Le président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH), Me Hocine Zehouane, a été refoulé hier à l'aéroport international de Tunis. Parti pour prendre part au procès du journaliste écrivain Taoufik Ben Brik, qui se tiendra aujourd'hui à Tunis, Me Zehouane s'est vu signifier une interdiction de rentrer en territoire tunisien, sans aucun motif. A peine arrivé à l'aéroport de Tunis, la police des frontières a demandé au président de la Ligue la raison de sa visite. « Je leur ai dit que je suis avocat et constitué pour la défense d'un prévenu », leur a répondu Me Zehouane, mais rien à faire lorsqu'on sait que la décision a été prise en haut lieu. Une décision politique qui vise à empêcher une solidarité entre les militants des droits de l'homme au Maghreb, au moment où les politiques ressassent le discours sur l'unité maghrébine. Encore une fois, le régime de Ben Ali fait preuve d'aveuglement et s'entête dans sa logique d'enfermement. « Je leur ai indiqué que ce refus est injustifié, mais ils ne veulent rien comprendre », a précisé Me Zehouane, joint par téléphone, hier en début de soirée, après son retour forcé de Tunisie. Les services de la PAF tunisienne ne lui ont fourni aucune explication. Me Zehouane est indigné contre cette interdiction de territoire non justifiée qui vise un militant des droits de l'homme et un avocat. Informé du refoulement de Me Zehouane, la Ligue tunisienne des droits de l'homme ainsi que le frère du journaliste Djallal Zoughlami ont fermement dénoncé « un acte contraire à la libre circulation des personnes et celle des avocats notamment ». Le président de la Ligue a vivement dénoncé le comportement des autorités tunisiennes. Il s'est levé contre ce qu'il considère comme « un déni de droit de la défense pour Ben Brik qui sera jugé aujourd'hui. C'est un déni pour les avocats qui, à chaque fois, sont empêchés d'exercer leur métier en toute liberté. Un déni de la libre circulation des personnes au Maghreb ». Il a qualifié l'attitude du régime de Tunis « de scandaleuse et d'inacceptable. Cela démontre la volonté du régime tunisien de priver Ben Brik de son droit à la défense ». Le président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme a dénoncé, par ailleurs, le fait que l'on empêche les avocats maghrébins d'exercer librement leur métier et sans restriction. En somme, cette interdiction de territoire est un signe avant-coureur de ce que sera le procès du journaliste tunisien.