L'affaire du groupe de trafiquants de drogue interpellés la semaine dernière par les éléments du groupement de gendarmerie d'El Hadjar pourrait se transformer en une affaire d'atteinte à l'intégrité du pays. C'est ce qu'on laissait entendre des sources dignes de foi malgré les dénégations des individus arrêtés et leur rapidité à avouer qu'ils étaient tous membres d'un réseau algérien de trafiquants, dont les tentacules s'arrêtaient à Oran. Bien que les enquêteurs n'aient rien laissé filtré de leurs suspicions, cette énième affaire de drogue devrait déboucher sur la mise en accusation des services spéciaux marocains spécialistes du dossier Algérie. Il ressort également que les deux précédentes affaires - l'une de juin 2004, celle du 1er janvier 2005 et la toute dernière (22 février) - avaient un point commun : A. K., 49 ans, repris de justice, originaire de Aïn Turck (Oran). Il avait été libéré au début de l'année 2004 après avoir purgé une peine de 15 années d'emprisonnement pour trafic de stupéfiants. A sa sortie, il aurait aussitôt quitté le territoire national pour se rendre, via le chemin de la contrebande, à Oujda (Maroc). C'est là qu'il aurait pris contact avec ses comparses qui, selon des sources crédibles, n'étaient autres que des officiers des services spéciaux marocains. Les mêmes sources ont affirmé que A. K. serait derrière la récupération en mer, en juin 2004, par les gendarmes de Chetaïbi d'un colis contenant 30 kg de cannabis. Il serait également derrière les 20 autres kilos de la même drogue sur lesquels, dans les mêmes conditions, les gendarmes de Chetaïbi avaient mis la main le 1er janvier 2005. Ces deux affaires simultanées avaient permis, après une minutieuse enquête, l'arrestation et la mise sous mandat de dépôt de huit individus, dont deux frères. Ce mardi, à 19h30, c'est dans une 405 immatriculée à Maghnia (Tlemcen) que A. K. a été surpris en possession de 45 kg. Il ne savait pas qu'il avait été pris en filature depuis sa wilaya d'origine et que c'était à Annaba que le piège devait se refermer sur lui ainsi que sur ses deux acolytes. L'un, K. H., 44 ans, est originaire de Guelma. Il s'était spécialement déplacé avec sa voiture, une R5, contenant 500 000 DA qu'il avait laissée à El Eulma pour se mettre au volant d'une Saxo. Il avait pour mission de prendre possession de la drogue. B. R., l'autre comparse, 49 ans, passait pour être un dealer chargé d'écouler la « marchandise ». Cependant, c'est la cache confectionnée d'une manière professionnelle dans la malle de la 405 de l'Oranais qui avait intrigué les gendarmes. Le travail d'artiste ne collait pas au caractère ni à l'intelligence - tout juste moyenne - de K. H. D'autant qu'après enquête la 405 ne figurait nulle part sur la liste des véhicules volés en Algérie. Autre indice, B. R., son acolyte, contrairement aux autres trafiquants, avait multiplié, durant plusieurs jours, les opérations tendant à tromper la vigilance des gendarmes, car se sentant filé. C'est ce qui lui permettra de tenter de fuir avant d'être rattrapé par les gendarmes après une course-poursuite digne des grandes séries policières. Même si toute la bande est rapidement passée aux aveux, il n'en demeure pas moins que les services de sécurité veulent aller plus loin. Des sources crédibles affirment que cette affaire dépasserait de loin un dossier sur la drogue. Particulièrement quand on sait que le 21 février 2005, à 8h, encore une fois, sur la baie ouest de Chetaïbi, les gendarmes mettront la main sur un autre sac contenant une importante quantité de kif traité.