Prévus initialement pour une durée de 15 mois, les travaux de réalisation de l'hôpital spécialisé en orthopédie traumatologie à Bordj Bou Arréridj, implanté à proximité de la forêt Boumergued, est à sa huitième année, et tout n'est pas encore terminé. Ce projet qui est loin à son stade de finition est non seulement à l'arrêt depuis plusieurs mois, mais semble tout à fait à l'abandon. En effet, outre les mauvaises herbes qui ont envahi les lieux, les murs bâtis commencent à s'user avant même qu'ils soient achevés. «Actuellement, il est carrément abandonné, et si nous ne nous étions pas mobilisés pour le préserver, il serait devenu un quartier général pour des malfrats de tous bords», nous confient les jeunes du quartier. Par ailleurs, nos interlocuteurs évoqueront la promesse du wali de Bordj Bou Arréridj, Azzedine Mecheri, à la fin du mois de janvier 2011, lorsqu'il a longuement inspecté le chantier en donnant des instructions fermes quant aux matériaux à utiliser et à la reprise immédiate des travaux. Ce projet qui a été inscrit en 2006 et qui a été donné de gré à gré pour la société portugaise Abrantina, pour un montant de 1 858 312 940,44 DA, a déjà consommé plusieurs enveloppes financières sans que ses travaux soient achevés. L'entreprise de réalisation a bénéficié d'une avance forfaitaire TTC de 278 106 168,09 DA, dont 68 052 579,32 DA ont été remboursés et une avance sur approvisionnement TTC de 648 914 392,21 DA, dont 163 072 186,76 DA l'ont été aussi. Rappelons que la réglementation stipule que les avances doivent être remboursées à 80% du montant du marché. Alors que pour cette société de réalisation le montant des situations de payement du marché est de 37,6% et le montant des remboursements des deux avances est de 24,93% seulement. En avril 2010, le chantier était complètement à l'arrêt avec un taux d'avancement estimé à 10%. La société réalisatrice a bénéficié de 71 ordres de service (ODS) d'arrêt et de reprise sur une période d'une année !Malgré les efforts de la nouvelle directrice de la santé pour relancer ce projet hérité de l'ancienne équipe, le taux d'avancement des travaux reste autour de 40% seulement à cause de l'absence répétée, voire même l'abandon total du chantier, la non prise en charge des réserves du dossier de l'avenant et surtout l'incapacité du bureau d'étude Ceris qui a déjà été payé par la somme de 5 milliards de centimes, à clarifier les travaux supplémentaires évoqués par l'entreprise. Ce qui a poussé la DSP à résilier le contrat avec le BET Ceris et à le remplacer par un bureau d'étude local BEET Bordj Bou Arréridj. Ce dernier a conclu dans son expertise que dès le départ il y a eu une mauvaise gestion du dossier (gré à gré, avances non remboursées, études incomplètes…). En plus des arrêts des travaux et des ODS, suivis des avenants que l'entreprise réalisatrice a eu à chercher à enfermer le projet.En mars 2012, un ODS de démarrage des travaux a été décidé et notifié à l'entreprise de réalisation. Après vérification, la situation de payement est passée de 370 millions de dinars à 90 millions de dinars.Le bureau d'étude BEET de Bordj Bou Arréridj a constaté, suite à un décompte global, exigé par la DSP, que le montant des travaux réalisés dans le cadre du marché est de 595 421 876,86 DA et le montant des travaux non réalisés dans le cadre du marché est de 989 228 653,57 DA. A partir de cette situation, les responsables de la wilaya et du secteur de la santé ont décidé de la mise en demeure de la société réalisatrice avant de procéder à une résiliation au tort exclusif de l'entreprise. Cette dernière doit présenter ses situations de payements mensuels avec les remboursements réglementaires, les pénalités de retards seront appliquées avec vigueur et aucun avenant ne sera accepté par la DSP, quel que soit le motif. Peut-on savoir à qui incombe la responsabilité d'une telle situation ? Selon les spécialistes, c'est dû au mode de passation du marché et de l'étude (gré à gré, avances non remboursées). «C'est le non-respect du code des marchés publics qui a causé ce retard, sinon comment expliquer que dans d'autres wilayas, à Mila par exemple, le même projet a été réalisé à moindre coup, soit 150 milliard (études, réalisation et équipements) et en moins de temps». Nous avons appris qu'en parallèle aux enquêtes déclenchées par les services compétents, l'IGF est attendue dans les prochains jours.