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Quid des intellectuels algériens
Publié dans El Watan le 19 - 04 - 2014

Récemment, l'auteur d'un article(1) paru dans la presse dite «on line» ou sur Internet interpelle les intellectuels algériens à la participation à la vie politique du pays. «Un seul pied ne trace pas un sentier ; et un seul doigt ne peut ramasser un petit gravier par terre. Seul lui, le président, ne peut construire le pays. Ce sera l'œuvre de tout le monde.»(2) Trois questions se posent d'elles-mêmes. Existe-t-il des intellectuels en Algérie ? Comment reconnaît-on un intellectuel algérien ? Qui sont ces intellectuels algériens ? L'«intellectuel» appelé sympathiquement l'«intello» est une personne disposée et susceptible de faire naître une création, une œuvre et créer une chose possible, accompagnée de raison vraie. Il a pour fonction d'éveiller que d'endormir.
Préliminaire
Pour la bonne compréhension, il est important de rappeler ou de donner certaines définitions du dictionnaire Larousse 2007. L'intellect (de la locution latine intellectus) est la faculté de forger et de saisir des concepts ; de l'entendement. L'intellection constitue l'activité de l'intellect. Un intellectuel est défini comme la personne dont l'activité fait surtout appel aux manipulations abstraites et au discours.C'est aussi la personne qui se consacre, professionnellement ou par goût, à des activités d'ordre intellectuel, culturel, spéculatif.
L'intellectualité est la qualité ou le caractère de ce qui est intellectuel ou cérébral. L'intellectualisme est la doctrine qui affirme la prééminence de l'intelligence sur les sentiments et la volonté. L'intelligence est la faculté de comprendre, de discerner, de saisir par la pensée. C'est un ensemble de fonctions mentales ayant pour objet la connaissance conceptuelle et rationnelle. Elle distingue l'homme de l'animal.
L'universitaire est l'enseignant dans une université. C'est aussi une personne pourvue d'un diplôme de fin d'études à l'université. Tout ce qui est relatif à l'enseignement supérieur est qualifié d'universitaire. Un autodidacte est celui qui s'est instruit lui-même.
Existe-t-il des intellectuels en Algérie ?
Tout contributeur dans l'art, culture, science, technologie, religion, mœurs, doctrines, dogmes, traditions est considéré comme intellectuel. Ce qui est produit en Algérie par des Algériens est en général considéré comme ringard, traditionaliste, folklorique, arriéré, d'un autre siècle, moyenâgeux, etc. Il faut reconnaître qu'on est à tendance médiocre.
En suivant le raisonnement d'Aristote(3), ce qui manque aux intellectuels algériens est le courage, un juste milieu entre la peur et l'audace. Notre pays était une terre où un intellectuel ou lettré, seulement parce qu'il disait à haute voix ce qu'il pensait, pouvait être privé de son travail. Le manque de courage est aussi dû au fait que parfois les gens ne sont pas sincères, ils ont toujours quelque chose à se reprocher. Ce qu'ils font ou pratiquent parfois n'est pas «catholique». Ils ne sont pas aussi «nets» qu'ils le prétendent et parfois ils ne sont pas intègres. Tout homme peut savoir, et la plupart d'entre nous savons ce qui est juste ou injuste. On pense généralement que l'honnêteté provient de la nature, de la coutume ou de l'instruction. Quelle mollesse de ne pas supporter les dures épreuves ! La vertu intellectuelle provient en majeure partie de l'instruction, dont elle a besoin pour se manifester et se développer.
Comment reconnaît-on un intellectuel ?
On reconnaît un intellectuel par ses œuvres écrites, orales, peintes et transmises à une communauté humaine par un vecteur de communication (production de livres, articles de revues, de journaux, de tableaux, de production sur Internet…). Les artistes, les savants, les technologues, les économistes, les politiciens chevronnés sont reconnus comme étant des intellectuels. Weber(4) reconnaît un intellectuel professionnel ou universitaire par sa vertu que l'on peut exiger de lui, l'obligation à lui recommander d'ailleurs instamment, et s'il le faut de «nager» contre le courant de la vie. Les éléments créateurs des universités et de la société en général sont de plus en plus détournés vers des problèmes de quantité plutôt que de qualité. On donne la préséance aux méthodes qui permettent d'augmenter encore la médiocrité. Si l'intellectuel est mal inspiré, il est mauvais homme. Moins bon, en tout cas, qu'on l'espérait.
En France, on a longtemps pensé que les intellectuels devraient être de «gauche» ou prolétariens. Ils ont pu imposer une hégémonie totale dans le milieu universitaire. Raymond Aron était un des universitaires de «droite» qui avait osé dénoncer la situation morbide de la vie scientifique française. Pour les gens dits de «gauche», la suprématie de l'intellectuel sur le manuel est un critère de classe de la bourgeoisie. Le prix Nobel de littérature, Soljenistsyne, un mathématicien soviétique, a décrit dans un volumineux roman, de plus de 700 pages(5), les persécutions subies par les scientifiques et intellectuels soviétiques durant la période «après la Seconde Guerre mondiale».
Qui sont les intellectuels algériens ?
Trois modes fondamentaux de la fonction sociale de l'intellectuel peuvent être définis : élitiste, fonctionnaire et critique. Dans le forum de discussion hébergeant l'article (1), Salim Metref, sûrement le journaliste, en a peint ou brossé un tableau très instructif et exhaustif sur les intellectuels algériens où il dit : «…Jusqu'au début des années 1980, les intellectuels algériens appartenaient dans leur majorité au courant dit de gauche, très imprégné de l'influence de l'ex-Union soviétique.
Ces intellectuels ont souvent accompagné, parfois inspiré, les choix politiques, économiques et culturels qui ont été effectués par les différents pouvoirs qui se sont succédé en Algérie, auxquels ils ont apporté, soutien, caution intellectuelle, etc., et ce, même s'ils ont parfois connu quelques brouilles avec ces mêmes pouvoirs. Durant cette période, beaucoup d'intellectuels (intellectuels s'inspirant de l'Islam, humanistes et défenseurs des droits de l'homme, libéraux, etc.) qui n'appartenaient pas à la même sphère idéologique que ceux qui ont inspiré les pouvoirs en place à l'époque ont connu la prison, l'exil ou la mort…». Nous partageons cet avis.
Les cheikhs El Beyouth, Ben Badis, El Bachir El Ibrahimi, Larbi Tebessi, El Milli, Malek Bennabi, Mohamed Arkoun, Kafka, Freud, Sartre, Hessel, Marx, Lenine, Mao Zedong, Ho Chi Min, Weber, Webern, Schoenberg, Mahler, Klimt et bien d'autres sont considérés comme des intellectuels. Pour ceux parmi nos jeunes et moins jeunes qui ne connaissent pas cheikh El Bayouth, et comme la conjoncture est favorable pour sa mémoire, il était un grand «Alam ibadite».
Grâce à son esprit fédérateur, dans les années 1970, il est l'un des premiers Algériens à appeler et inciter sa communauté religieuse à nouer des liens très étroits avec les autres communautés religieuses malékite, hanafite et hambli existantes en Algérie. De nos jours, qui pense ? Qui réfléchit ? Qui produit des œuvres ? Qui canalise la population par ses idées, ses réflexions, ses suggestions de sortie de crise, ses vues lointaines ? On est devenu «myope» et on ne voit qu'à court terme si jamais une production intellectuelle est réalisée. Les mathématiques semblent servir constamment d'alibi pour affirmer ou prétendre que nous avons des idées innées, qu'il existe une activité a priori de notre esprit, des jugements synthétiques a priori, etc.(6)
Conclusion :
La ferveur intellectuelle des hommes du début de la Renaissance, leur curiosité ardente, l'enthousiasme avec lequel ils s'adonnaient à l'étude était grande. La Nature puise sa force dans la diversité. Il faut des intellectuels, des manuels, des bons, des méchants, des fous, des désespérés, des sportifs, des grabataires, des bossus, des siamois, des becs de lièvre, des gais, des tristes, des intelligents, des imbéciles, des égoïstes, des généreux, des petits, des grands, des Noirs, des Jaunes, des Rouges, des Blancs, il en faut de toutes les religions, de toutes les philosophies, de tous les fanatismes, de toutes les sagesses…
Le seul danger est que l'une de ces espèces soit éliminée par une autre. Quel que soit le gouvernement anarchiste, despotique, monarchiste, républicain ou démocratique, nous retombons toujours dans une répartition des hiérarchies, des exploités, des exploiteurs, des autonomes et des souffre-douleur. Seuls changent l'appellation et le mode de désignation des exploiteurs(7). Un «charbonnier» parlera mieux de son métier que toute une académie de scientifiques spécialistes dans les mines, il est un «intellectuel» dans son métier. L'intellectuel, même s'il décède, son nom reste éternel.
L'homme médiocre vit et meurt comme la brute. Il n'a rien fait qui le distinguât pendant qu'il vivait. Il ne reste de lui rien dont on parle quand il n'est plus, son nom n'est plus prononcé, le lieu de sa sépulture est ignoré, perdu parmi les herbes(8).
Ce n'est pas du pessimisme ou de la paranoïa, un état dépressif, mais à la tendance de la médiocrité qui règne, la déchéance dans tous les secteurs, la faiblesse dans la politique, l'Algérie deviendrait (Que Dieu nous en préserve) un «Etat failli» comme l'Irak, l'Afghanistan, Haïti, la Somalie, la Sierra-Leone…

Références :
1). K. Fateh. Lettre à nos intellectuels. Le Quotidien d'Algérie. http://lequotidienalgerie.org/2014/03/19/lettre-a-nos-intellectuels/
2). Ahmadou Kourouma (1927). Les soleils des indépendances. Roman. Editions du seuil, 1970.
3). Aristote. Ethique de nicomaque. Traduction, préface et notes par J. Voilquin. Garnier Flammarion, 1965.
4). Max Weber. Le savant et le politique suivi de Essai sur la neutralité axiologique. Enag/Editions 1991, p.222.
5). Alexandre Isaievitch Soljenistsyne. Le premier cercle. Traduit du russe par Henri- Gabriel Kybarthi. Robert Laffont. 1968.
6). Jean-Pierre Cléro. Epistémologie des mathématiques. Nathan. Paris, 1998.
7). Bernard Werber. Nouvelle encyclopédie du savoir absolu et relatif. Albin Michel.
1973.
8).Diderot, Oeuvres choisies II-. Art – Litérature? Correspondance, par Jean Voilquin Larousse-Paris 1934.


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