche ». « Même le service après-vente est maintenu ! », s'étonnent-ils. Les ingénieurs de la RATP estiment donc qu'il est tout à fait de leur droit de réclamer leur réintégration immédiate et la reprise de leur activité au même titre que leurs collègues. Dans la foulée, ils se montrent pessimistes quant aux délais de livraison de la première ligne du métro. « On promet une mise en marche du métro pour décembre 2009 ou début 2010. Tout ceci est un calendrier fictif. La réalité est que les chantiers connaissent un retard considérable et d'autres points bloquants. Le métro ne sera pas opérationnel avant au moins novembre 2010 dans le meilleur des mondes. Logiquement, ça va chercher l'année 2011. » Et d'évoquer au passage des problèmes d'étanchéité que connaîtraient les 14 rames qui vont alimenter le réseau métropolitain. Nous avons tenté de joindre la direction de l'EMA pour de plus amples éclaircissements sur ce dossier. Nos nombreuses tentatives ont été vaines.