Ainsi, Meziane Abane, d'El Watan Week-end, a été récompensé pour son enquête sur le trafic de sable, Mohamed Koursi d'El Moudjahid pour l'article sur le chômage et Hacen Ouali d'El Watan quotidien pour un reportage sur l'immigration clandestine à Malte : «Nous avons regardé impuissant la mer avaler nos enfants».Cela dit, au lieu d'un prix du journalisme d'investigation, les trois lauréats ont obtenu les prix d'encouragement du jury.Et pour cause, le jury, qui a félicité dans la soirée de dimanche dernier les trois lauréats lors d'une cérémonie de remise des prix, à l'hôtel Sofitel d'Alger, a estimé qu'aucun des 21 articles retenus pour la délibération, dont 5 de la presse arabophone, ne réunissait les critères qualifiant un article d'investigation. Mais, mettant en avant le caractère inaugural de cette première édition du prix Ali Bey Boudoukha, et reconnaissant des qualités certaines à quelques articles et reportages présentés, il a été décidé d'attribuer des prix d'encouragement aux 3 journalistes qui se sont partagé par ailleurs la dotation d'une coquette somme.«Aucun des articles retenus ne méritait d'être qualifié d'article d'investigation, on a alors décidé d'attribuer des prix d'encouragement aux trois journalistes pour les inviter à avoir un potentiel d'investigation», a indiqué le président du jury, Lotfi Madani, lors de cette cérémonie. Une cérémonie qui s'est déroulée en présence de plusieurs professionnels de la presse et de personnalités politiques du pays, à l'image de l'ancien chef de gouvernement des années 1990, Mouloud Hamrouche, Mohamed Ghrib, ancien ministre du Travail et de la Sécurité sociale, ainsi que de Abdelaziz Rahabi, ancien ministre de la Communication. Mais, c'est la présence à cet événement de Mouloud Hamrouche qui était plus que symbolique, car c'était sous son gouvernement qu'avait été signé l'acte de naissance de la presse indépendante, qu'a eu lieu la promulgation, le 3 avril 1990, de la loi sur l'information. «Il est parmi nos invités, car sans lui, on n'aurait pas aujourd'hui cette liberté de la presse», selon le responsable du site organisateur du concours, Maghreb Emergent, El Kadi Ihsane. Un concours visant à encourager les reportages d'investigation et rendre hommage au journaliste Ali Boudoukha, décédé en novembre 2011. Un éminent journaliste qui avait exercé aussi bien dans la presse écrite, audiovisuelle, qu'électronique. Cofondateur de l'agence de presse Interface Médias éditrice depuis avril 2010 de Maghreb Emergent, il avait participé, après son départ de la Chaîne III de la Radio algérienne à la fin des années 1980, à de nombreuses aventures professionnelles (La Nation, Libre Algérie, L' Epoque…) et a été correspondant de RFI en Algérie. «Pour encourager le journalisme d'investigation, un volet important pour tout développement de la société, on a cherché à instituer un prix», dira El Kadi Ihsane. Ainsi émergea l'idée, selon lui, de lancer ce concours du nom du grand journaliste Boudoukha pour perpétuer sa mémoire. «C'est que Ali Bey Boudoukha était perpétuellement en quête de faits cachés à amener à la lumière du jour», témoigne El Kadi Ihsane.