À l'initiative de l'observatoire de la langue amazighe de Barcelone (OCLA), des Journées cinématographiques du cinéma amazigh ont été organisées, cette semaine, à la résidence de los investigadores de l'université de Barcelone. Barcelone (Espagne) De notre Correspondant Durant quatre jours, les cinéphiles ont eu le plaisir de découvrir le cinéma d'expression berbère dans ses différentes versions avec quatre films à l'affiche. De tarifit avec le court métrage Aller simple du directeur Zakaria Bakkali, Sellam Demetan de Mohamed Amin Benamraoui au cinéma tchilhit (sud du Maroc), avec le film Tizza wul de Hicham Ayouch au cinéma algérien, dans sa production kabyle, qui était représenté par le long métrage Mimezrane d'Ali Mouzaoui. Comment aborder la création cinématographique amazighe afin de discerner ce qui la caractérise ? Il est utile de s'autoriser d'abord une certaine naïveté, de se détacher, autant que possible, des idées que l'on pourrait avoir. Ainsi, les journées du cinéma amazigh de Barcelone s'interrogeaient et débattaient devant un parterre de cinéphiles. Cela appelle deux remarques, selon les intervenants dans les débats. En analysant la création cinématographique amazighe, le directeur du festival pour l'intégration de Valencia déclarait : « s'il y a une action, cela suppose une intention ou une impulsion. S'il y a un appareil, cela suppose un agencement et une fonction. Ce sont alors les intentions ou les impulsions, les agencements et les fonctions qui nous intéressent dans le développement et la promotion du cinéma amazigh. » Les organisateurs ont clôturé ces journées par une table ronde réunissant des professionnels du cinéma algériens, marocains et espagnols sous le thème : « Cinéma et conscience identitaire dans les langues minoritaires ». Les intervenants, Ali Mouzaoui, Mohamed lhafi, Ali Aït Mouhoub, Rachid Bouksim, Ignasi P. Ferré i Serra et Isabel Gardela ont débattu de ce sujet, en apportant chacun son expérience dans le domaine. Quant au président de l'Ocla, Mohand Tilmatine, il devait assurer le rôle de modérateur. Au croisement de plusieurs approches, le cinéma amazigh est de « ces productions qui proposent aux spectateurs une balade à travers la mémoire artistique, mettant à l'honneur le cinéma berbère », a déclaré le directeur du festival de cinéma d'Agadir, Rachid Bouksim. Par ailleurs, Ali Mouzaoui a souligné que « l'émergence du cinéma amazigh doit être conduit par le professionnalisme et la formation pour réaliser un travail dans les normes du 7e art », se référant aux personnes qui arrivent à la production cinématographique pour d'autres ambitions que artistiques. Et d'ajouter : « le cinéma doit s'ouvrir par le dialogue et la compréhension, le respect mutuel, la reconnaissance et le respect de la diversité. » « Le 7e art est pleinement inscrit dans le divertissement de masse, notamment en matière de sensibilisation », a déclaré Hassan Akioud, un des organisateurs de cette première édition, durant la clôture. « La création, écrivait André Malraux, est la lutte d'une forme en puissance contre une forme imitée. » Le problème du cinéma amazigh, sans doute pas le seul, est le suivant : que faut-il pour qu'une forme berbère se répète et qu'en même temps, elle diffère bonnement ? Problème esthétique et éthique, d'abord. Mais conjointement, distinct et mitoyen, historique et politique. Bref, c'est un concept et son problème, aussi dérisoire qu'estimable, est celui des conditions d'un éventuel « devenir amazigh du cinéma ».