Le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh, a annoncé, hier à Alger, que la réunion de la tripartite se tiendra le 2 décembre prochain. En marge de la première Conférence arabe sur l'emploi des jeunes, le ministre a indiqué que la réunion de la tripartite (gouvernement-syndicat-patronat) « se tiendra en principe les 2 et 3 décembre prochain », sans toutefois fournir de détails sur l'ordre du jour des travaux. Le ministre avait souligné auparavant que le seul dossier connu à ce jour dans le cadre de la prochaine tripartite était celui du SNMG. Des sources proches des organisations patronales avancent néanmoins que quatre points devraient figurer à l'ordre du jour de cette rencontre à laquelle seule l'UGTA, un syndicat inféodé au pouvoir, aura le droit de représenter les travailleurs. C'est ainsi qu'il devrait être question, dans un premier temps, d'examiner le dossier relatif aux allocations familiales et aux mutuelles sociales. Il s'agit, par ailleurs, de faire l'évaluation du pacte national économique et social, de débattre de ses perspectives et de négocier un nouveau plafond pour le salaire national minimum garanti (Snmg). L'on parle aussi d'une « évaluation générale de la situation socioéconomique du pays en raison de l'impact de la crise économique internationale sur l'Algérie et de l'examen des points contenus dans la loi de finances complémentaire 2009 ». Faut-il attendre quelque chose de cette tripartite ? A première vue, la réponse est non. Pour tenir sa promesse électorale, le président Bouteflika pourrait tout au plus consentir une augmentation symbolique du SNMG. Mais pas davantage. Devant les incertitudes économiques mondiales auxquelles fait face l'Algérie, il est peu probable en effet que le gouvernement soit enclin à faire beaucoup de cadeaux au monde du travail. Surtout que les prix du pétrole et du gaz ont connu des baisses ces dernières semaines. Au-delà des quelques victoires acquises par les travailleurs lors de ses derniers rounds, l'expérience a montré que la tripartite a surtout une utilité politique et un rôle de pare-chocs pour absorber le mécontentement social (grève des enseignants) dû à la misère sociale, à une chute drastique du pouvoir d'achat. Les appréhensions du pouvoir sont grandes dans la mesure où, cette fois, la grève des enseignants tend à se durcir et à faire boule de neige dans les autres secteurs de la Fonction publique, telle la santé. Le gouvernement cherchera également à calmer la colère des opérateurs économiques privés qui restent très critiques par rapport à la dernière LFC 2009. Les principales organisations patronales, partenaires du dialogue social, n'entendent pas se contenter d'un rôle de figurant, le 2 décembre prochain. Quoi qu'il en soit, le plus dur pour Ouyahia et ses ministres sera surtout de convaincre leurs interlocuteurs de sortir leur portefeuille et de consentir de nouveaux efforts financiers pour revoir à la hausse le SNMG, alors que leurs entreprises sont déjà dans une situation économique difficile, pour ne pas dire catastrophique. Il faut savoir aussi que certains acteurs du Forum des chefs d'entreprises (FCE), le syndicat de patrons le plus représentatif du pays, ont carrément menacé, en octobre dernier, de ne pas appliquer les résolutions de la tripartite dans le cas où les autorités ne prendraient pas en charge leurs doléances. Autant dire que le gouvernement aura à gérer, comme toujours, un vrai casse-tête.