Le nouveau dispositif mis en place au niveau de la Caisse nationale des assurés sociaux (CNAS) de Aïn Defla dans le cadre d'une opération pilote relative à l'introduction d'une nouvelle procédure de remboursement des soins médicaux, applicable depuis le 1er mars, continue de susciter des réactions contrastées mais dans l'ensemble défavorables, si l'on s'en tient aux échos recueillis ici et là auprès des assurés. Pour rappel, ce nouveau dispositif concerne 12 000 assurés affiliés à la CNAS de Aïn Defla qui devront se soumettre au contrôle médical systématique quand les frais des médicaments remboursables dépassent 1500 DA. Pour une catégorie de malades chroniques, seuls les cas jugés suspects, selon le directeur de la CNAS, seront soumis au contrôle. A titre d'exemple, il citera le cas d'un malade qui, avant même d'achever un traitement d'une durée de trois mois, présenterait une deuxième prescription ce qui pourrait, selon notre interlocuteur, révéler une tentative de fraude. Poursuivant, Abdelkader Haïk, directeur de la caisse, dira que la nouvelle formule vise à diagnostiquer les assurés et non à les pénaliser. Pour lui, il s'agit de préserver la santé du malade affilié à la CNAS en lui évitant des complications par l'automédication, puisque le médecin-conseil peut l'orienter si nécessaire à l'issue du contrôle. En fait, soutiendra encore l'orateur, il s'agit également d'une mesure dissuasive. Cependant, les arguments avancés par le responsable sont loin de convaincre les assurés interrogés qui parlent tout simplement d'une rupture de contrat. « Ce sont les citoyens qui feront encore une fois les frais d'une politique où c'est la bureaucratie qui l'emporte », soulignera un fonctionnaire de l'éducation nationale appuyé par un autre assuré qui fera observer qu'« il s'agit là d'une atteinte à la liberté d'agir de l'assuré qui cotise normalement », ajoutant qu'il doit certainement exister d'autres moyens pour faire échec aux fraudeurs à commencer par mettre de l'ordre au niveau des centres de paiement. D'aucuns, dans un message clair aux décideurs, estiment qu'il y a lieu d'abord d'améliorer le quotidien du citoyen et de réguler le marché du médicament pour ensuite prétendre assainir le secteur ajoutant que le fonctionnaire déjà en butte aux difficultés de la vie doit, encore malade, se soumettre à une même contraignante, selon lui. Par ailleurs, des assurés sceptiques assureront cependant encourager toute initiative permettant de limiter les fraudes dans ce secteur à condition de ménager les assurés sociaux. En tout cas pour le directeur, cette procédure est dans sa phase test. Est-ce à dire qu'elle ferait l'objet de révision si son inefficacité venait à être vérifiée. On pense qu'il est encore trop tôt pour se prononcer là-dessus. Pour conclure, signalons que cette nouvelle procédure est appliquée dans un premier temps, aux centres de paiement d'El Attaf, de Khemis Miliana et de Aïn Defla, et dans un proche avenir s'étendra au centre de Miliana. Par ailleurs, il y a lieu de noter que la CNAS multiplie les rencontres auprès des assurés par le biais de leur association et compte organiser bientôt une journée d'étude essentiellement consacrée à ce sujet afin, conclura le directeur, d'éclairer tous les intéressés et dissiper le malaise.