La grippe porcine ? Depuis que j'ai entendu parler de cette maudite maladie, je ne vais plus en forêt comme avant et j'évite tout contact avec les chiens et les chats. » L'homme qui parle ignore tout de la grippe A(H1N1), ses symptômes et encore moins les voies de transmission du redoutable virus qui vient de faire ses premières victimes en Algérie. Pour ce père de famille, agent d'entretien dans une entreprise étatique basée au chef-lieu de wilaya, Tizi Ouzou n'est « pas concernée », pour le moment, par ce mal qui fait trembler le monde entier. Comme lui, beaucoup de personnes, par ignorance ou indifférence, accordent peu d'intérêt au sujet de l'heure qui polarise l'attention aux quatre coins de la planète, et ce, en dépit des spots diffusés à la télévision sur le respect de certaines règles d'hygiène permettant de réduire les risques de transmission du virus de la grippe telles que le lavage régulier et fréquent des mains, au savon liquide de préférence, plusieurs fois par jour, notamment en rentrant à la maison et avant chaque repas, et l'utilisation des mouchoirs jetables pour se moucher, éternuer ou tousser. Sur le terrain, la maladie progresse doucement mais sûrement. Le nombre cumulé de cas confirmés enregistrés à la date du 29 novembre s'élève à 29, a-t-on appris, hier auprès du responsable du service prévention de la direction de la santé et de la population (DSP) de la wilaya de Tizi Ouzou. Selon la même source, 14 personnes sont toujours en observation au CHU de Tizi Ouzou en attendant les résultats d'analyse en cours au laboratoire de référence de la grippe de l'Institut Pasteur d'Algérie. Tous les patients admis au sein de cette structure sanitaire sont soumis au traitement Tamiflu. « On n'attend pas les résultats des prélèvements envoyés à Alger pour soigner le malade. Celui-ci est traité immédiatement après son admission au service des maladies infectieuses. Le médicament prescrit ne sera arrêté qu'une fois que les analyses s'avèrent négatives », explique t-on. En parallèle, une équipe de praticiens est dépêchée sur les lieux du « foyer » à l'effet de mener l'enquête épidémiologique. « Toutes les dispositions nécessaires pour la prise en charge des malades ont été prises », rassure la responsable du service prévention de la DSP. La propagation de la maladie depuis la découverte des premiers cas, début juillet, a amené les autorités sanitaires de la wilaya à ouvrir trois hôpitaux de référence au CHU de Tizi Ouzou, à Azazga et à Draâ El Mizan. En outre, il a été procédé à l'aménagement d'un bloc de 96 lits à l'hôpital psychiatrique Fernane Hanafi de Oued Aïssi. « Il y a une cellule de crise dans chaque hôpital. Un comité de wilaya a été également mis en place pour étudier l'évolution de la maladie. Le médicament est suffisamment disponible, y compris le Tamiflu pédiatrique, et ce, en attendant l'arrivée du vaccin prévue fin décembre », ajoute-t-on. Au CHU de Tizi Ouzou, le personnel médical et paramédical est en alerte maximale. « Les conditions climatiques actuelles sont favorables à la transmission du virus de la grippe A(H1N1). Le retour de nos pèlerins dans les prochains jours est également à prendre au sérieux. Ceci dit, les citoyens ne doivent pas céder à la panique », fait remarquer un praticien. Selon le directeur du CHU Nedir Mohamed de Tizi Ouzou, 61 personnes ont été admises dans les services de cette structure sanitaire en l'espace d'une semaine, dont 16 cas confirmés positifs. 13 patients devaient rentrez chez eux, hier, après avoir bénéficié des soins appropriés. La majorité des cas enregistrés ces derniers jours sont des élèves d'une école privée implantée au chef-lieu de wilaya.