Lors de la dernière journée du Mois du patrimoine, des portes ouvertes sur le patrimoine de La Casbah d'El Djazaïr ont été organisées par l'Association des amis de la rampe Louni Arezki (ex-rampe Valée), à l'endroit des enfants. L'initiative est louable à plus d'un titre, a fortiori lorsqu'il s'agit de « reconstituer la mémoire à travers une visite guidée destinée à faire découvrir à une centaine de lycéens et d'écoliers le riche patrimoine et les repères de l'histoire de la cité millénaire », dira le président de l'association, Lounès Aït Aoudia. Ainsi, un riche programme a été mis en place, mardi dernier, par l'association, en direction des élèves de sept écoles implantées dans La Casbah et des lycées Emir Abdelkader et Okba, qui ont observé des haltes dans des sites historiques, musées, medersas et autres mausolées enfouis dans le dédale des quartiers de l'antique Casbah. Une rencontre « intergénération » s'est donnée donc rendez-vous, l'espace d'un après-midi, pour « discuter du patrimoine matériel et immatériel et s'enquérir sur l'état des lieux des joyaux architecturaux qui s'effilochent au fil du temps », confie M. Aït Aoudia, regrettant, par ailleurs, que la nouvelle génération, issue de la médina, méconnaisse l'histoire qui a traversé les âges dans cette cité d'Ibn Mezeghenna, inscrite dans le patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1992. « Je me fais un devoir de faire ramener les jeunes au cœur de leur patrimoine », tient-il à souligner. Et c'est dans la perspective de renouer avec la mémoire de la médina d'El Djazaïr que la génération la plus âgée dissertait avec celle plus jeune sur les splendeurs des foyers culturels, qui rayonnaient jadis dans ces lieux avec leurs hauts faits d'armes durant la guerre de Libération nationale. A travers le parcours, les élèves étanchaient leur curiosité sur les différents sites, à l'image de l'école Sarrouy, l'école Ecchabiba, lieux de savoir où ont enseigné dans les années trente du siècle dernier, le grand poète Mohamed Al Khalifa, Abderrahmane El Djillali et Ahmed Djellouli, entre autres. Le groupe fait ensuite une escale dans le mausolée du saint patron d'Alger, Sidi Abderrahmane Etthaâlibi, avant une brève virée dans la medersa Etthaâlibiya qui a vu défiler aussi d'illustres savants comme Mohamed Bencheneb, Abdelhalim Bensmaïa et autres professeurs émérites, tels Mohamed Saïd et Ahmed Ibn Zekri (père et fils), Mustapha Lacheraf et l'éminent historien, Hadj Moulay Belhamissi, pour ne citer que ces personnalités. Le musée des arts et traditions populaires et celui de la miniature, de l'enluminure et de la calligraphie a été au programme des visites. Le circuit a été ponctué par une communication, suivie d'une projection documentaire dans le palais El Menzah autour du site archéologique à la place des Martyrs où un sondage-fouille stratigraphique sur une profondeur de 7 mètres a mis au jour, en août 2009, grâce à une équipe d'archéologues algériens et de l'Inrap (France), des vestiges datant de l'époque ottomane (atelier de ferronnerie) et romaine (basilique paléochrétienne). Cette opération qui, rappelons-le, entre dans le cadre du plan permanent de sauvegarde de La Casbah, vise la réorientation de la future station du métro de la place des Martyrs, selon l'intervention (dans le film documentaire) du directeur du patrimoine au niveau du ministère de la Culture, Mourad Bouteflika. Plus, il est question de muséaliser la station, à l'instar des stations de métro à Athènes ou Rome dont les usagers joignent l'utile à l'agréable.