Lors de son intervention, hier au forum du quotidien DK News, Lhachemi Assad, secrétaire général du HCA, a expliqué la motivation du choix de cette région pour ces festivités. Le souci de soutenir le travail de la société civile locale et la promotion d'une coopération avec les universitaires et les associations de la wilaya de Tébessa sont énumérés comme étant parmi les objectifs ciblés par ce choix. Le HCA, en partenariat avec les collectivités locales et l'université de Tébessa, a lancé un travail de recherche pour la protection du patrimoine immatériel de la région dans le but de sauvegarder les variantes locales de tamazight. Il vise également à mener son action pour l'introduction de cette langue dans le circuit institutionnel, c'est-à-dire à l'école et dans la communication. L'année 2014 sera donc chargée pour cette institution créée en 1995. L'amendement de l'ordonnance du 26 juillet 1963 fixant le calendrier officiel des fêtes légales est, en plus de la promotion de l'enseignement de cette langue, parmi les préoccupations principales du HCA. «Nous luttons également pour faire classer les festivités de Yennayer dans le patrimoine immatériel national, vu que l'Algérie entière célèbre cette journée par attachement ou par habitude. C'est une aâda (habitude) et non bidaâ (hérésie)», précise M. Assad, non sans ouvrir une parenthèse concernant une récente déclaration de Amar Ghoul, ministre des Transports, qualifiant la célébration de Yennayer d'hérésie. «Cela dénote de la non-maîtrise de l'histoire. Le manuel scolaire compte plus de 70% de son volume relatif à des cours qui ne concernent pas l'histoire de notre pays», regrette le secrétaire général du HCA, qui promet de répondre prochainement au patron du parti islamiste TAJ. M. Assad conclut qu'il faut l'implication des d'autres partenaires ministériels concernés et la mise en place d'un instrument, à l'exemple du Comité interministériel pour l'application des recommandations du HCA. «Le HCA est un instrument d'accompagnement dans la gestion du dossier de l'amazighité par les différents ministères partenaires tels que l'Education.» Mme Cherifa Bilek, sous-directrice de la l'enseignement et de la formation au HCA, revient sur les embûches rencontrées dans l'enseignement de cette langue introduite en 1995 dans 16 wilayas après une année de grève du cartable. Aujourd'hui, l'enseignement de tamazight est confiné dans 10 wilayas. Le HCA se félicite de l'ouverture de quelques classes dans la wilaya de Bordj Bou Arréridj. Les hostilités de part et d'autre, le manque de formation et les problèmes socioprofessionnels des enseignants en quête de statut sont autant d'entraves évoquées par la conférencière. Mais c'est surtout le caractère «optionnel» de cette matière qui s'est dressé comme premier obstacle. Dans certaines wilayas, telles que Alger, des hostilités se sont dressées contre la généralisation de l'enseignement de cette matière malgré une demande sociale importante. Dans cette wilaya, «malgré les directives du ministère de l'Education, des blocages se dressent à d'autres niveaux pour empêcher son introduction dans les écoles de la capitale», explique la responsable. «C'est un blocage politique. L'heure est au militantisme et à la résistance», résume pour sa part M. Assad. En chiffres, selon Mme Bilek, près de 235 000 élèves étudient aujourd'hui tamazight à l'école grâce à 1647 enseignants, dont 80% sont formés par le département de la langue et culture amazighes. En 1995, la première promotion d'apprenants de tamazight baptisée promotion Mouloud Mammeri concernait 37 000 élèves et 233 enseignants.