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Lutte antitabac
La chasse est lancée
Publié dans El Watan le 28 - 02 - 2005

La santé publique vient de connaître un moment historique à l'échelle mondiale. La convention-cadre de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la lutte antitabac est entrée en vigueur depuis hier.
Déjà ratifiée par 57 pays, la convention donne à ces derniers « de nouveaux outils pour lutter contre le tabagisme ». A partir de cette date (27 février 2005), les dispositions de la convention ont force obligatoire pour les 40 premiers Etats devenus parties contractantes avant le 30 novembre 2004. La chasse au tabac est désormais lancée depuis cette date à travers le monde entier. Les pays signataires de ce traité sont tenus de faire appliquer ses dispositions, c'est-à-dire la protection des non-fumeurs, la mise en garde contre les dangers du tabac dans leurs législations respectives. A compter de cette date, chaque gouvernement a trois ans pour prendre les mesures garantissant la présence de mises en garde sanitaires sur le conditionnement des produits du tabac ou cinq ans pour interdire complètement la publicité, la promotion du tabac et les activités de parrainage, selon un communiqué de l'OMS publié le 24 février 2005 à Genève. Mieux, cette convention-cadre de l'OMS pour la lutte antitabac, adoptée à l'unanimité par la 56e Assemblée mondiale de la santé en mai 2003, permet de coordonner un ensemble de mesures entre les différents Etats signataires avec pour objectif d'harmoniser leurs moyens de lutte contre le tabagisme. Ainsi que l'a fait observer le docteur Vera Luiza da Costa Silva, directeur de l'initiative de l'OMS « Pour un monde sans tabac » : « De nombreux pays ont déjà mis en place ces mesures. A l'échelle mondiale, la différence pour la lutte antitabac tient à ce que les Etats ayant adhéré à la convention pourront coordonner et standardiser l'application de ces mesures et d'autres, notamment celles qui ont des incidences transfrontalières. Il sera alors plus difficile pour l'industrie du tabac de profiter des failles, comme elle le fait actuellement, et de trouver des moyens d'échapper aux législations nationales. » En clair, le texte aura force de loi. Pour le docteur Lee Jong-Wook, directeur général de l'OMS, 57 pays, totalisant une population de 2,3 milliards de personnes, font déjà partie de la convention. Il estime que l'entrée en vigueur de la convention montre que les gouvernements sont déterminés à réduire la mortalité et la morbidité imputables au tabagisme. « J'encourage tous les Etats à devenir signataires de la convention et à appliquer l'éventail de mesures qui rendront le tabagisme de moins en moins attrayant. On pourra ainsi sauver des millions de vies », a déclaré cette organisation, qui signale que le tabac provoque près de 5 millions de morts par an.
10 millions de décès en 2002
Les estimations montrent que le nombre des décès prématurés atteindra les 10 millions par an d'ici à 2020 si la tendance actuelle se maintient. Le tabac est le seul produit légalement autorisé qui entraîne la mort de la moitié de ceux qui l'utilisent régulièrement. Cela veut dire que sur 1,3 milliard de fumeurs, 650 millions mourront prématurément. L'OMS rappelle que le tabagisme est à l'origine de la plupart des cancers pulmonaires et il a été associé à de nombreux autres types de tumeurs malignes comme le cancer du col de l'utérus ou du rein. On trouve dans les autres risques sanitaires liés au tabac les accidents cardiaques, cérébrovasculaires, d'autres pathologies cardiovasculaires, la bronchite, l'asthme, d'autres pathologies respiratoires ainsi que la stérilité. Pourtant, la consommation du tabac continue d'augmenter, notamment dans les pays en développement, où l'on enregistre actuellement la moitié des décès imputables au tabagisme. Si cette tendance se maintient, 7 décès sur 10 dus au tabac se produiront dans les pays en développement d'ici à 2020. Il est à signaler que la convention-cadre a été ouverte à la signature jusqu'au 29 juin 2004 et, actuellement, il y a eu 168 signataires. Dix-sept autres Etats font partie de la convention depuis le 29 novembre 2004. Pour eux et pour tous ceux qui les rejoindront à partir d'aujourd'hui, la convention entre en vigueur 90 jours après la date de dépôt de l'instrument de ratification ou de son équivalent au siège de l'Organisation des Nations unies (ONU) à New York. D'après l'OMS, la conférence des pays adhérents sera l'organe directeur de la convention. Elle décidera des procédures et des questions techniques et financières relatives à la mise en œuvre de la convention. Les pays ayant déposé leur instrument de ratification ou son équivalent avant novembre 2005 auront le droit de vote au cours de la première conférence des pays adhérents, qui devrait se tenir en janvier 2006.


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