Plus de trois ans après sa mise en service, le centre d'enfouissement technique (CET) de la localité de Bougharb, dans la commune de Benbadis, fait face à de sérieuses difficultés. Le constat a été fait dernièrement lors d'une visite effectuée par le wali de Constantine dans cette commune, par le premier responsable de cette structure, Mourad Labani. Ce dernier ne manquera pas de tirer la sonnette d'alarme sur les problèmes rencontrés en matière de gestion et organisation des déchets. «Il faut réaliser un deuxième casier d'enfouissement en extrême urgence de fait que celui déjà existant est presque rempli ; il ne pourra résister au-delà de l'année 2014», nous a-t-il déclaré. Il a affirmé que suite aux importantes quantités de déchets, provenant des six communes de la partie sud de la wilaya, déversées au niveau du CET et en l'absence d'autres structures d'accompagnement, dont les stations de tri et de transfert, le casier actuellement en service connaîtra un niveau de remplissage élevé. «La quantité des déchets déversés est toujours en hausse ; nous avons enregistré une moyenne journalière de 722 tonnes, soit 21 660 t/mois, et 129 960 t/semestre, avec 150 rotations/jour des camions de ramassage, qui arrivent de six communes de la wilaya : Constantine, El Khroub, Aïn Abid, Benbadis, Ouled Rahmoun et Aïn Smara», a-t-il précisé. Pour rappel le projet du CET a été lancé à la fin 2005 dans le cadre de l'application de la loi 01/19 du 12/12/2001 relative à la gestion, contrôle et élimination des déchets de la classe 2 (ménagères et assimilés) en remplacement des décharges publiques. Il a été réalisé dans la partie sud à 40 km du chef-lieu de la wilaya et à 5 km de Benbadis sur une superficie 78 ha. Il renferme un casier d'un hectare avec une capacité de stockage de 215 000 tonnes/an et trois lagunes pour le stockage de lixiviat. Sa durée de vie est de 3 ans. Une enveloppe 510 millions de dinars a été relevée du budget d'équipement de l'Etat pour sa réalisation. Le centre est érigé en principe à l'échelon local en établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC). Sa réception provisoire a été effectuée le 30 décembre 2009, et il est entré officiellement en service en juin 2010. Des équipements non opérationnels Depuis cette date, le CET reçoit des quantités importantes de déchets dont 55% arrivent de la commune de Constantine. La gestion de ces déchets demande des équipements et des infrastructures de base avant même le déversement dans ce centre. Malheureusement, ces équipements ont été acquis après la réalisation du centre et ils ne sont pas opérationnels à ce jour. Il s'agit des stations de transfert, de tri et des déchèteries communales. Actuellement la wilaya de Constantine ne dispose que de ce CET et d'une station de transfert au 13ème Km sur la route de Aïn Smara, en attendant les travaux d'aménagement des autres infrastructures en cours dans les deux déchetteries, celles du 13ème Km et du lieudit El Kahira, à la cité Boudraâ Salah, d'une station de tri au 13ème Km et du deuxième CET de Doghra dans la commune de Zighoud Youcef. Concernant ce deuxième centre, il est prévu pour l'élimination des déchets des quatre communes de Zighoud Youcef, Didouche Mourad, Hamma Bouziane et Beni Hmidene. Il sera réalisé sur une superficie de 30 ha, avec un casier d'une superficie d'un hectare, une capacité de stockage de 300 000m 3, et trois lagunes pour le stockage de lixiviat. Interrogé sur le retard constaté dans la mise en exploitation des infrastructures de base à réaliser dans la commune de Constantine pour alléger la tension sur le CET de Bougharb, le directeur d'environnement, Seddik Benabdellah a affirmé que la gestion de ces stations est sous la responsabilité de l'EPIC de Bougharb. «Il est nécessaire de mettre en service ces infrastructures afin de réduire les quantités déversées dans le centre», a-t-il déclaré. De son côté, le directeur du CET, Mourad Labani, ne manquera pas de soulever que les déchetteries et les stations de transfert seront mises en exploitation très prochainement, mais il leur faut certains équipements et des engins, en plus de l'aménagement intérieur des lieux. «Dans le cadre de la bonne gestion des déchets, l'EPIC encouragera un système de tri des déchets à partir de la première source, c'est-à-dire les foyers et les commerces ; nous avons entamé une opération de tri en collaboration avec les commerçants et les industriels», a-t-il expliqué. Le même responsable a précisé que le traitement des déchets solides dans le casier par le système de compactage dégage un autre genre de déchets liquides très dangereux, le lixiviat.
Le lixiviat, un danger pour l'environnement Selon les explications des spécialistes en matière de gestion des déchets, le lixiviat est un liquide résiduel qui provient de la percolation de l'eau à travers un matériau. Ce mot vient du latin lixivus, qui signifie «jus de lessive, eau qui sert à laver». Ce terme désigne notamment tous les jus issus de décharges et des déchets lors de leur stockage et sous l'action conjuguée de l'eau de pluie et de la fermentation naturelle. Les déchets produisent une fraction liquide riche en matière organique. Ces lixiviats ne peuvent être rejetés directement dans le milieu naturel et doivent être soigneusement collectés et traités. Malheureusement, les lieux de stockage de ce lixiviat au niveau du CET sont insuffisants, ce qui augmente le risque de pollution des terres agricoles à proximité du CET. Ainsi, l'infiltration de ce liquide dans la terre peut causer la contamination des eaux souterraines. En plus de ce problème qui a été dénoncé par les habitants de cette localité et les agriculteurs, celui des odeurs nauséabondes se dégageant quotidiennement du CET, et qui provoquent des maladies respiratoires et développent des allergies, notamment pour les enfants de cette commune, selon les propos des riverains. « Le centre est à quelques encablures seulement des agglomérations et des nouveaux groupements résidentiels ; les odeurs sont insupportables alors que le taux de pollution dans cette commune est très élevé », nous révèlent des habitants de la région. Pour le directeur du CET, le lixiviat est un problème national dont le traitement sera prochainement programmé. «La gestion des déchets ménagers et assimilés est un nouveau créneau qui nécessite de grands moyens et espaces, et une haute technologie, afin d'éviter des conséquences sur l'environnement», a-t-il dit. Il a ajouté que le lixiviat est actuellement stocké dans trois lagunes, alors que le déversement des déchets se fait rapidement pour diminuer au maximum l'effet des odeurs dégagées.