Concentrées initialement dans le nord du pays, ces attaques se sont ensuite étendues à d'autres régions dont celle de l'Est, frontalière du Togo et du Bénin, devenue une deuxième grande zone d'insécurité. Confronté depuis trois ans à des attaques terroristes de plus en plus fréquentes et meurtrières, le Burkina Faso a décrété lundi «l'état d'urgence» dans plusieurs provinces du pays. Cette annonce fait suite à une rencontre avec la hiérarchie militaire, convoquée après la mort de dix gendarmes, tués jeudi dans une embuscade à Toeni, une localité située au nord-ouest de la capitale Ouagadougou. Mercredi, un policier a été tué dans l'attaque du commissariat de district de police de Solan, dans le nord du pays, frontalier du Mali. «Le président du Faso a décidé de déclarer l'état d'urgence dans certaines provinces du Burkina Faso. Il a également donné des instructions pour des dispositions sécuritaires particulières sur toute l'étendue du territoire», a déclaré le ministre de la Communication, Remis Fulgance Dandjinou, à la sortie d'un Conseil des ministres extraordinaire sur la «situation sécuritaire». L'Etat d'urgence concerne «plusieurs provinces» à l'intérieur de sept régions (sur les 13 que compte le pays), a indiqué le ministre, citant les régions des Hauts Bassins, de la Boucle du Mouhoun, des Cascades, du Centre-Est, de l'Est, du Nord et du Sahel. La liste des provinces concernées sera précisée dans un décret présidentiel. «Ces dispositions (…) ont pour objectif d'assurer avec sérénité et efficacité la lutte contre le terrorisme au Burkina Faso et de ramener la quiétude au sein des populations», a-t-il relevé. Et d'ajouter : «Le Conseil a échangé sur les nouvelles mesures visant à accélérer la réorganisation opérationnelle des forces de défense et de sécurité, l'amélioration du maillage du territoire, le renforcement de la vigilance et la protection de la population et des infrastructures.» L'état d'urgence accorde notamment des pouvoirs supplémentaires aux forces de sécurité, dont celui de procéder à des perquisitions à domicile, de jour et de nuit. Certaines libertés fondamentales peuvent être restreintes, comme la liberté de circulation. Pays sahélien et voisin du Mali et du Niger (deux pays en proie aux attentats terroristes), le Burkina Faso est ciblé depuis 2015 par des attaques terroristes. Concentrées initialement dans le nord du pays, ces attaques se sont ensuite étendues à d'autres régions dont celle de l'Est, frontalière du Togo et du Bénin, devenue une deuxième grande zone d'insécurité. Ainsi, pour schématiser, mi-août 2018, sept membres des forces de l'ordre burkinabè ont été tués dans l'explosion d'un engin artisanal, 15 jours après, c'est la mort de six personnes dans des circonstances similaires dans la même région de l'Est. Leur véhicule a sauté à une trentaine de kilomètres de Fada N'Gourma, chef-lieu de la région de l'Est, sur un engin explosif artisanal, au moment où ils se rendaient en urgence à Pama (100 km de Fada N'Gourma), dont le poste de gendarmerie venait d'être attaqué par des hommes armés. Dans la nuit du vendredi 14 au samedi 15 septembre dernier, deux attaques terroristes ont été perpétrées dans les villages de Diabiga à 60 km de Pama et Kompienbiga (15 kilomètres de Pama) relevant de la province de Kompienga, région de l'Est. Cette double attaque «perpétrée contre des civils a coûté la vie à huit personnes. En octobre, au moins six policiers ont trouvé la mort dans l'explosion d'un engin artisanal à Sollé, au nord du pays, près de la frontière malienne. La capitale Ouagadougou a été frappée par trois attaques qui ont fait au total près de 60 morts. La dernière a été perpétrée en mars dernier. Elle a ciblé l'état-major des armées et l'ambassade de France». Les attaques attribuées aux groupes terroristes ont fait plus de 270 morts depuis 2015 dans l'ensemble du pays. Un trop lourd bilan pour ce pays pauvre de l'Afrique de l'Ouest.