Le financement des mosquées en France, les atouts et capacités d'une Fondation nationale ; pour une formation des imams de France. Des thèmes d'actualité qui ont fait l'objet d'un récent colloque organisé par l'association pour la Fondation Res Publica que préside l'ancien ministre de l'Intérieur, Jean-Pierre Chevènement. Jean-Pierre Chevènement, qui est à l'origine de la consultation sur la Constitution d'un Conseil français du culte musulman alors qu'il était ministre de l'Intérieur, après avoir rappelé que « l'Etat républicain français reste un Etat laïque », souligne que celui-ci « peut apporter un soutien bienveillant et respectueux à une religion qui a de la peine à se faire une place pour des raisons que chacun comprend, ne serait-ce par les capacités d'organisation qu'il procure ». Omero Marongiu, sociologue, bat en brèche « un fantasme alimenté par les médias » présentant le financement du culte musulman comme « un processus occulte avec une manne provenant des pays du Golfe ». « Les associations ont d'énormes difficultés à conduire leurs projets de construction de lieux de culte. Il faut en moyenne 5 à 10 ans pour faire aboutir un projet », précise-t-il. Se fondant sur une étude réalisée dans le Nord-Pas-de-Calais, le sociologue relève qu'une majorité d'associations musulmanes refuse les prêts bancaires, considérant que cela n'est pas licite au plan islamique. La première source de financement, indique Omero Marongiu, est représentée par les dons de fidèles, les donations en provenance du Golfe représentent des sommes modiques. « Il est rare qu'une mosquée soit financée majoritairement par des donations du Golfe. » Marie-Françoise Bechtel, conseiller d'Etat, ancienne présidente de l'ENA, observe qu'il est possible de recourir à un financement privé sans toucher à la loi de 1905. « Une fondation est un instrument qui permet de poursuivre des objectifs privés avec des fonds privés et jouissant d'un label d'utilité publique », précise-t-elle. Le taux d'épargne de la communauté immigrée est très élevé Jean-Paul Escande (ancien président de banque) suggère que les banques qui ont des implantations dans des pays musulmans pourraient s'intéresser à ce projet en concluant avec la fondation un accord-cadre. Il ajoute : « Une fondation a l'avantage de donner de la visibilité, de la pérennité au financement. » Et de donner une information de taille : le taux d'épargne de la communauté immigrée est très élevé. Concernant la formation des imams, Bernard Godard, chargé de mission auprès du Bureau des cultes du ministère de l'Intérieur, précise qu'une récente enquête réalisée par le ministère de l'Intérieur a recensé un millier d'imams dont 550 permanents, répartis par nationalités : 20% sont Français (la plupart naturalisés) ; 30% sont Marocains ; 20% sont Algériens ; 13,5% sont Turcs, 3% Tunisiens. 1/3 ne parle pas français ; un tiers le parle moyennement. Ils sont formés essentiellement à l'étranger. Ce chiffre d'imams a peu évolué en dix ans. Une forte demande venant des pays d'origine est relevée par l'enquête du ministère de l'Intérieur. Franck Fregosi, chargé de recherches au CNRS, relève que les premiers à avoir posé la nécessité d'une formation de cadres religieux (imams, aumôniers) sont des universitaires à l'exemple de Mohamed Arkoun. Le chercheur propose une formation complémentaire des imams qui pourrait être réalisée à l'université. La seule université à pouvoir le faire, selon Fregosi, c'est l'université de Strasbourg. Une autre option serait le développement d'un enseignement musulman supérieur au sein d'un institut ou d'instituts islamiques qui fonctionneraient à l'image des instituts catholiques bénéficiant de subventions. Dans ces instituts, sont dispensés des enseignements classiques (droit, histoire, philosophie...).