Il est midi devant l'école primaire Deham Mokrane d'Azouza, un village qui relève de la commune de Larbaâ Nath Irathen, à 27 km au sud-est de Tizi Ouzou. Quittant les classes sous une pluie fine, les élèves, emmitouflés dans leurs vestes se dirigent en file indienne vers la cantine scolaire. Une femme adossée au mur décrépi de la cantine attend son petit fils. «L'établissement a fait beaucoup d'efforts pour améliorer les repas, mais la cantine n'est pas chauffée ; de ce fait, même les travailleuses en souffrent», dit d'une voix à peine audible, cette grand-mère. En compagnie d'un parent d'élève, nous jetons un coup d'œil dans la salle : une main dans la poche, l'autre qui tient une cuillère, les élèves dégustent un riz en sauce fumant. Dans les autres villages de la commune, des élèves parcourent quotidiennement des centaines de mètres, voire des kilomètre pour se nourrir. Quatre établissements sur 17 sont dépourvus de cantine à Larbaâ Nath Irathen. C'est le cas de 4 établissements: Ighil Tazert, Aguemoune et Azouza (filles) dont les élèves rejoignent respectivement les canines des écoles Khouas, Amari Messaouda et Deham Mokrane, en ville. «Aujourd'hui, ils ont eu droit à des bouts de viande», dit souriant le père d'un élève avant d'enchainer : «Cette école, à l'image de toutes les écoles de la commune ont été alimentés en gasoil en fin de la semaine dernière, avec des quantités insuffisantes». Les enfants avaient donc passé plus de 15 jours sans chauffage. Virée au chef lieu de la commune. Inutile de visiter les autres établissements des villages reculés pour se rendre compte de l'état de dégradation de ces écoles centenaires et d'autres qui ont l'âge de l'indépendance de l'Algérie. La vitrine de cette collectivité laisse voir des écoles mal loties, pour ne pas dire abandonnées. D'après les parents d'élèves, les chefs des établissements avaient recouru à la direction de l'éducation devant l'étendue des manques et anomalies dont souffrent les écoles. «Nos élèves évoluent dans des conditions lamentables, voire dangereuses», fulmine notre interlocuteur. C'est le cas à l'école primaire Amari Messaouda où trois salles ont été fermées à cause des infiltrations des eaux pluviales. 5 classes fermées Le toit menaçait de céder et s'écrouler sur les têtes des gamins, ce qui a contraint les responsables de cet établissement à opérer des aménagements sur l'emploi du temps des enseignants pour que les élèves suivent leurs cours dans les autres locaux. Chose qui n'est pas sans conséquence sur la scolarité des enfants. La même situation a été observée à l'école Mazar Amar. En plus des eaux pluviales, des eaux usées s'infiltrent dans deux classes qui ont été fermées également. On apprend par ailleurs que pas moins de 6 écoles primaires du chef-lieu communal dont celles des villages d'Aït Frah, d'Ikhlidjen, d'Azouza et de Taourirt Amokrane attendent des réparations pour leurs charpentes et toitures qui ont été détériorées lors de la tempête de neige de 2012. Les travaux de réhabilitation qui devaient être pris en charge par l'APC en début de l'année ou en été accusent beaucoup de retard. Les établissements visités ne disposent pas d'assez de personnel d'entretien qualifié. «Nous avons toujours eu recours à des artisans privés pour réparer la vitrerie, les poêles à mazout et même pour changer les serrures ; ces derniers ne veulent plus travailler pour l'APC puisqu'ils ne sont jamais payés», avoue un enseignant avant d'ajouter que cette année, «le matériel pédagogique et autre outil consommable comme les détergents sont distribués à compte goute, nous payons de nos poches les stylos et autres effets !». Au plan de la sécurité dans les établissements, nos interlocuteurs regrettent l'absence de gardiennage de nuit, les écoles ayant toujours été la cible d'actes de cambriolage. En outre, la direction de l'éducation avait débloqué la somme de 850 millions de centimes dans le cadre du programme des intempéries de 2012 afin de réhabiliter ces écoles endommagées mais les consultations visant à retenir des entreprises s'avèrent infructueuses. A l'APC de Larbaâ Nath Irathen, les élus étaient en réunion lors de notre passage. Hier encore, le maire ainsi que les élus, à qui échoit la prise en charge de la réhabilitation des écoles primaires était injoignables jusqu'en milieu de l'après midi. Toutefois, un élu, rencontré au chef-lieu a expliqué que «les financements sont disponibles. Nous avons établi des fiches techniques pour entamer la réalisation des travaux d'entretien, mais nous nous sommes heurtés à deux problèmes. Le premier, le Contrôleur financier qui ne valide pas nos factures d'achat, ce qui a retardé l'équipement des écoles et leur alimentation en gasoil. Aussi, les entreprises qui ne veulent pas travailler avec nous». Pourquoi ? «Parce que certaines entreprises et artisans ne sont pas encore payées». En attendant la prise en charge des écoles, les élèves du palier primaire continueront durant des mois à subir les retombées d'une gestion balbutiante des établissements par l'APC et les responsables de l'éducation.