Créée à la fin des années vingt du siècle dernier par les notables d'Alger, Mohamed Bentchalha, les frères Youcef et Mohamed Ouali, Damerdji et Rachid Bethouche, l'école Ecchabiba est une institution éducative dont l'histoire reste méconnue de la nouvelle génération. Initialement, l'établissement privé prodiguait l'enseignement en langue arabe, contrairement aux écoles publiques Fateh et Sarrouy, nichées dans La Casbah. On aurait souhaité trouver quelques épigraphes collées à l'entrée de l'école Ecchabiba susceptible de nous édifier sur ce foyer de la résistance pédagogique qui faisait face à la décul turation, et nous renseigner sur les noms de ses initiateurs, les hommes qui y enseignaient et la qualité pédagogique dispensée. Niet. Les responsables du secteur de l'éducation ne jugent pas utile d'y apposer une plaque épigraphique à même de sceller ce patrimoine immatériel sur les tablettes de la mémoire collective et rendre hommage, par extension, à ceux qui étaient derrière ce pan d'histoire. Mais nous avons pu, en dernier ressort, prendre langue avec le doyen des artisans, l'octogénaire Hadj Abdelkader à la rue Benachère (Ben'achîr pour les intimes) pour nous apprendre quelques bribes sur l'histoire de cette école où il avait fait ses premières classes. L'école, mitoyenne du non moins connu hammam Samsom, élisait, dans un premier temps, ses quartiers à Bab Ejdid, sur l'ex-BD de la Victoire. Ce réceptacle de savoir et d'éducation, palliait le manque d'enseignement en langue arabe au profit des élèves du primaire. Au début des années trente, la direction de l'école emménagea à l'ex-Rampe Valée, où fut érigé, sur les terres du propriétaire foncier Zedek, l'établissement qui comprenait six niveaux. Y professaient l'instituteur Yahia, qui était hazzab à Djemaâ Ejdid, cheikh Baâziz, cheikh Ferhat, Ahmed Djellouli dit cheikh El Badaoui, et les illustres cheikhs Abderrahmane El Djillali et Laïd Al Khalifa. Avant la Seconde Guerre mondiale, les initiateurs montraient des signes d'essoufflement, ce qui poussa les autorités coloniales à prendre l'établissement sous leur aile pour dispenser un enseignement mixte. D'autres écoles, comme Essalam dirigée par Al Açimi ou El Hafidhi sise à La Casbah , avaient aussi le mérite d'assurer des cours en arabe aux élèves qui, en parallèle, suivaient l'enseignement dans les écoles publiques coloniales.