Dans les 165 pharmacies que compte la wilaya de Béjaïa, des dizaines de médicaments ne sont plus disponibles depuis plusieurs semaines, a confirmé ces derniers jours le représentant du Snapo à Béjaïa, le syndicat national des pharmaciens d'officines, Ouguergouz Mustapha, également pharmacien exerçant au chef-lieu de la wilaya. Le Zanitra, prescrit pour les débuts de grossesse chez les femmes en manque de fer, l'Arava de 10 ou 20 mg, ordonné dans le traitement des maladies rhumatoïdes, le Parlodel, le Polygynax, le Neurovit, le Vitaform qui figure dans le traitement contre la fatigue, le Levothyrox et le Medrol sont certains des produits en rupture de stock. «Ce sont des médicaments qui ne sont plus disponibles dans les officines et nous sommes évidemment en contact permanent avec les fournisseurs qui tardent à répondre à la demande», confie le responsable du Snapo de Béjaïa. Selon notre interlocuteur, les pénuries de médicaments sont engendrées par des facteurs différents. Elles sont partiellement un résultat de l'activité concentrée des laboratoires pharmaceutiques qui produisent les mêmes médicaments. «Nous subissons aussi cette pénurie car, ce n'est pas de l'intérêt des pharmacies de renvoyer les malades à cause du manque de médicaments. C'est aussi une grande responsabilité car, finalement, ce sont les pharmaciens qui prennent en charge le traitement du malade», a-t-il ajouté. La pénurie du médicament est devenue répétitive au point que les pharmaciens se sont spécialisés dans la gestion de cette pénurie, comme le note notre interlocuteur. « Il y a plus de 65 unités de production de médicaments en Algérie. Ces unités ne suffisent pas parce que, d'une part elles produisent pratiquement les mêmes médicaments. Il faut ajouter à cela le caractère saisonnier des épidémies», a-t-il fait savoir. «Pour les médicaments liés au traitement des maladies psychiques, le modecat injectable, connaît également des ruptures», a confié Ouguergouz Mustapha. L'instauration de la carte Chifa qui a contribué considérablement à l'accès au médicament présente, d'autre part certaines difficultés aux pharmaciens d'officine que le Snapo voudrai voir résolues par la direction générale de la Caisse Nationale d'assurance Sociale des Travailleurs Salariés (Cnas). «Un assuré peut acheter le même traitement dans plusieurs pharmacies durant la même journée sans que la CNAS ne s'en rende compte. C'est un problème pour les officines. Sans oublier la circulaire signée en juillet dernier interdisant de servir les malades qui se rendent dans d'autres wilayas pour ce qui est des psychotropes», s'est plaint le responsable local du Snapo. Faisant face à la pénurie du médicament, les pharmaciens se heurtent à des obstacles majeurs. «Le problème dans la gestion de la pénurie du médicament réside aussi dans l'information. On n'est pas bien informé sur la situation de la disponibilité des médicaments. Nous ne savons pas qui importe ces médicaments et combien de médicaments ces entreprises importent. Ce manque de statistiques et de bases de données est un handicap pour faire face à la pénurie», a-t-il expliqué et d'ajouter : «d'autre part, nous avons un tissu industriel qui ne répond pas à la demande. On prend l'exemple de Saidal qui n'arrive toujours pas à couvrir le besoin national de l'insuline, couvert ainsi par les deux laboratoires Novo Nordisk et Sanofi Adventis qui continuent à commercialiser l'insuline en Algérie. Pas moins de 75% de nos besoins en médicaments sont importés».