Population, pauvreté et objectifs du millénaire » a été le thème débattu hier au siège du ministère de l'Emploi et de la Solidarité nationale lors d'un séminaire organisé par l'Association maghrébine pour l'étude de la population (AMEP) et sa section en Algérie. Animée par des démographes, des statisticiens et des chercheurs, cette rencontre s'est assigné l'objectif d'établir des concepts précis sur le phénomène de la pauvreté en vue de les présenter au prochain colloque international sur la population et la pauvreté. A ce sujet, plusieurs lectures ont été présentées pour définir une situation de pauvreté. Certaines approches, par exemple, s'appuient sur les conditions de vie alors que d'autres se basent sur le chômage. Dans ce sens, une communication a été présentée par un chercheur algérien qui, pour classifier des personnes pauvres, a pris en considération le nombre de calories consommées par un individu par jour, dont la norme mondiale est de 2100 calories/jour. En Algérie, illustre-t-il, 7% de la population sont considérés pauvres durant l'année 2004, soit une consommation en calories moins de 2100 par jour pour chaque individu. Durant l'année 2000, le taux de pauvreté était de 12% tandis qu'en 1995, il était de 14%. Le même chercheur a traité le problème du chômage. Ainsi, il se réfère aux standards retenus par le Bureau international du travail (BIT) stipulant qu'est chômeur toute personne âgée de 15 à 60 ans, sans travail, disponible pour travailler et cherchant du travail. Selon cet angle de vue, tout travail informel ou temporel ne peut être inclus dans la catégorie du chômage. Sur le même registre, M. Hamouda, chercheur au Centre de recherche appliquée pour le développement (CREAD), souligne que le chômeur est désormais défini comme toute personne sans travail et à la recherche du travail (STR). « Si un jeune ne travaille pas et passe ses journées dans des cafés, il ne peut être considéré dans la population inactive », précise le conférencier. Les participants ont également passé au crible le concept de l'emploi avec toutes les notions qui gravitent autour de lui. Trois dichotomies ont été présentées à titre d'exemple. Il s'agit du travail régulier et non régulier, du travail durable et partiel, du travail déclaré et non déclaré. Chaque situation peut se répercuter sensiblement sur la situation de pauvreté. Les participants sont allés jusqu'à s'interroger s'il faut opter pour les standards nationaux ou internationaux pour définir une situation de pauvreté. L'un des conférenciers a suggéré de cerner la définition de la pauvreté en partant des besoins locaux, autrement dit séparer les critères de la pauvreté dans les zones rurales de celles des villes. S'agissant justement de la population rurale, le chercheur relève le fait de l'autoconsommation qui rend plusieurs critères inopportuns, comme le salaire et l'emploi. Avouant que la réalité est infiniment complexe, un intervenant dira, sur la relation du chômage et de la pauvreté, qu'il ne faut pas s'arrêter sur le taux de chômage, mais suivre tous les indicateurs du marché de l'emploi, à l'instar du travail régulier et occasionnel, mais aussi du déclaré ou non à la sécurité sociale. En tout cas, deux ateliers devaient se pencher sur toutes les définitions à retenir par l'Algérie devant les organisations internationales. Les chercheurs devaient analyser les relations entre la population, la pauvreté et l'emploi alors que d'autres se pencheront sur les conditions de vie de la population. Les travaux devaient être sanctionnés par des recommandations qui serviront de base pour actualiser la cartographie de la pauvreté en Algérie.