Un attentat a été commis dans la soirée de vendredi dans une discothèque de Tel-Aviv en Israël, faisant quatre tués et une cinquantaine de blessés, et tout laisse croire qu'il s'agit d'un acte palestinien isolé. Il s'agit du premier attentat en Israël depuis quatre mois et de la première attaque depuis le sommet du 8 février à Charm El Cheikh (Egypte), où le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, et le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, ont proclamé un cessez-le-feu. En tout état de cause, un tel acte est pris très au sérieux aussi bien par les Palestiniens que par les Israéliens qui ont convoqué séparément les réunions de leurs services de sécurité respectifs. En effet, le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a convoqué une réunion sécuritaire extraordinaire à Ramallah. Le nouveau ministre de l'Intérieur et de la Sécurité nationale Nasr Youssef, le ministre des Affaires civiles, Mohammad Dahlane, et les chefs des principaux services de sécurité ont participé à cette réunion que M. Abbas a convoquée à son bureau de Ramallah, a indiqué Saeb Erakat, en charge des négociations avec Israël. L'attentat a été vigoureusement condamné par l'Autorité palestinienne présidée par M. Abbas. Un porte-parole de l'Autorité palestinienne a accusé dans un communiqué « des parties isolées » d'en être à l'origine pour saboter l'accalmie et le processus de paix qui redonne des signes de vie après plus de quatre ans dans l'impasse. « L'Autorité palestinienne ne restera pas les bras croisés devant ce sabotage et poursuivra tous ceux qui sont derrière cet acte et leur infligera la punition qui s'impose », a ajouté le porte-parole. De son côté, le ministre israélien de la Défense Shaoul Mofaz a convoqué une réunion de l'état-major pour examiner une éventuelle riposte à l'attentat de Tel-Aviv, a rapporté la radio militaire israélienne. « La riposte israélienne sera ponctuelle et concernera les éléments directement impliqués dans l'exécution de l'attentat » qui a coûté vendredi soir la vie à quatre Israéliens, outre son auteur, a rapporté la radio militaire citant un haut responsable israélien de la Défense. « Des opérations militaires d'envergure ne sont pas envisagées », selon la même source. Cependant, l'armée israélienne a arrêté hier en Cisjordanie les deux frères du Palestinien auteur de l'attentat. Les frères de Abdallah Badrane, 22 ans, ont été arrêtés à l'aube dans le village de Deir Al Ghoussoun, à l'est de Tulkarem, où l'armée a imposé un couvre-feu, a-t-on précisé. Selon des sources sécuritaires palestiniennes et des habitants du village, Badrane était connu comme un activiste du Jihad islamique, mais ce groupe radical palestinien a affirmé qu'il n'était pas lié à l'attentat. Un interlocuteur anonyme parlant au nom des Brigades des Martyrs d'Al Aqsa liées au mouvement Fatah du dirigeant Mahmoud Abbas a revendiqué vendredi soir l'attentat, mais le principal chef de ce groupe armé, Zakaria Al Zoubeidi, a démenti toute implication. Les Brigades ont aussi publié hier un communiqué démentant toute implication dans l'attentat. Avant l'annonce du cessez-le-feu, les Brigades ainsi que le Hamas et le Jihad islamique avaient convenu avec M. Abbas fin janvier d'observer une « accalmie », autrement dit de suspendre les attaques anti-israéliennes. Dans le communiqué, les Brigades ont affirmé que « toutes nos cellules respectent totalement l'accalmie qui fait l'objet d'un consensus national ». « Les Brigades démentent tout lien avec l'attentat de Tel-Aviv et le condamnent fermement car il va à l'encontre des intérêts de notre peuple à ce stade. » « En dépit de toutes les violations israéliennes, nous allons donner (à Israël) une chance pour démontrer ses bonnes intentions », ajoute-t-il. Dans des déclarations à Ghaza, des responsables du Hamas et du Jihad islamique ont également affirmé que leurs mouvements continuaient à respecter la trêve convenue avec M. Abbas, qui préconise la fin de l'Intifadha armée. Il reste que le porte-parole du gouvernement Sharon, Avi Pazner, a affirmé qu'Israël n'écartait pas une implication du Hezbollah libanais dans l'attentat mais qu'il n'en avait pas la certitude à ce stade. La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a condamné « dans les termes les plus forts » l'attentat et appelé les dirigeants palestiniens à prendre « des mesures immédiates et crédibles » contre ses responsables. Le secrétaire général de l'Onu, Kofi Annan, l'a aussi condamné et espéré qu'il ne remettrait pas en cause « les récentes avancées dans le processus de paix ». La seule conclusion avérée, hier, est que l'accalmie observée par les deux parties reste précaire. Et seule la paix est à même de mettre fin aux comportements incontrôlés, et aux actes de désespoir.