Les banques sont sceptiques quant à l'efficacité de la mesure phare introduite par la loi de finances complémentaire 2009 portant bonification des taux d'intérêt des crédits immobiliers. Ce dispositif initié par les pouvoirs publics ne sera d'aucune utilité s'il n'est pas accompagné par d'autres actions visant à faciliter l'acquisition d'un logement pour le commun des Algériens, pensent de nombreux représentants de banques, rencontrés au Salon international du logement et de l'immobilier qui a ouvert ses portes hier et qui se poursuivra jusqu'au 19 novembre, avec la participation de tous les professionnels du secteur. « Le problème de l'immobilier en Algérie est lié aux prix pratiqués. Même si on donne des crédits avec des taux d'intérêt de 0%, un citoyen qui a un revenu de 35 000 DA ne pourra pas se payer un appartement qui coûte 10 millions de dinars. Il faut un revenu mensuel de 300 000 DA pour pouvoir acheter un logement à ce prix », note Guellala Smaïl, responsable du crédit aux particuliers au sein d'Algeria Gulf Bank (AGB). Les conditions d'octroi des aides sont également mises à l'index par ce responsable qui estime qu'elles excluent d'emblée une bonne partie des demandeurs qui font partie de la classe moyenne, notamment ceux qui ne sont pas éligibles pour les formules du logement social locatif ou participatif, et qui ne peuvent pas prétendre aux promotions immobilières. « Les aides de l'Etat doivent concerner tout le monde y compris pour les transactions de particuliers à particuliers (PAP) », relève-t-il. M. Guellala plaide également pour l'accompagnement des promoteurs immobiliers auxquels l'Etat doit donner des avantages comme au Maroc afin de booster l'offre qui reste largement en deçà de la demande. Il rappellera que ces derniers sont confrontés à la cherté du foncier mais aussi à la tendance haussière des fluctuations des prix des matériaux de construction. Le fait que ces mesures ne concernent que le logement neuf est un autre handicap pour les demandeurs puisque, d'après lui, il y a plus de disponibilité pour le logement ancien. Les pouvoirs publics doivent également tenir compte, poursuit-il, du surendettement des ménages qui risque, souligne-t-il, d'être encore plus lourd que pour les crédits à la consommation et automobile étant donné que les ressources mobilisées seront encore plus considérables. « Il faut mettre en place la centrale des ménages qui n'est pas encore opérationnelle pour permettre aux banques d'étudier les risques de surendettement », affirme-t-il à ce sujet. Dans le contexte actuel, AGB ciblera « les cadres qui ont de l'argent. On ne peut pas cibler le grand public », avoue-t-il. Cette banque compte consacrer 5 milliards de dinars pour le crédit immobilier. Une centaine de clients ont d'ores et déjà bénéficié d'un tel prêt pour un montant global de 500 millions de dinars. Le représentant de la banque française BNP Paribas, Rachid Abboud, adjoint responsable clientèle particulier et professionnel, abonde dans le même sens en estimant que « le problème se pose en termes de coût ». « Ça ne change rien si à côté il y a des logements à 10 millions de dinars », soutient-il. Et d'enchaîner : « Les prix ne sont pas maîtrisés. Ils commencent à se stabiliser mais il y a trois ou quatre ans, ça a grimpé du simple au double. » Il y a, selon lui, « un dysfonctionnement entre le crédit immobilier et la réalité du marché ». « Les gens ne déclarent pas les prix réels, pour échapper au fisc », confie-t-il. « Il faut que l'Etat pense à ramener les prix au marché officiel pour que les prix déclarés soient réellement ceux de la vente », a-t-il conclu. Il convient de signaler que le parc immobilier compte plus de 7 millions d'unités, selon le ministre de l'Habitat, Noureddine Moussa.