Des sources affirment que quelque 400 000 logements dans la capitale sont inoccupés. Les émeutes, comme celles de Diar Echems, s'expliquent essentiellement par la crise du logement. Une vingtaine d'immeubles, construits sur un fonds d'aide saoudien à l'entrée de Chéraga sur l'autoroute, sont fermés à double tour. A l'intérieur de la cité trône une mosquée comme celles, nombreuses, que construisent les Al Saoud, partout où leur charité est visible. Sur les terrasses de ces immeubles, situés non loin de la zone d'activité Amara ont été installées des antennes dont on ignore l'usage. La clôture a été renforcée sur la route de Chéraga par des barricades où l'on peut lire « La société de développement urbain », probablement l'entreprise réalisatrice. Cette cité est destinée, ne cesse-t-on d'affirmer, aux sinistrés des inondations de novembre 2001 de Bab El Oued. Mais, huit ans après la catastrophe, aucun habitant n'y a été relogé. L'endroit stratégique mais surtout la qualité des logements de « haut standing » expliquent cette situation aberrante favorisée par un Etat qui « se moque de la charité » des étrangers. « Les petites gens méritent des pigeonniers et des F0 infectés dans une lointaine cité de la banlieue algéroise.Le président de la République a été intraitable en instruisant ces directeurs de ne plus construire des F2 et de distribuer les logements inoccupés. mais qui applique ces décisions ? », s'indigne un habitant de la rue Lotfi à Bab El Oued, qui s'est retrouvé avec ses deux frères mariés dans un logement trop exigu à Douéra. Des mauvaises langues parlent de « listes confectionnées sans respect de la réglementation ». « L'endroit suscite toutes les convoitises. Des fonctionnaires auraient voulu faire main basse sur ces logements. Des listes auraient été même été confectionnées avant d'être bloquées à la dernière minute. D'autres gens parlent de la distribution imminente de ces logements, puisque les travaux d'embellissement avancent à grands pas », assure un habitant de Dély Ibrahim, ouvrier dans une entreprise de la zone d'activité Amara. pourtant, à Alger, la crise du logement est aiguë. Les « bouffées de chaleur » cycliques dans les grands ensembles et les bidonvilles, comme cela a été le cas dernièrement à Diar Echems, s'expliquent essentiellement par une situation ingérable favorisée par des personnes qui se servent sans sourciller : personne n'arrive à trouver un logement. Des sources affirment pourtant que quelque 400 000 logements dans la capitale sont inoccupés. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Yazid Zerhouni, s'évertue à donner une explication : la mobilité des Algériens. Le salarié besogneux trouve toutefois l'explication un peu trop courte, lui qui est obligé de louer rubis sur l'ongle ou de dormir dans des dortoirs infects de la rue Tanger ou de La Basse-Casbah. « On laisse des cités fermées dans l'intention de les partager indûment. Les privés aussi, s'ils ne les cèdent pas à des prix souvent prohibitifs, qui aggravent la crise, préfèrent les laisser fermées. La loi ne protège pas assez le propriétaire contre les desiderata des locataires souvent imprévisible », s'emporte un habitant d'Alger-Ouest, employé de la wilaya d'Alger. Nos tentatives pour joindre le P/APC de Chéraga, où a été construite la cité, se sont avérées infructueuses. Il en est de même pour le directeur du logement de la wilaya. Un courrier en bonne et due forme a été adressé au service de la wilaya, mais sans réponse favorable. Y aurait-il anguille sous roche ? Fort probablement.