C'est une véritable déferlante de cadres, de chefs d'entreprise et d'universitaires en fin de cursus qui a pris d'assaut les stands d'exposition des plus de soixante entreprises présentes et l'immense amphithéâtre de l'ESCP qui s'est pourtant avéré trop exigu, à l'occasion du troisième Forum du réseau des diplômés des grandes écoles européennes (Reage) qui s'est tenu le 7 novembre à l'Ecole supérieure de commerce de Paris (ESCP). Paris : De notre envoyé spécial En fin de journée, les organisateurs ont estimé l'affluence à environ 2000 personnes, pour la plupart venus s'enquérir des opportunités d'emploi susceptibles d'être offertes par les grandes sociétés étrangères installées en Algérie, de la promotion d'investissements et, dans de nombreux cas, de possibilités de retour au pays pour y faire carrière. Il faut dire que les « success stories » mises en évidence dans le village des PME qui occupait une importante partie du hall d'exposition et la vingtaine de multinationales présentes en Algérie venues faire la publicité de leur réussite et de leur intérêt pour les diplômés des grandes écoles françaises avaient de quoi épater ces élites qui avaient pris la peine de faire le déplacement pour déposer leur CV ou pour recueillir des informations relatives au climat d'investissement et aux possibilités de lancer des affaires en Algérie. Il est évidemment trop tôt pour tirer le bilan de cette manifestation et des actions multiformes qui s'y sont déroulées. Le très dynamique président du Reage, Fetah Ouezani, promet de le rendre public dans les tout prochains jours. Ce troisième forum du Reage s'est également distingué par ses divers ateliers et tables rondes thématiques portant sur des problématiques aussi importantes que l'énergie, le développement des TIC, la santé, l'agroalimentaire, les ressources humaines ainsi que l'environnement juridique et institutionnel qui pose actuellement de gros problèmes aux opérateurs économiques. La compétence des intervenants alliant savoir théorique et expérience du terrain a, à l'évidence, permis à la nombreuse assistance qui y avait pris part de mieux comprendre les enjeux, mais également, les difficultés qui entravent l'essor de ces activités en Algérie. Le moment le plus important de ce troisième forum a été, sans aucun doute, la conférence plénière consacrée à la nouvelle politique des IDE en Algérie conséquemment à la très controversée loi de finances complémentaire pour l'année 2009 qui a, comme on le sait, considérablement perturbé les règles du jeu en matière d'investissement, de partenariat et d'activités de négoce. Des acteurs de la scène économique algérienne aussi importants que le président du Forum des chefs d'entreprises, le chef de la mission économique de l'ambassade de France en Algérie, le responsable de KPMG et le président de la CACI ont beaucoup étonné l'assistance par leurs discours plutôt conciliants avec les dispositions de la loi de finances complémentaire pour l'année 2009 qui ont suscité, il y a quelques semaines seulement, un véritable tollé des différents acteurs qu'ils représentent. Leurs propos étaient pour le moins prudents, comme s'il s'agissait de ne pas compromettre un processus en cours de maturation susceptible d'inverser la tendance négative imprimée par la loi de finances complémentaire, qui ne serait « pas figée » pour reprendre une formule utilisée par un intervenant convaincu que le marché algérien reste attractif en dépit de l'instabilité juridique provoquée par la LFC. Selon le chargé de la mission économique auprès de l'ambassade de France en Algérie, les sociétés françaises auraient, dans leur écrasante majorité, réalisé des bénéfices qu'elles ont pour la plupart réinvesti, signe d'une confiance réitérée au marché algérien qui aurait gardé tout son intérêt en dépit de ce remous législatif que notre ambassadeur a qualifié d'utile et nécessaire pour corriger les graves dérapages de notre balance des paiements. L'homme d'affaires Issad Rebrab a, quant à lui, fait état de la croissance à deux chiffres qu'enregistre son groupe depuis plusieurs années, de son chiffre d'affaires qui avoisine les 2,5 milliards de dollars, des milliers d'emplois directs et indirects créés, de l'exportation de plus de 70% de sa production de verre plat, de l'autosuffisance du pays en sucre et en huile dont les excédents seront prochainement exportés. Il n'a pas manqué de signaler que son groupe aurait pu faire beaucoup plus pour l'économie algérienne si les pouvoirs publics concernés l'avaient aidé à développer les investissements projetés dans des domaines aussi variés que l'activité portuaire, l'énergie solaire, les technologies de la communication et de l'information, l'agriculture, la pétrochimie et autres. Signalons enfin que du débat organisé à l'issue de la plénière ont fusé de très nombreuses questions témoignant, pour la plupart, de l'inquiétude des opérateurs économiques quant à la dégradation du climat des affaires en Algérie en raison, notamment, de certaines dispositions de la loi de finances complémentaire, du retour sournois à l'économie administrée et de l'instabilité juridique qui les tétanise.