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Une civilisation à l'abri de tout déclin
ISLAM
Publié dans L'Expression le 08 - 06 - 2005

La viabilité d'une société, d'un peuple, d'une civilisation, dépend, en grande partie, de la philosophie que cette société, ce peuple, se fait de la vie et de la façon dont il la met en pratique.
En ce qui concerne l'Islam, pour extraordinaire qu'elle soit, l'arrivée de l'homme sur la lune ne pose aucun problème. Il n'est nulle part dit dans la Vulgate de l'Islam que l'homme n'atteindra pas la lune ou tout autre astre. Les Versets essentiels où il est question de la lune et du soleil dans l'univers affirment que:
a) la lune a été créée, comme tout le système solaire, comme la totalité de l'univers par le Maître des Mondes,
b) la lune et le soleil ainsi que tous les astres sont soumis à Ses lois,
c) la lune et le soleil gravitent suivant des orbites fixées par le Seigneur; Gloire à Lui Seul, sans qu'il leur soit possible de se rencontrer, leur course se déployant en des sphères particulières. Les phases de la lune consécutives à son mouvement apparent, sont conformes aux lois divines.
d)la gravitation de la lune, celle du soleil et de tous les astres en un ciel sans piliers visibles, sont cycliques et subordonnées à des calculs précis,
e) la lune et le système solaire ne sont pas éternels. Ils se meuvent jusqu'au terme fixé par Dieu, avant leur inéluctable extinction.
Si donc le Saint Coran ne parle pas expressément du voyage de l'homme vers la lune, parce qu'il ne s'agit guère d'un Livre enseignant les sciences du cosmos, quand bien même il en fait état dans la Sourate dite «Le Tout Miséricordieux» ou «Ar Rahmân» Verset 33: «Ô peuple de djinns et d'hommes! si vous pouvez sortir des domaines des Cieux et de la Terre, alors, faites-le. Mais vous ne pourrez en sortir qu'à l'aide d'un Pouvoir (divin)»; il ne l'exclut pas non plus, et les progrès réalisés dans le domaine de l'astronautique ne sauraient mettre en difficulté le Texte sacré ni troubler la conscience des Musulmans.
Valeurs pérennes
Une civilisation façonnée selon la Révélation céleste du Saint Coran et dont le but reste la promotion de l'homme, qu'elle nourrit, qu'elle protège, auquel elle accorde une liberté pour le savoir-vivre et le savoir-faire, auquel elle permet de s'épanouir, de se découvrir devant les obstacles de la vie, de les gérer en homme stoïque et lucide, de gérer le temporel comme le spirituel, de vivre en parfait équilibre entre le corps et l'esprit, d'ériger tout son quotidien en actes cultuels d'adoration du Seigneur; une telle civilisation demeure à jamais, à l'abri de tout déclin.
La pérennité de cette civilisation de l'Islam, est due justement à ces valeurs, que nul ne peut haïr, athée soit-il ou orthodoxe d'une quelconque religion. Malheureusement, ces valeurs sont peu connues de notre temps, voire même, marginalisées à bon escient, chez les hommes «civilisés» de nos jours. L'absence de ces valeurs, conduirait inéluctablement les vainqueurs d'aujourd'hui, tôt ou tard, à périr et à entraîner avec eux leurs adeptes, main dans la main, dans les bas-fonds de la matière et dans la fournaise des vices, en guise de récompense équitable, pour tout ce qu'ils ont fait pour arriver à réduire l'homme, ce représentant de Dieu sur terre, ce roseau pensant, comme dirait Blaise Pascal, à un simple outil de travail, à une marchandise qu'on vend et qu'on achète à vil prix, ou à un vulgaire esclave de la machine, dénué d'un coeur qui bat et qui aime, d'une raison qui réfléchit et d'un corps sain, non pollué par les intempéries du modernisme, un corps en mesure de se mettre au diapason des besoins de ses semblables et des exigences de son environnement en général.
La question que l'on se pose à présent est de savoir pourquoi une civilisation progresse plus que ses contemporaines? A une époque, où la Grèce avait la plus belle civilisation, pourquoi l'Europe de l'Ouest était-elle barbare? Pourquoi barbare la Russie, à l'époque de la splendeur arabe? Et ainsi de suite, dans tous les pays, et à toutes les époques. S'agit-il, là, purement et simplement de hasards, d'occasions, ou bien, de l'effet d'une intelligentsia ou ensembles d'individus de haute et noble personnalité, nés au sein d'un groupement, à l'exclusion des autres? Il y aurait probablement d'autres explications possibles, plus complexes, dépendant d'un certain nombre de causes coexistantes et affectant la réussite des uns, la défaite ou le déclin des autres.
Une autre question concomitante se pose: après un éclat momentané: pourquoi un peuple retombe-t-il dans l'obscurité relative, sinon même, dans une quasi-barbarie? Examinons cette question du point de vue de l'Islam contemporain, comme dirait le célèbre érudit Muhammed Hamidullah dans son ouvrage Initiation à l'Islam, pour dégager, les éléments de pérennité de la civilisation musulmane et donc, de sa dynamique dynamisante. A en croire le Savant Ibn Khaldoun, une loi biologique serait la cause essentielle du déclin des civilisations: c'est la loi de l'esprit de clan, de fanatisme et de tribalisme. En effet, au bout d'une seule génération, la race s'épuise, et, il lui faut pour qu'elle se maintienne, un changement radical, tout au moins de ses dirigeants, souvent difficile à réaliser, à cause de divergences d'origines diverses. Cette théorie, basée sur la race, compte tenu de l'exagération savante, peut affecter les civilisations ethniques ainsi que les religions n'admettant pas de prosélytes. De ce point de vue, l'Islam échappe au cycle des décadences: il possède à son service des adhérents dans toutes les races, et continue encore à faire des progrès plus ou moins grands, partout dans le monde.
De plus, l'Islam a, de l'avis de tous, réussi à éliminer des esprits, presque complètement, les préjugés raciaux au sein de sa communauté; ce qui lui permet d'accueillir sans hésitation, n'importe quelle race pour assurer son épanouissement.
L'émancipation systématique des esclaves, ordonnée par le Saint Coran, en donne un éclatant exemple: on connaît des dynasties de rois, dans l'histoire islamique, issues d'esclaves, fraîchement libérés.
Ainsi, la vie ou la mort d'une civilisation, peut également dépendre de la qualité de son enseignement de base. Si elle invite ses adeptes à renoncer aux plaisirs de ce bas monde, la spiritualité fera certes d'énormes progrès, mais les autres éléments constitutifs de l'homme à savoir son corps, ses talents intellectuels, etc, souffriraient d'un handicap sérieux, ils n'accompliront point leurs fonctions naturelles et périront avant même de s'épanouir. En revanche, si la civilisation met l'accent uniquement sur l'aspect matériel, l'homme fera également des progrès dans certains domaines, aux dépens cette fois, des valeurs morales, à l'image du modernisme occidental, qui s'engouffre de plus en plus dans la sauvagerie du moi.
Ainsi, une telle civilisation pourra même devenir un boomerang, cause de son propre déclin; car le matérialisme, néfaste pour le corps et l'esprit, engendrant, le plus souvent l'égoïsme, le manque de respect du droit d'autrui, se crée des ennemis, lesquels n'attendent que le moment venu, pour en prendre le dessus et gagner la bataille, à l'image de deux brigands. Ces derniers, l'on raconte dans la fable, avaient capturé un certain butin : l'un d'eux se rendit à la ville pour acheter des provisions, et l'autre, ramassa le bois pour faire la cuisine; mais chacun, décida secrètement, d'en finir avec son «ami , pour profiter tout seul du gain illicite. Celui qui fit le marché empoisonna les provisions; son camarade, à son tour dressa une embuscade et le tua au retour. Mais lorsqu'il goûta les aliments, il ne tarda pas à rejoindre son «bien-aimé» dans l'Au-delà.
Une autre tare peut encore affecter une civilisation : lorsqu'elle est dépourvue de toute faculté de développement ou d'adaptation aux circonstances; oui, une civilisation bâtie sur des slogans et promesses creuses par des tyrans démagogues, dont le sort est fort indigné par le Saint Coran qui énonce: «Ô vous qui avez cru! Pourquoi dites-vous ce que vous ne faites guère? Est une grande abomination auprès d'Allah, que de dire ce que vous ne faites pas. Allah aime ceux qui combattent dans Son chemin en rangs serrés, pareils à un édifice renforcé.» (Sourate dite «As-Saff» ou «Le Rang», Versets 2 à 4). Cette abomination se concrétise sur le terrain par le désarroi d'un peuple, les vices, la famine, la maladie, l'ignorance, le chômage, l'insécurité au sein de la communauté, la dépendance forcée de celle-ci vis-à-vis de ses ennemis; oui, un peuple qui ne peut se nourrir de son travail, ni vendre à qui il veut, ce qu'il produit par ses propres moyens, un peuple qui agit au hasard, sans prévision ni organisation ni consultation judicieuse, il forme par exemple des universitaires pour les livrer, à la fin de l'enseignement, au sous-emploi, et autres aléas de la délinquance. Oui un peuple, qui ne pense qu'à se distraire, à consommer plus qu'à se sacrifier pour son bien-être, ce peuple, est frappé sans équivoque de cette malédiction divine, d'où il est de son devoir de se libérer.
Ici-bas et au-delà
En outre, on sait que la devise de l'Islam est «le bien-être ici-bas, aussi bien que le bien-être dans l'au-delà». Cela nous éloigne évidemment des conceptions extrémistes et opposées, des ultra-spiritualistes (qui veulent complètement renoncer au monde et se font un devoir de se mortifier) ainsi que des ultra-matérialistes (qui ne croient guère aux droits d'autrui); mais il peut être pratiqué par la plus vaste majorité des intermédiaires développant à la fois le corps et l'esprit, et créant un équilibre harmonieux de tout l'humain. En effet, l'Islam a non seulement insisté sur les besoins de ces deux aspects de l'homme, également mais sur leur complémentarité, de sorte que l'un ne soit pas sacrifié au profit de l'autre. S'il prescrit les pratiques et les devoirs spirituels, il en montre les avantages matériels; s'il préconise un acte d'utilité temporelle, il indique comment cet acte peut également être une source d'épanouissement spirituel.
C'est ainsi que le but des pratiques spirituelles, est de nous rapprocher de l'Etre Suprême, notre Créateur et Seigneur, et d'obtenir Son agrément. On essaie de se «teindre à la couleur de Dieu», comme l'exprime éloquemment le Saint Coran (Sourate dite «La Vache» ou «Al Baqarah» Verset 138), de voir par Ses yeux, de parler par Sa bouche, de désirer selon Sa volonté, bref, de se comporter entièrement par Sa volonté, jusqu'à se conformer à Lui, autant que le comporte la faiblesse humaine.
Or, prenons pour exemple la question du jeûne. Le croyant doit jeûner, au temps prescrit par le Saint Coran; tel est l'Ordre divin. Obéir à l'Ordre du Seigneur est déjà acte de piété, mais il se trouve que le jeûne porte en lui-même, pour l'homme un double avantage, spirituel et matériel: en affaiblissant le corps pour un temps déterminé, il fortifie en même temps l'esprit, le dégage des désirs temporels; l'homme ressemble, alors un peu plus, aux êtres célestes, qui ne mangent guère. Il ressent mieux sa propre impuissance, il pense au Seigneur et à tout ce qu'Il a fait pour lui - et ce ne sont-là, que quelques aspects spirituels.
Du point de vue matériel, le jeûne n'est pas moins bénéfique; les acidités qui se dégagent des glandes, lors de la faim et de la soif, tuent maints microbes de l'estomac; de ce fait, le jeûne développe en l'homme l'aptitude à supporter, sans que le devoir en souffre, les privations éventuelles en temps de crise. Si l'on jeûne pour des buts matériels, cela reste dénué de toute valeur spirituelle, mais si l'on jeûne pour l'agrément de Dieu, les avantages matériels ne sont point perdus.
Sans entrer dans une discussion détaillée, on peut remarquer que toutes les autres oeuvres ou pratiques spirituelles de l'islam, ont la même double portée, spirituelle et temporelle. Il en est ainsi de la prière, individuelle ou collective, de l'anéantissement de soi, lors du pèlerinage à la Maison de Dieu, de la zakat en sa qualité d'impôt cultuel, curatif et régulateur pour les personnes et les biens, prélevée au profit des nécessiteux, et également des pratiques religieuses et spirituelles, même celles qui sont faites, en sus du minimum obligatoire.
En d'autres termes, la chose faite uniquement pour Dieu, a double valeur: elle procure l'avantage spirituel, sans que rien ne soit perdu des avantages matériels. La même chose, par contre, faite dans un but matériel, peut atteindre ce but, mais laisse perdre complètement le bénéfice spirituel.
Rappelons la célèbre Parole de notre Vénéré Prophète Salut Divin Sur Lui: «En vérité, les actes des individus n'ont de valeur que selon les mobiles et les intentions de leurs auteurs». Ainsi par exemple, les actes strictement temporels, comme l'impôt ou le Djihad, l'un et l'autre sont érigés en Islam en acte d'adoration du Seigneur: l'impôt Zakât bien acquitté et rationnellement distribué, vise à éliminer toutes les disparités entre les différentes couches sociales, de telle sorte que chacun vive décemment tout en assurant la promotion de l'homme en tant qu'élément moteur du développement en général; le Djihad, quant à lui, garantit aux hommes de vivre tous égaux, libres et à l'abri de toute injustice, de quelque nature qu'elle soit.
Agir pour plaire au Seigneur, à partir d'un sacrifice désintéressé et pour une cause juste, reste toujours un acte louable vis-à-vis des hommes et acte cultuel dont l'auteur se réserverait l'agrément divin dans l'Au-delà.
L'Islam réunit en un tout, le spirituel et le temporel; en payant la taxe, le fidèle croyant, n'acquitte pas d'abord une corvée ou un devoir, il cherche avant tout, l'agrément de Dieu. Lorsque ce devoir du paiement des impôts est inculqué dans les esprits, comme quelque chose de sacré, un devoir envers un Dieu, Omniscient, auquel rien n'est caché et qui est en plus, en mesure de nous ressusciter et de nous demander des comptes. L'on comprend facilement, combien de soins et de scrupules que le croyant peut attacher à l'acquittement de ce devoir. Si tous nos riches et gens aisés s'acquittaient de cet impôt cultuel, conformément aux prescriptions coraniques et instructions du Prophète, la communauté musulmane verrait dans un temps très court, ses lendemains qui chantent.


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