A partir de ce mois, les remboursements des médicaments supérieurs à 1 500 DA seront soumis systématiquement au contrôle médical au niveau des centres payeurs de la CNAS de Chlef. C'est ce que nous avons appris, dimanche, auprès du directeur de la Caisse des assurés sociaux de la wilaya, Djezzar Mohamed. Cette disposition ne concerne pas les malades chroniques à 100%. Elle s'applique, dans un premier temps, aux wilayas de Chlef, Médéa, Aïn Defla et Annaba. Dans cette dernière, elle est déjà entrée en vigueur, nous apprend le responsable qui motive cette décision par les abus constatés dans les remboursements de médicaments. Une opération qui coûte assez chère à la trésorerie de la caisse, selon ses dires. Et de présenter, à ce titre, un tableau plutôt alarmant : de 45 milliards de centimes en 2002, cette opération a atteint 56 milliards en 2003 et 67 milliards en 2004, soit une augmentation, respectivement, de 22,50% et 20%. Au niveau national, le montant des remboursements des médicaments est passé de 25 milliards de DA en 2002 à 40 milliards en 2004, ce qui représente une évolution de 60% en l'espace de deux ans. La tendance à la hausse peut aussi s'expliquer par l'augmentation des prix des médicaments, notamment ceux importés. Un simple traitement d'angine à base d'antibiotiques et d'anti-inflammatoires dépasse allégrement les 1400 DA. Débusquer les faux malades Qu'en est-il des autres affections graves, et qui peut oser, aujourd'hui, gaspiller son argent dans des médicaments inutiles et onéreux ? Quel intérêt a le malade en présentant des ordonnances « gonflées » pour se faire rembourser seulement 80% de ses dépenses ? s'interrogent les assurés auxquels est destinée cette nouvelle mesure. Celle-ci, d'après le premier responsable de la CNAS, vise à débusquer les « faux malades » afin de diminuer la facture des remboursements des médicaments. Est-ce la meilleure voie d'y parvenir, sachant que le problème est complexe et nécessite une étude et un diagnostic approfondis ? Beaucoup de médecins contactés à ce propos restent sceptiques et affirment que la voie choisie par la CNAS va, au contraire, compliquer les choses au détriment surtout du malade. Ils estiment que le problème réside particulièrement au niveau des importateurs et des distributeurs de médicaments qui doivent, selon eux, assurer une disponibilité permanente de produits moins onéreux et indispensables aux traitements prescrits, tout en encourageant la production nationale. « C'est à cette condition seulement que l'on pourra agir efficacement sur le coût des dépenses liées à la consommation des médicaments. Même s'il y a disponibilité de génériques à la portée des bourses moyennes, certains pharmaciens n'offrent généralement que les produits dont la marge bénéficiaire est plus élevée », soulignent-ils. Toujours est-il que la direction de la CNAS a entamé une campagne de sensibilisation des associations des praticiens privés, des pharmaciens, de la fédération des retraités et des associations des malades chroniques. Le nouveau système touchera, dans une première étape, quatre des treize centres payeurs que compte la CNAS de la wilaya, à savoir ceux de Boukadir, Chettia, Oued Fodda et Ténès où il existerait les médecins de contrôle médical à plein temps.