Une semaine à peine après l'apparition du premier cas de grippe porcine, l'Algérie passe en alerte de niveau 5. La surveillance aux frontières est renforcée et une prise en charge médicale spéciale est prévue pour tout cas suspect. Ce qu'il faut savoir pour ne pas paniquer. Face à la propagation de la grippe porcine, désormais baptisée « grippe A (H1N1) », le gouvernement algérien, comme d'autres pays et conformément aux recommandations de l'Organisation mondiale de la santé, a décidé hier de relever le niveau d'alerte à la phase 5 sur une échelle de 6, ce qui correspond à un état d'alerte sanitaire. Autrement dit, la transmission humaine est avérée et le virus s'adapte de mieux en mieux à l'homme. La pandémie de grippe porcine est, pour l'OMS, imminente. Le nouveau virus « continue de s'étendre sans montrer aucun signe de ralentissement ». Mais le passage au niveau 6 d'alerte pandémique se fera uniquement quand l'OMS aura les preuves que le virus contenant des gènes d'origine porcine, humaine et aviaire d'un type totalement inédit se transmet de façon autonome entre humains dans plusieurs régions de la planète. Faut-il pour autant paniquer ? Non répondent en chœur les épidémiologistes et les médecins que nous avons contactés. « D'une part parce que la médiatisation de l'épidémie est sans doute disproportionnée, expliquent-ils, et d'autre part parce que l'alerte donnée par les politiques répond à un principe de précaution. » Toutefois, si comme l'affirme le ministère de la Santé, aucun cas n'a été signalé dans le pays, « il est probable que le virus soit déjà en Algérie compte tenu de la rapidité à laquelle se font aujourd'hui les contacts humains », souligne Saâda Chougrani, épidémiologiste à Oran. Une hypothèse crédible pour le professeur Mustapha Maâoui à l'hôpital de Kouba : « L'Algérie a été rattrapée par de nombreuses maladies médiévales : choléra, typhoïde et autres maladies à transmission hydrique. On a même eu droit à la peste à Oran. Il n'y pas de raison pour que l'on échappe à cette grippe porcine. » D'autant que les transports, surtout aériens, favorisent grandement la propagation, et que treize cas ont été confirmés tout près, en Espagne. En réponse à la menace, tous les services de contrôle sanitaire aux frontières – ports, aéroports et voies terrestres — sont en alerte pour identifier tout cas suspect et deux millions de dépliants sont distribués aux passagers transitant par l'Algérie. Pourquoi le virus se propage-t-il si vite ? Parce que la contamination, qui se fait maintenant d'homme à homme, par l'air ou par contact, en portant les mains à la bouche, est accélérée par les transports modernes, surtout par l'avion. Peut-on attraper le virus sans s'en apercevoir ? Oui, car la contamination se fait par l'air. « Quand quelqu'un est grippé, il tousse, éternue et envoie des gouttelettes de salive et de sécrétions nasales dans l'air, explique Leïla Houti, épidémiologiste à Oran. Ces sécrétions étant dans l'air, vous n'avez pas forcément besoin d'être en contact d'une personne malade. » Avant que vous ne ressentiez les premiers symptômes, il faut compter sept jours d'incubation. Quels sont les symptômes ? Les symptômes sont à peu près les mêmes que ceux de la grippe classique : fièvre élevée, toux, éternuements, gêne respiratoire, baisse de l'appétit, courbatures. « Ils peuvent également s'accompagner de nausées, voire de vomissements », ajoute Leïla Houti. Les sangliers sauvages représentent-ils une menace ? « Le virus grippal d'origine porcine provient d'élevages et non du milieu sauvage, précise-t-on au ministère. De toute manière, on n'en est plus à ce stade puisque le virus se transmet désormais d'homme à homme. » Est-on à l'abri si on est vacciné contre la grippe saisonnière ? L'OMS ignore si les vaccins contre la grippe saisonnière nous protègent. Mais des médicaments, des antiviraux contre la grippe saisonnière permettent de ralentir la diffusion du virus. Est-ce que des mesures sont prises dans nos aéroports ? Le ministère de la Santé assure que les services de contrôle sanitaire à toutes les frontières (ports, aéroports et voies terrestres) sont en alerte pour identifier tout cas suspect. Des prospectus d'information sont distribués aux passagers arrivant en Algérie ou quittant le territoire. Un responsable d'une compagnie aérienne à l'aéroport d'Alger nous a confirmé que toutes les personnes grippées en provenance d'Europe étaient mises en contact avec les services sanitaires. Si un cas était suspecté, il serait mis en quarantaine. Quels gestes doit-on adopter pour prévenir l'infection ? Respectez les règles d'hygiène élémentaires : lavez-vous les mains régulièrement et aérez les pièces dans lesquelles vous séjournez. Si vous devez voyager, renseignez-vous avant votre départ sur les mesures de protection auprès du contrôle sanitaire aux frontières du port ou de l'aéroport d'embarquement. Evitez le contact avec les personnes ayant l'un des signes suivants : fièvre, toux, éternuement, écoulement nasal. Evitez les lieux de rassemblement et autres lieux publics fortement fréquentés. Est-ce qu'il y a un numéro d'urgence à contacter ? Vous pouvez contacter la direction de la Prévention jusqu'à 16h au 021 27 98 15 ou 021 27 98 03. Ou la permanence du ministère de la Santé de 16h à 8h au 021 97 99 00 poste 211, ou l'Institut national de la santé publique jusqu'à 17h au 021 94 52 97 ou 021 91 16 88. Où doit-on aller si on se sent mal ? Dans la structure de santé la plus proche de chez vous. Comme le souligne le ministère, le niveau 5 de l'alerte implique que les établissements sont tous mobilisés. Là, une prise en chargé médicale spécifique est prévue : questionnaire, prélèvements virologiques, etc. En cas d'hospitalisation, le transport sécurisé est prévu par ambulance. Si vous vous sentez mal en arrivant de l'étranger, au port ou à l'aéroport, rapprochez-vous des autorités de contrôle sanitaires aux frontières. Et si jamais on découvre des cas en Algérie… Les autorités sanitaires nationales affirment disposer d'un stock suffisant en traitement antiviral de 6,5 millions de boîtes de Tamiflu. « Chaque boîte comprenant un traitement complet pour une personne, nous précise-t-on au ministère de la Santé. Nous avons également commandé un stock supplémentaire de Saïflu auprès de Saïdal. » L'Algérie dispose par ailleurs de moyens de protection : 16 millions de masques, et 955 000 lunettes de protection, selon les chiffres du ministère de la Santé. « Nous avons en stock au niveau national, régional et dans tous les services de contrôle sanitaire aux frontières deux types de masques : ceux pour le grand public et ceux spécifiques aux milieux exposés, comme les endroits où les malades sont pris en charge, ajoute-t-on au ministère. Nous en avons également commandé à un producteur local. En cas de nécessité, ces masques seront distribués à la population. » Pour en savoir plus : www.sante.dz, cliquez sur "alerte grippe porcine"