En Egypte c'est la mobilisation générale pour envoyer une armée de pharaons à Khartoum prêter main-forte à leur équipe nationale. Autorités politiques, y compris le raïs Moubarak, organisations, mais surtout des hommes d'affaires ont décidé de faire cause commune pour acheminer « les bras armés » de leur équipe de foot. Ils mettent les grands moyens, et c'est légitime. Chez nous, les patrons privés, qui ne peuvent nier d'avoir fait de grosses affaires, parfois sur le dos du peuple, sont aujourd'hui ne serait-ce que moralement redevables à cette équipe nationale. Pour cela, ils savent bien ce qu'ils doivent faire : mettre la main à la poche. Ces milliers de supporters des Verts, des chômeurs pour la plupart, ont besoin d'être aidés pour aller porter très haut leur voix à Khartoum. Air Algérie, qui met son parc avions à la disposition, ne peut financer à elle seule cette expédition de l'honneur. C'est pourquoi tous ceux qui ont fait des affaires juteuses dans ce pays doivent répondre par un geste de dignité et de gratitude à un peuple qui leur a tout donné au point de s'en priver lui-même. Qu'attendent donc ces « capitaines » d'industries et ces managers qui exhibent fièrement leur opulence pour délier les cordons de leurs bourses ? Faut-il que Bouteflika leur adresse un appel officiel pour qu'ils retirent quelques poignées de dinars de leurs immenses chiffres d'affaires ? Non messieurs les patrons, il s'agit là d'un appel du devoir national qui n'a rien avoir avec le patriotisme de mauvais aloi. Il est question d'une équipe de football qui nous a valu tellement de fierté au point d'oublier nos grands soucis. Les Verts restent le seul ressort qui nous lie si profondément à une Algérie que des centaines de jeunes ont fini par fuir à force de s'être sentis étrangers dans leur propre pays. La joie que procure notre équipe nationale est inversement proportionnelle à l'aversion que suscite la façon dont est gérée notre chère patrie. Alors, pour une fois, montrez-nous que vous pouvez être utiles à ces jeunes qui ne demandent qu'à défendre les couleurs de leur pays et porter haut la voix de l'Algérie agressée de manière abjecte en terre égyptienne. Répondez à l'appel du président de la Chambre algérienne de commerce et d'industrie (CACI), Brahim Bendjaber, qui vous supplie d'apporter vos contributions financières et sponsoring pour que nous soyons nombreux à Khartoum. Parce que ce mercredi de l'histoire, il y aura un match sur le terrain et un autre dans les gradins. La qualification au Mondial n'a pas de prix messieurs les patrons. Ne soyez donc pas tout près de vos sous.