En effet, suite au sit-in observé samedi sur la place du Théâtre, hier c'était au tour de l'université d'exprimer sa colère. Tôt dans la matinée, les étudiants se sont rassemblés à l'intérieur du campus Hadj Lakhdar, et après quelques slogans scandés dans les allées de l'université, la procession s'est ébranlée vers l'extérieur. Emblème national et drapeau amazigh déployés, la marche a emprunté l'avenue de l'Indépendante (route de Biskra) en direction de la maison de la culture, où se tenait un conclave présidé par Mohamed Cherif Abbès, ministre des Moudjahidine, sur la guerre de Libération nationale dans la Wilaya I. De passage devant le siège de la mouhafadha FLN, les mots d'ordre contre le 4e mandat ont fusé. L'UNEA, organisation satellite du FLN, initiatrice de la marche, était du coup dépassée. Les t-shirts flanqués du slogan «Non au 4e mandat», endossés par une dizaine d'étudiants, donnent une autre allure à la marche. La manifestation est récupérée par une majorité d'étudiants qui ont décidé de transformer l'indignation provoquée par l'insulte de Sellal en revendication politique opposée au 4e mandat et au maintien du pouvoir en place. Près de la maison de la culture, les étudiants ont eu une altercation avec la fille de Mostefa BenBoulaïd qui, face à cette marée humaine, voulait afficher son soutien à Bouteflika. «Ben Boulaïd n'est pas mort pour laisser une personne telle que toi», lui lancent en chœur les étudiants. Une demi-heure plus tard, les marcheurs décident de se diriger vers la résidence de Liamine Zeroual. «Ya Sellal ya haqir, faqou bik el fakakir» (Sellal tu es vil et les pauvres s'en rendent compte, ndlr). «Non au 4e mandat», étaient les mots d'ordre qui ont dominé cette deuxième sortie, promettant d'autres encore plus importantes. Devant la résidence de l'ex-président de la République, un groupe d'une dizaine d'étudiants a été reçu, et un communiqué a été remis au fils de Liamine Zeroual, puisque ce dernier était absent. «Votre message lui sera remis sans faute», leur a-t-il promis. Par ailleurs, une trentaine d'étudiants ont tenu hier matin un sit-in sur l'artère principale à l'entrée de la ville d'Oum El Bouaghi, au niveau du campus universitaire Larbi Ben M'hidi. Les manifestants ont scandé des slogans contre les propos tenus par le directeur de campagne de Bouteflika. Ce dernier a mis le feu aux poudres en traitant les Chaouis de «hacha r'zek Rabbi», une formule populaire insultante.