Une imposante manifestation de jeunes du mouvement des «Aârouchs» des Aurès que préside Fateh Achoura, a été organisée jeudi à Batna pour dénoncer publiquement la «bévue raciale» de Sellal contre les «Chaouis» des Aurès. Ce mouvement – non agréé officiellement mais reconnu tacitement par les pouvoirs publics – constitua à l'origine un prolongement aux «Aârouchs» de Kabylie. Il a réussi jeudi son pari de fissurer l'unité nationale. Ils étaient environ 6 000 personnes selon une évaluation approximative des gens de la presse et/ou 4 500 à 5 000 d'après des sources policières, à participer activement à cet évènement malgré l'excuse présentée par Sellal. Ce sont deux foules épaisses qui se sont placées face à face devant le domicile de l'ex-président Zéroual pour scander leur dépit de certains politiques algériens. Les cordons de policiers en service assuraient convenablement la sécurité de manière à bloquer tout éventuel débordement des manifestants. Durant un peu plus d'une heure, les manifestants ont scandé des mots d'ordre tels que «Sellal ya hakir (méprisant) rahoum fakou El Fakakir». Les manifestants ont nourri l'espoir de voir une délégation restreinte reçue par l'ex-président de la République Zéroual. Mais des gardes du corps en service au seuil du domicile ont fait savoir quelque temps après que Zéroual était absent de Batna. La manifestation a pu se poursuivre quelque temps après jusqu'au moment où les jeunes se retirèrent par petits groupes dans le calme. La manif aura eu lieu dans de bonnes conditions. Elle a été, sociologiquement parlant, un phénomène de jeunesse mais n'a à aucun moment constitué une expression de la véritable société chaouie des Aurès qui n'en a cure des «bêtises» des gens du pouvoir, connus de longue date pour leur hostilité à cette région combattante de l'Algérie. Certains Algériens n'avaient-ils pas reproché aux «hommes des Aurès» d'avoir renvoyé chez eux les soldats coloniaux français ? La manifestation de Batna aurait être grandiose jeudi n'eut été le blocage, la veille, de nombreux bus venant de partout du territoire national ont été contrôlés par des barrages fixes de la gendarmerie, installée aux entrées de la ville de Batna. Mais il y a eu lieu quand même certains de l'extérieur de la wilaya qui ont pu exprimer leur soutien aux Chaouis : Biskra, Sétif, Sidi Bel-Abbès, Tébessa, Khenchela, Oran, Oum El-Bouaghi, Souk ahras, Bouira et Mostaganem. Le président du mouvement des «Aurès» Fateh Achoura a tenu à saluer ces soutiens de l'extérieur au combat des Chaouis mais s'est dit surpris par des «intrus» qui ont scandé des slogans propres à eux dont le mouvement des «Aârouchs» n'était nullement concerné parce qu'il est un mouvement non politique. On croit savoir que les slogans dénoncés par Fateh Achoura seraient ceux des éléments issus de «Barakat» et de «Bzayed», et également selon certains, d'agents discrets affiliés à «Rachad» de Larbi Zitout et Mourad Dhina, ces ex-cadres du FIS dissous qui tentent d'après des sources sécuritaires de faire dans la subversion. Les slogans du genre «pas de 4e mandat pour Bouteflika», «Bouteflika dégage», «le peuple veut faire tomber le pouvoir», l'ont déçu. L'objectif de la manif consistait seulement à démontrer une réponse chaouie à la bévue de Sellal et rien d'autre. Tout le monde sait que de tels slogans font partie du répertoire des «printemps arabes». Il a salué la lettre de Zéroual et déclaré que les actions du mouvement vont continuer. Samedi, deux manifestations sont programmées à Biskra et à Khenchela. Notons que le militant kabyle Ali Gharbi, présent à la manif et au point de presse, a estimé que «c'est toujours le même pouvoir qui persécute les mouvements populaires. Batna a fait sa marche du «Nif». L'Algérie est en danger. En Kabylie, nous sommes aux côtés de nos frères et concitoyens chaouis. Le combat doit continuer.