Le premier décès d'un malade atteint du virus de la grippe porcine, survenu le 28 novembre dernier au CHU de Constantine, a mis à nu les défaillances du système de prévention que les autorités sanitaires affirment avoir mis en place en application des mesures préconisées par le ministère de la Santé, à en juger par la manière avec laquelle le malade, originaire de Aïn Kercha, dans la wilaya d'Oum El Bouaghi, a été traité. Sa situation critique nécessitait une prise en charge sérieuse dès le début ; il a dû attendre trois jours au service de pneumo-phtisiologie avant que le staff médical ne décide de lui faire des prélèvements pour confirmer son état. Un cas qui renseigne sur le peu de sérieux avec lequel l'on continue de percevoir cette pandémie, comme si l'Algérie n'était pas concernée. Hormis les mesures strictes prises au niveau de l'aéroport Mohamed Boudiaf où des équipes médicales sont à pied d'œuvre pour déceler les cas suspects venus de l'étranger – on a recensé cinq personnes depuis le mois de juin dernier – rien de sérieux n'a été mis en place au niveau des structures sanitaires pour protéger le personnel médical et même les malades. C'est le constat qu'on a pu faire au CHU Ben Badis où les praticiens déplorent un manque de moyens perceptible, surtout en matière de masques de protection et autres produits désinfectants. « Nous ne sommes pas à l'abri d'une éventuelle contamination, surtout que les mesures d'isolement des malades ne sont pas scrupuleusement respectées, notamment par certains parents des malades admis », note un médecin du service des maladies infectieuses. C'est une situation qui prévaut aussi à la maternité du CHU où c'est l'anarchie qui règne, nonobstant les instructions à suivre pour la protection des femmes enceintes classées parmi les personnes les plus vulnérables. Du côté des établissements scolaires de la wilaya, les mesures d'hygiène que l'on ne cesse de répéter à coups de spots publicitaires ne sont que discours creux. Malgré le nombre sans cesse croissant des cas de contamination, surtout parmi les sujets contact, les écoles et les CEM ne sont toujours pas approvisionnés, à ce jour, en produits d'hygiène. « Il est aberrant de constater que la plupart des établissements scolaires de Constantine ne sont pas alimentés régulièrement en eau potable. Alors que les règles d'hygiène les plus élémentaires ne sont pas respectées, d'un autre côté la culture de la prévention demeure totalement absente au sein des familles », regrette un enseignant de lycée. Dans ce contexte, l'aspect communication demeure le point faible du dispositif de prévention. Nombreux sont les citoyens interrogés dans la rue qui ignorent encore plusieurs choses sur la maladie ni même les mesures à prendre face à un cas suspect qui pourrait être un membre de la famille.