En attendant l'adoption d'une véritable stratégie de lutte et la mise en place de la force commune du G5 Sahel, les pays de la sous-région continuent de subir les affres du terrorisme. Il vient de frapper encore au Burkina Faso. La capitale burkinabé, Ouagadougou, a encore vécu l'horreur dimanche soir où deux terroristes à moto, selon des témoins cités par les agences de presse, ont pris pour cible le restaurant Istanbul, situé sur une grande artère de la ville. Le bilan fait état de 18 morts et 8 blessés, dont 2 Algériens, parmi les clients de l'établissement et l'élimination des 2 terroristes, selon le ministre de la Communication, Remis Dandjinou, qui avait annoncé la fin de l'opération militaire qui a suivi l'attaque. Le paisible Burkina Faso rejoint ainsi les pays de la région en proie au terrorisme et à l'instabilité. En janvier 2016, un attentat similaire avait eu lieu à quelques mètres de l'Istanbul faisant 30 morts et 71 blessés ; attentat revendiqué par Al-Qaïda. Le président du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré, qui a condamné hier "l'attentat ignoble", a affirmé que son pays résistera au "terrorisme", dans un message sur Twitter. "Je condamne avec la plus grande énergie l'attentat ignoble qui a endeuillé Ouagadougou." "La lutte contre le terrorisme est un combat de longue haleine", a-t-il ajouté. Pays frontalier avec le Mali devenu le fief des groupes terroristes, notamment ceux liés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), le Burkina Faso est, à son tour, devenu, avec l'élargissement des activités terroristes, une cible surtout depuis 2015. Cela d'autant que le pays est engagé depuis longtemps avec les autres pays du Sahel dans la lutte contre les groupes armés. Il est également membre du G5 Sahel, qui prévoit de constituer une force militaire commune pour lutter contre le terrorisme mais qui attend encore sa constitution en raison du manque de financements malgré la promesse française de sponsoriser cette initiative. La France veut se délester du fardeau de l'opération Barkhane au bilan mitigé, et ce, d'autant plus que sa présence militaire dans la région a poussé les groupes terroristes à adopter une autre stratégie et à contracter des alliances pour coordonner les attentats. Ce qui se confirmera avec les attaques perpétrées au Mali, au Niger et au Burkina Faso. Les Casques bleus de l'ONU ainsi que les soldats des armées locales sont régulièrement ciblés par les attaques des groupes terroristes sans que les forces mobilisées puissent réduire leurs activités dont les territoires s'étendent de plus en plus. Les cibles favorites, selon le pacte conclu entre les groupes terroristes, sont les étrangers et les intérêts français dans la sous-région. Les pays concernés se retrouvent dans une inextricable situation qui les met sur la défensive. Avec des forces militaires faibles et non préparées à ce genre de lutte, le manque de ressources financières pour leur formation et les équipements conjugués à un soutien international timide à défaut d'un véritable et franc engagement, transforment cet immense territoire en no man's land livré à toutes sortes d'activité criminelle et illicite. Terrorisme, trafic d'armes et de drogue, traite des êtres humains... sont légion. Ce qui rend ces pays politiquement plus vulnérables quand ils ne sont pas en proie à une instabilité politique chronique. C'est le cas du Burkina Faso, un modèle de paix et de stabilité, qui a soudainement basculé dans l'insécurité. Et dans la spirale du terrorisme. Djilali B.