– Oran. Le mouton marocain fait la fête Les familles oranaises se disent «désabusées» face aux prix affichés au marché aux bestiaux, «entre 35 000 et 55 000 DA», fait savoir un maquignon. Des éleveurs connus pour la qualité de la viande de leurs bêtes sont unanimes à affirmer que la hausse des prix a dépassé les 15% par rapport à l'année dernière. A la ferme Berrefas, un éleveur est catégorique : «La hausse dépasse les 6000 DA par tête comparé à 2012. Pour un agneau de 30 kilos, il faut compter 46 000 DA en moyenne», affirme l'éleveur réputé pour la bonne viande de son troupeau. Raison: «D'abord le prix de la viande chez le boucher dépasse les 1300 DA/kg. Ensuite les prix de l'aliment pour bétail ont aussi flambé. Il faut compter 2500 DA le quintal d'orge, 2600 DA le quintal de son et 3100 DA le quintal de maïs. Des coûts auxquels s'ajoutent les différentes charges : électricité, eau, ouvriers et mortalité.» Quant aux mesures prises aux frontières contre la contrebande, elles n'ont pas influé positivement sur les prix. Plus grave, des bêtes d'origine marocaine ont envahi les marchés aux bestiaux : «Ce sont des moutons de petite taille avec un poids conséquent. C'est une aubaine pour les bouchers», confie un maquignon. Certains éleveurs dénoncent aussi les méthodes frauduleuses : la farine donnée aux bêtes pour leur couper l'appétit et diminuer les frais de fourrage et leur faire gagner du poids. «L'aliment pour volaille est aussi utilisé pour l'engraissement, ce qui donne une bête avec trop de graisse et une viande de mauvaise qualité», révèle un autre éleveur.
– Tiaret. Un bon mouton à 25 000 DA, c'est possible
Comparativement à l'année dernière à Tiaret et les villes voisines, les prix sont plutôt raisonables. Avec plus de 24 millions de têtes, le marché ne connaît pas les flambées, d'autant que d'autres facteurs ont influé sur cette situation, notamment l'hermétisme des frontières et la disponibilité des aliments. «Cette année, les prix sont abordables pour ceux qui achètent» et «l'éleveur reste maître de ses choix. Les prix varient de 17 000 à 50 000 DA. Un agneau ou une brebis à 17 000 DA et un bélier fort à 50 000 DA, alors qu'il s'est vendu l'année dernière jusqu'à 70 000 DA», affirme Mohamed Jdid, ex-président de l'association Saouss des éleveurs de la région de Ouled Jrad, au sud de Tiaret. Un avis que ne partagent pas pourtant les éleveurs de la wilaya de Djelfa, dont beaucoup se sont déplacés vers Tiaret et ses mises en défens pour faire paître leurs troupeaux. Zaimini Larbi, ex-président de l'association Achaba de Djelfa, évoque un problème de vaccination: «notre cheptel aurait dû être vacciné à Tiaret, mais les services vétérinaires refusent et on s'est retrouvé coincés, car sans vaccin, il n'y a pas d'attestation et donc pas d'aliments de chez les coopératives. Bien qu'autrefois, on ne nous distribuait que 18 q pour 100 moutons, ce qui était déjà insuffisant, nous voilà contraints à acheter de l'orge de consommation au marché parallèle». Cette céréale, déterminante dans l'alimentation du cheptel, conditionne toute la chaîne et c'est pour cette raison que les prix restent exorbitants pour certains qui ne comprennent pas les méandres de l'élevage. «D'autres éleveurs, plus chanceux car soutenus par l'Etat, n'ont pas ce souci, d'où les différences dans la fluctuation des prix à la vente», a-t-il conclu. Au niveau de la direction des services agricoles (DSA), Mehdi Kouadria apporte des précisions de taille. Pour ce cadre, «la campagne de vaccination contre la clavelée a été achevée le 18 juillet dernier et a touché pas moins de 1,7 million de têtes d'ovin». S'agissant de la non-prise en compte des transhumants venus avec leurs cheptels dans la région, il précise : «Un quota de 190 000 vaccins a été attribué par les services compétents non sans faire un recensement de gens venus hors wilaya louer des mises en défens.» Et d'ajouter : «Si ces gens sont de bonne foi, le vaccin le mieux approprié qu'ils doivent effectuer pour leurs cheptels reste celui destiné contre la brucellose, une maladie transmissible à l'homme.» «Nous lancerons, explique-t-il, une campagne début octobre et ils n'auront qu'à s'inscrire dans l'opération.» Kouadria, tout en évoquant des cas de fraude pour tromper les services, fait savoir que «la campagne de vaccination a été réussie à 80% et si certains n'ont pu vacciner leurs cheptels, c'est qu'ils ont quitté notre territoire». Globalement, renchérit-il, «l'offre existe, puisque la consommation de viande rouge a diminué drastiquement dans les ménages».
– Laghouat. Le prix du mouton va gâter la fête Les marché ne sont pas aussi approvisionnés que les autres années et les prix sont jugés très élevés dans cette région. A l'image la nouvelle ville Bellil, un grand marché d'ovins à Laghouat, le mouton n'est pas donné, car la fourchette des prix va de 30 000 à 50 000 DA selon la taille de l'animal. Les moutons proposés entre 30 000 et 50 000 DA sont de petite taille. «Ce sont des agneaux», se plaint un acheteur. Pour avoir un bon bélier, il faut débourser jusqu'à 60 000 DA, dans ce contexte, les clients débattent les prix. A ce niveau, on se rend compte de la flambée des prix du mouton. Approché, un éleveur, répondant au nom de Makhlouf, nous a dit : «Sans vous mentir, il n'y a pas de mouton à moins de 30 000 DA, et le plus cher il faut vous attendre à 60 000DA. Cette année, le mouton coûte cher.» Cette explication a inquiété un client qui a entendu à notre discussion. «Si je n'arrive pas à trouver le mien maintenant, je serai obligé d'attendre les jours plus proches de l'Aïd», s'est-il exclamé. Quelles sont les cause ? D'une part ce sont les tracasseries routinières et d'autre part la forte demande qui font que le prix du mouton s'envole. Vient également la surenchère faite par des personnes qui prennent les devants et servent d'intermédiaires pour spéculer entre les vendeurs et les clients.
– Tamanrasset. Jusqu'à 25% de plus
Déjà amoindris par les charges de la rentrée scolaire et de l'Aïd El Fitr, les fonctionnaires à maigre revenu se trouvent contraints de puiser, encore une fois, dans leurs économies pour le sacrifice rituel qui a atteint des cours inaccessibles, cette année. Les prix ont connu une hausse vertigineuse allant, a-t-on constaté, jusqu'à 25% par rapport aux cours pratiqués l'année dernière. En effet, «le Sidaoun, race ovine d'origine subsaharienne, qui se vendait à 16 000 DA l'année dernière, dépasse largement les 20 000 DA cette année, soit 4000 DA de plus. Un mouton de 12 mois est cédé entre 17 000 et 19 000 DA. Cependant, les prix restent négociables. Quoi qu'il en soit, les prix sont plus «abordables ici, comparativement à ceux du nord du pays», souligne Mohamed, éleveur. Pour lui, comme pour nombre d'éleveurs de la région, cette hausse est causée par la cherté des aliments de bétail et les charges auxquelles ils ont fait face durant l'année. Des raisons qui sont, toutefois, loin de convaincre les clients qui se posent des questions sur l'utilité des subventions accordées par l'Etat aux éleveurs dans le cadre du programme du Grand-Sud, pourtant épargné par la spéculation et le diktat des intermédiaires, à l'image de ce qui se passe dans plusieurs régions steppiques du pays.
– Tébessa. Flambée des prix après les dernières précipitations
Les dernières précipitations sur la région de Tébessa sont derrière la flambée des prix du mouton de l'Aïd. Le sacrifice semble hors de portée du simple salarié pour cette année. Cette augmentation est due essentiellement à l'importante pluviométrie, qu'a connue la région de Tébessa durant le mois de septembre. Ainsi au marché à bestiaux du mercredi à Oglat Gassas, à 75 km de Tébessa, des maquignons faisaient des propositions aux visiteurs, pour la plupart venus prospecter les prix avant d'acheter. «Avec ces prix là, je suis obligé de ne pas faire de sacrifice cette année», a dit un chauffeur à la mairie. Des agneaux de la localité de Darmoune, qui coûtait 15 000 DA quelques jours auparavant, ont été cédés à des prix allant de 30 000 à 450 00DA. Alors que pour le bélier d'une trentaine de kilos, les prix sont à couper le souffle. En effet, ils oscillent entre 70 000 DA et 85 000 DA. Ahuri par les prix exorbitants du sacrifice, un acheteur venu de Annaba s'indigne : «C'est un paradoxe, les éleveurs, au lieu de baisser les prix de leur bétail car les pâturages en cette période automnale sont couverts d'herbes, et ce, grâce à Dieu, imposent leurs prix excessifs. A croire qu'ils préfèrent garder leur bétail à la maison ou lieu de le vendre.» Hier, au marché à bestiaux de Bir Mokadeum, l'un des plus grands de la wilaya, les ovins étaient intouchables à cause de la hausse des prix. Le souk était squatté tôt le matin par des spéculateurs occasionnels venus de Chéria, de Tébessa, de la wilaya d'Oum El Bouaghi ou encore de Khenchela pour faire «les bonnes affaires».