L'application intégrale des quatre seules mesures rentables énoncées dans la convention-cadre pourrait éviter 5,5 millions de morts en dix années. Cinq années après l'entrée en vigueur de la convention-cadre pour la lutte antitabac ratifiée par 168 pays, les Etats signataires ont beaucoup contribué dans sa mise en application. Selon l'OMS, 85% des Etats ont établi des équipes de coordination interministérielle pour la lutte antitabac, près de 80% ont interdit la vente de tabac aux mineurs et 70% ont mis en place des mises en garde sanitaires claires et visibles sur les paquets de cigarettes. Cette convention est considérée comme le meilleur outil pour éliminer la cause d'énormes problèmes de santé publique. « Les mesures énoncées dans la Convention-cadre pleinement mises en œuvre pourraient dominer ou résister aux tactiques de l'industrie. Son modèle de collaboration internationale, dans un souci de prévention en santé publique, est un exemple dans un monde de mondialisation et aux modes de vie malsains », estime l'OMS. Une récente étude parue dans la revue The Lancet signale que l'application intégrale des quatre seules mesures rentables énoncées dans la Convention-cadre pourrait éviter 5,5 millions de morts en dix années. A ce jour, le suivi de la Convention indique que son application est loin d'être suivie. Si la Convention-cadre, comme le règlement sanitaire international, offre aux pays des outils et une série de mesures comme une taxation plus forte sur les produits du tabac, une réglementation de la publicité, la mise en place de messages sanitaires sur les paquets de cigarettes et l'interdiction de la vente aux mineurs (…), seulement 5% de la population mondiale est protégée par les lois antitabac. Sur les mesures de taxation, seuls 21 pays ont des taux de taxe sur le tabac supérieurs à 75% du prix de vente au détail. Dans de nombreux pays riches, les niveaux de consommation de tabac ont chuté de manière significative et ces baisses ont conduit à une réduction correspondante de l'incidence des maladies cardiaques, des accidents vasculaires cérébraux, des cancers et de nombreuses autres maladies directement liées au tabagisme. Mais même dans ces pays, le tabagisme demeure élevé dans les groupes à faible revenu et les populations défavorisées. Une priorité pour les pays en développement Les pays en développement sont plus vulnérables et moins résistants, a rappelé la directrice de l'Oms, le Dr Chan, à l'occasion de la célébration du cinquième anniversaire de l'entrée en vigueur de la convention-cadre de lutte antitabac. « Ils sont le nouvel enjeu pour la commercialisation des produits du tabac. Dans ces pays, les filles et les femmes sont un marché à fort potentiel de croissance attrayant et lucratif et sont également ciblées. Encore aux prises avec des maladies infectieuses, avec des systèmes de santé faibles, un nombre de professionnels de santé insuffisant, une pénurie de médicaments, une absence de régimes d'assurance santé et sociale », signale le Dr Chan avant d'ajouter que l'industrie du tabac demande un siège à la table des négociations de la Convention. Selon un communiqué récent paru dans le magazine The Economist, « La réponse est un non ferme », a-t-elle déclaré.