Le cahier de doléances a disparu, depuis fort longtemps déjà, des guichets de certaines administrations qui le mettaient à la disposition des gouvernés leur permettant de signaler d'éventuelles anomalies constatées dans le service. Ce fut la tendance pendant un certain temps. Tous les services publics avaient été sommés de mettre en place un registre devant recueillir les avis et appréciations des usagers que le ou les responsables consulteront aux fins d'améliorer les prestations de ses collaborateurs préposés directement à l'accueil du public. Quoi qu'il en soit, la majorité écrasante des administrés, analphabètes, n'y prêtait même pas attention. Parmi ceux qui savaient écrire, très peu s'aventuraient à griffonner plus quelques remarques exprimant leur ras-le-bol devant le mauvais traitement de certains employés peu ou pas du tout enclins à admettre qu'ils sont au service du citoyen. Ne voyant aucun changement notable dans le comportement des agents des services publics, ceux qui s'évertuaient à signaler certains abus ont fini par lever les bras au ciel et tout simplement abandonner. Il faut dire aussi que, dans certains cas, le fameux registre de doléances n'était pas mis en évidence. Sans doute pour empêcher les mécontents de signaler le mauvais service. Le « lien » entre administrés et administrateur a fini par disparaître complètement de l'étal, laissant la partie belle à tous les bureaucrates en puissance qui squattent les guichets de différentes administrations et dont certains semblent éprouver un malin plaisir à torturer psychiquement l'infortuné contribuable qui ne peut que s'en remettre au Tout-Puissant, dans un vain soupir.