L'emploi féminin reste à la traîne. Les différents intervenants, hier, lors d'une journée d'étude au Centre national d'études, d'information et de documentation sur les femmes, la famille et l'enfance (CNEIDFFE), sur cette question ont insisté sur le fait que l'existence de l'équité dans la loi ne signifie pas forcément son existence dans le milieu du travail. «Il faut créer un dispositif exclusivement pour les femmes, quitte à faire de la discrimination», préconise Mohamed Saïb Musette, directeur de la recherche au Cread. L'autonomisation des filles et des femmes afin de parvenir à l'égalité des sexes a été classée comme étant la deuxième priorité sur les sept objectifs prioritaires pour l'Algérie post-2015. Pour rappel, ces priorités ont été élaborées par le groupe d'experts mis en place par l'ONU en 2013. Par ailleurs, l'enquête menée par M. Musette et son équipe pendant six mois, sur le territoire national, a révélé sept autres priorités pour les Algériens. M. Musette a ciblé les gens qui n'ont pas eu l'occasion d'exprimer leurs besoins par des canaux officiels. Ainsi, ce travail de terrain place l'emploi comme première priorité, suivi du logement, de la bonne gouvernance et de l'Etat de droit. La paix et la sécurité sont la quatrième priorité suivie de l'éducation, de la santé et de l'accès aux services. La cohésion sociale demeure la septième priorité pour les Algériens. Faut-il souligner que parmi les Objectifs du Millénaire de développement, fixés par les Nations unies pour l'année 2015, l'Algérie n'a toujours pas réalisé l'objectif relatif à l'égalité des sexes. «Ce ne sont pas les quelques femmes entrepreneurs qui nous laisse dire que la femme est autonome en Algérie», souligne M. Musette. Ce dernier a insisté sur le fait que l'information statistique est importante, mais n'est pas suffisante pour rendre compte de la réalité des problématiques traitées. M. Musette demande combien de personnes on a fait sortir de la pauvreté au lieu de communiquer des taux de chômage. S'appuyant sur ce volet, Mohamed Saïb Musette appelle à «la construction de bases de données sur les familles à risques voire à multirisques» afin d'éviter à ces familles de sombrer dans la pauvreté. A ce propos, M. Musette déclare qu'il n'y a pas de problème d'emploi en Algérie : 6% de jeunes seulement viennent au marché du travail. Sur 7 millions de familles recensées en Algérie, il n'y a qu'un million de familles qui sont touchées de chômage. «Ce phénomène n'est pas un problème national mais spécifique à certaines familles», explique le chercheur du Cread. Et d'expliquer: «Certaines familles comptent trois chômeurs et un seul travailleur. Pour d'autres, c'est l'inverse.» M. Musette invite le CNEIDFFE, affilié au ministère de la Solidarité nationale, à engager des chercheurs qui enquêteront sur la réalité de la population. «Il faut faire des enquêtes d'action et aller vers des sondages par panel», recommande M. Musette, qui a encore remis en cause les données de l'Office national des statistiques. A cette occasion, une convention a été signée entre le CNEIDFFE, le ministère de la Solidarité nationale et le Cread, pour permettre de mener des recherches sur les questions concernant les femmes et la famille de manière générale. Mais surtout de sortir avec des conclusions applicables sur le terrain.