Le cycle violence contre-violence semble avoir repris dans les territoires palestiniens et en Israël. Israël a rouvert dans la nuit de lundi à mardi un nouveau cycle de violence appelant, comme cela s'est vérifié ce jeudi, la riposte de la résistance palestinienne. Cela a commencé dans la matinée de mardi par une incursion meurtrière de l'armée d'occupation israélienne dans la bande de Gaza et plus précisément dans la ville frontalière, avec l'Egypte, de Raffah. Cette incursion s'est soldée par la mort de huit Palestiniens tout en occasionnant des blessures, plus ou moins graves, pour une trentaine de personnes. Une quarantaine de véhicules blindés et deux hélicoptères de combat ont pris part à cette sanglante agression contre la population de Raffah. Jeudi, c'est au tour de l'aviation israélienne, dans un raid héliporté contre Gaza, de tuer 10 Palestiniens en ciblant deux voitures, dont l'une transportait un chef militaire du Jihad islamique, Mokled Hamid. Dans un communiqué, l'armée israélienne d'occupation a assumé ce nouveau meurtre ciblé, d'un responsable palestinien. Le ministre israélien de la Défense, Shaoul Mofaz, confirmait le même jour l'assassinat de ce citoyen palestinien et ses compagnons, indiquant: «Nous avons frappé l'un des dirigeants du Jihad islamique qui planifiait un méga-attentat dans la bande de Gaza.» Il ne fait pas de doute qu'après près de deux mois d'accalmie, Israël a délibérément rouvert les hostilités et le cycle violence contre-violence. Ce qui s'est vérifié dans la soirée de jeudi, lorsqu'il y eut un attentat-suicide dans un arrêt de bus à Tel-Aviv occasionnant la mort de quatre personnes et des blessures pour une quinzaine d'autres. Depuis le 4 octobre dernier, la résistance palestinienne n'a plus frappé en Israël. Cette retenue des Palestiniens n'a pas été évaluée par les responsables israéliens comme entrant dans la perspective de calmer le jeu, mais plutôt mise, par ces responsables, sur le compte du mur qu'Israël édifie en Cisjordanie. L'opération kamikaze de ce jeudi, montre qu'il n'en est rien et que la résistance palestinienne peut frapper en Israël à tout moment. A la suite de l'attaque-suicide de jeudi, qui a été revendiquée par le Fplp, Israël à ordonné un énième bouclage des territoires palestiniens. Le fait est que l'agression de mardi et le raid de jeudi, ont rouvert le cycle infernal de la violence, incursion et raid sanglants qui n'ont soulevé aucune protestation de la part de la communauté internationale qui, en revanche, condamna vigoureusement l'attaque-suicide palestinienne à Tel-Aviv. Le Jihad islamique, principal mouvement palestinien touché par le raid de jeudi, promet une «douloureuse» riposte selon un responsable du mouvement islamiste, Khaled Al-Batsh, lequel rendait Israël responsable «d'avoir commis un nouveau crime» promettant que ce «crime ne restera pas impuni». Il a par ailleurs accusé l'Etat hébreu «d'avoir saboté les efforts de l'Egypte pour parvenir à un cessez-le-feu qui épargnerait les civils». Dans un communiqué de presse, le chef du gouvernement palestinien, Ahmed Qorei, condamne fermement le raid israélien et les violences qu'il a induites, selon son cabinet qui indique : «Le Premier ministre et le gouvernement (palestiniens) condamnent le cycle de violence et de contre-violence, dont le dernier épisode a été l'assassinat de cinq citoyens (entre-temps le bilan s'est alourdi portant à 10 le nombre de tués palestiniens) à Gaza par des hélicoptères israéliens et l'attaque contre un arrêt de bus qui a fait des tués et des blessés ce soir (jeudi) à Tel-Aviv», «regrettant la poursuite du cycle d'assassinats, de liquidations (physiques) et d'atteintes aux civils des deux bords, le Premier ministre appelle à l'arrêt de ce cycle sanglant et à la conclusion d'un cessez-le-feu réciproque» conclut le cabinet palestinien. Les Israéliens à l'origine de la recrudescence de la violence dans les territoires palestiniens et en Israël n'en soulignent pas moins «l'urgence» d'une reprise des discussions avec les Palestiniens comme l'indique le porte-parole du cabinet Sharon, Avi Pazner, selon lequel «Israël prendra les mesures qui s'imposent pour assurer sa sécurité mais, dans le même temps, il y a urgence de relancer les pourparlers au plus haut niveau pour ne pas laisser s'installer un vide politique dangereux», ajoutant: «La situation présente démontre bien le danger qu'il y a à ne pas avoir de négociations.» Les Palestiniens qui restent ouverts à de telles négociations, demandent toutefois, qu'elles soient, enfin, sérieuses, comme le réitérait récemment le chef du gouvernement palestinien, Ahmed Qorei, les Israéliens ayant tendance à vouloir trop encadrer les pourparlers dans la seule perspective des intérêts israéliens, négligeant les aspirations palestiniennes à l'édification d'un Etat indépendant, comme le démontre la construction du «mur» et la ghettoïsation poussée des territoires palestiniens. Et tant que les Israéliens ne comprendront pas ou n'assimileront pas le fait que la sécurité d'Israël ne pourra être garantie que par l'existence de l'Etat palestinien, il est patent, que le cycle de violence n'est pas près de connaître son terme.