Dix-sept ans après la création du Haut-commissariat à l'amazighité (HCA), tamazight n'arrive toujours pas à voler de ses propres ailes. Et pour cause, une volonté politique tendant à la reléguer au second plan, et à laquelle se greffent des blocages bureaucratiques. Le bilan “négatif" présenté, hier, par les responsables du HCA, au siège d'El Moudjahid, sonne comme un cri d'alerte. Ces cadres prennent pour responsables plusieurs départements ministériels, lesquels étaient censés, dès le départ, s'impliquer dans la promotion de cette langue. “Tamazight et le HCA évoluent en vase clos et dans un milieu indifférent, quand tout simplement, il n'est pas hostile", a déclaré Si El-Hachemi Assad, directeur de la promotion culturelle au HCA. Abordant le travail de l'institution, M. Assad a souligné que la problématique liée au travail accompli par le HCA “est inhérente à la place que doit occuper cette institution au sein de l'environnement institutionnel national ainsi qu'à la consécration de tamazight comme langue nationale et officielle à l'instar de nos voisins marocains". Pour les responsables du HCA, il n'est pas question que cette institution entame le dossier lié à l'amazighité “en solo", car, ils estiment qu'elle “implique en premier lieu les départements ministériels concernés par l'introduction de l'amazighité dans les systèmes éducatif, de l'enseignement supérieur, de la communication, de la formation professionnelle et de la culture". Youcef Merahi, SG du HCA, a, pour sa part, indiqué que “le HCA est perçu comme étant un élément d'ingérence" par ses partenaires. Et d'ajouter que “la concrétisation de notre travail est tributaire du bon vouloir des institutions autour desquelles nous gravitons". M. Merahi a ajouté, par ailleurs, que l'enseignement de tamazight n'existe, en réalité, qu'en Kabylie. Il a relevé, à ce propos, une volonté “de régionaliser cet enseignement", même si “une amorce à Batna pour faire un équilibre" est enregistrée. Prenant à partie le désormais ex-ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, M. Merahi a déclaré que “le ministre a fermé les portes de son département pour le HCA, ce qui est une violation de la loi". Battant en brèche les “arguments" avancés par la tutelle pour bloquer cet enseignement, M. Merahi a précisé que “la demande sociale s'est faite uniquement lors du boycott scolaire de 1994" et que le caractère facultatif imposé à cette langue doit cesser. Par ailleurs, le responsable du HCA a appelé “à la création d'un quotidien d'informations, public", avant d'évoquer la polygraphie adéquate pour tamazight, en défendant le caractère latin, lequel a bénéficié d'un travail colossal réalisé par plusieurs chercheurs. Mme Billek, pour sa part, est revenue sur l'évolution de l'enseignement de tamazight depuis 1995 et les différentes entraves que rencontre cet enseignement. M.M