Célébrée un peu partout dans le monde occidental, la chute du Mur de Berlin offre une nouvelle fois l'occasion aux pays alliés vainqueurs de l'Allemagne nazie de dénigrer systématiquement tant le communisme que le socialisme. L'amalgame est vite fait entre les régimes qui se sont réclamés de ces systèmes-là, les pervertissant par des pratiques totalitaires et les fondements de ces deux visions du monde, principalement incarnées par Marx, Engels et Lénine dont la générosité des projections humaines et sociales n'est plus à démontrer. Ainsi, avec force détails, est mis en relief le côté repoussant de Berlin-Est d'avant 1989, comparé à l'aspect rutilant du quartier Ouest. La liberté et la consommation de la partie occidentale opposées à l'enfermement et aux pénuries de la partie orientale. En boucle sur toutes les télés occidentales, le Mur de Berlin, ses miradors, ses gens en fuite, mais rien sur la santé et l'école gratuites mises à la disposition de chaque Allemand de l'Est, les performances industrielles du pays, les immenses succès sportifs des jeunes et le foisonnement de la création artistique. En réalité, l'occasion est belle aujourd'hui de renouer avec la propagande comme au temps de la guerre froide, de régler son compte à la Russie qui, malgré tout, n'est pas totalement tombée dans le giron occidental, notamment sous le règne de Medvedev-Poutine. Le duo de choc a quelque peu fait oublier le « bradeur » Eltsine et le réformateur Gorbatchev à l'origine de l'effondrement brutal du bloc de l'Est. Il s'agit aussi et surtout pour le monde politico-médiatique occidental de redorer le blason du libérialisme déclinant et contesté, y compris au plan moral : la dépression actuelle, dans la continuité de celle de 1936, a largement montré que le capitalisme était loin d'être le système idéal, pourvoyeur systématique de bonheur et créateur de libertés. Le constat est là aujourd'hui, implacable : poussée à l'extrême, la logique du profit, au fil des décennies, n'a essentiellement bénéficié qu'au complexe militaro-industriel, aux institutions financières spéculatives et aux grands trusts internationaux. Le chômage et la précarité ont entrepris de façonner à large échelle le quotidien des populations occidentales dont même les libertés individuelles et collectives ont été lourdement grignotées du fait des interférences du capital et du politique. Les USA comptent à eux seuls 40 millions de citoyens sans aucune couverture sanitaire et tenter — par Obama — de leur en donner une, même mince, fait soulever une partie de l'Amérique. Le libéralisme ne s'est pas implanté un peu partout dans le monde parce que ses valeurs dépassent celles du socialisme. Il a surtout mis à profit les maladies infantiles de ce dernier que sont le monopartisme exclusif et oppresseur et la collectivisation systématique et usurpatrice de biens de production. Malgré cela, le socialisme a laissé de grandes empreintes dans les contrées où il a été porté par des hommes intelligents et visionnaires, à Cuba par exemple. Mais le système idéal ne réside-t-il pas finalement dans la synthèse des deux, c'est-à-dire dans le modèle scandinave ?