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«Promesses» du 4e mandat : parole, parole, parole…
Publié dans El Watan le 02 - 05 - 2014


– Révision constitutionnelle
«Il y aura en 2014 une révision de la Constitution qui instaurera une véritable démocratie participative, où tous les Algériens auront à prendre part à la gestion du pays. Il y aura aussi un élargissement des prérogatives des élus et les droits de l'opposition seront consacrés», a martelé Abdelamalek Sellal à Adrar. Il s'agit de «bâtir une république rénovée en Algérie», dit-il à Blida. A Sidi Bel Abbès, il évoque «l'édification d'une deuxième république qui sera cédée à la génération post-indépendance».
Fatiha Benabbou, professeur à la faculté de droit d'Alger et spécialiste en droit constitutionnel
Déjà, la terminologie utilisée me gêne. L'expression «démocratie participative» est inappropriée. Ce concept, s'il est à la mode, participe d'un véritable imbroglio. Il demeure dans le flou conceptuel. Quand à l'expression «seconde république», elle évoque un remaniement profond qui affecte la nature du régime politique. Ce ne sera donc pas un simple toilettage de la Constitution. Une telle révision constitutionnelle peut être mise en place en 2014, mais cela dépendra de l'ampleur du chantier mis en œuvre et surtout de la qualité des participants, en l'occurrence, de leur compétence : l'ingénierie constitutionnelle mobilise des techniques juridiques très précises.
Je serais tentée de vous dire tout est à réformer. Incontestablement, une nouvelle architecture des pouvoirs doit être redessinée pour établir la redistribution des pouvoirs.
Renforcer le rôle du Parlement est sans nul doute une priorité. L'actuel Parlement fait face à une crise de confiance majeure. Aussi faudrait-il arriver à dépasser le décalage entre la demande de démocratie qui émane de la société civile et le modèle éculé en place… Il faut également restituer au Parlement le pouvoir législatif, actuellement partagé avec le président de la République. Inévitablement, il faut donner la parole au maximum d'acteurs, en l'occurrence politiques, mais ceux-ci ne sont plus dupes. Alors, au-delà de l'écriture d'une nouvelle Constitution, il est indispensable de réfléchir à une politique constitutionnelle. Ce qui signifie concrètement, que tout objectif de reproduction de pouvoir, que s'assigne une Constitution, doit nécessairement s'accompagner d'un certain partage avec de nouveaux entrants. La révision constitutionnelle doit être précédée d'un pacte politique et les partis légaux doivent y être associés. Ils doivent au moins pouvoir accéder au cabinet ministériel.
– Découpage administratif
«Incha Allah, El Eulma deviendra wilaya», promet Abdelamalek Sellal à une assistance venue l'écouter à propos du découpage administratif. «Le président-candidat compte opérer un nouveau découpage administratif. Des daïras comme El Menéa (Ghardaïa), In Salah (Tamanrasset) ou encore Aïn M'lila (Oum El Bouaghi) vont être promues au rang de wilaya», explique-t-il entre autres.
Abdeslam Ali Rachedi, président du parti non agréé Essabil
La solution n'est pas de créer de nouvelles wilayas. Il faut sortir de ce système qui n'a pas changé depuis 52 ans. Ces annonces ne sont pas suffisantes. Une refondation de l'Etat est nécessaire avec une réelle décentralisation du pouvoir. Tout d'abord, les administrations doivent avoir plus de responsabilités. Il faut augmenter le nombre de communes, transmettre plus de prérogatives aux collectivités territoriales, donner plus de pouvoir aux assemblées locales au détriment du wali et régionaliser de façon rationnelle 3 ou 4 wilayas. Aujourd'hui, il y a 1500 communes dont 1200 sont structurellement déficitaires. Elles n'ont aucun pouvoir et n'ont pas de budget. Lorsqu'une APC prend une décision, elle doit être validée par le wali. L'élu est sous la tutelle de l'administration. Les élus doivent avoir plus de pouvoir pour une meilleure administration des habitants. Grâce à la décentralisation, on peut instaurer une réelle démocratie. Ce sont des promesses fallacieuses. L'ancien ministre de l'Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni, avait déjà, à l'époque, promis de faire d'El Eulma une wilaya et la promesse n'a pas été tenue.
– Jeunesse
Les promesses faites aux jeunes par le clan Bouteflika sont nombreuses. Le 4e mandat est celui du passage de la génération de la libération à la génération de l'indépendance. Ils promettent d'intégrer les jeunes dans la prise de décision et de les aider davantage au quotidien. «Nous allons multiplier les efforts pour permettre aux jeunes d'accéder aux dispositifs Ansej et Angem», a répété à plusieurs reprises Abdelmalek Sellal lors de la campagne.
Mourad Goumiri, président de l'Association des universitaires algériens pour la promotion des études de sécurité nationale
Il ne faut pas attendre du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, de doctrine ni de stratégie, il est pragmatique et populiste. Il use et abuse de dispositifs qui existent sur le terrain (Ansej, Angem) et il tente de les étendre, tant que la manne financière issue de la rente pétrolière le lui permet. Les messages de type «emploi et habitat» sont toujours porteurs auprès des populations et en particulier auprès des jeunes. Mais il faut distinguer le discours politique de sa réalisation sur le terrain. La réalisation de ces promesses durant le quinquennat n'est pas condamnable. Économiquement, c'est différent. Il va falloir calculer au millimètre près les capacités de production nationale et celle à importer dans les industries en amont du logement : celles extractives (agrégats, sables et autres), celles des intrants (ciment, acier, bois, peinture, électricité, vitrerie, plomberie sanitaire), la production du foncier urbanisable (assiette de terrain, aménagements de VRD, allocation des espaces, viabilisation), le financement et les assurances des acquéreurs et des entrepreneurs et en aval, les entreprises de réalisation, les capacités d'ingénierie (bureau d'ingénieurs, d'architectes, d'urbanistes), la maîtrise (main-d'œuvre qualifiée dans tous les corps de métiers du bâtiment), industrialisation des techniques de construction, la cession des logements (traçabilité, transparence et accès au marché immobilier). Force est de constater que notre pays est loin d'atteindre la maîtrise et l'orchestration intersectorielle exigée par l'ensemble du processus. Dès lors, l'importation massive est la seule variable d'ajustement retenue par les pouvoirs publics pour pallier ces manques et jusqu'à épuisement de la manne pétrolière. Après c'est l'inconnu.
Ghardaïa
Le 10 avril, Abdelmalek Sellal, directeur de campagne de Abdelaziz Bouteflika, s'est rendu à Ghardaïa pour y sonner plusieurs meetings. Il a affirmé : «La politique de Abdelaziz Bouteflika est axée sur l'ouverture et le dialogue avec tous les citoyens. Après l'élection et l'installation du nouveau gouvernement, je reviendrai et je resterai ici jusqu'au règlement du problème.»

Brahim Dadi Hamou, notable mozabite et ancien fonctionnaire au ministère de la Jeunesse et des Sports.
La balle est dans le camp des responsables. Ils sont bien capables de résoudre le problème. Il faut de la volonté. Les promesses sont faites. On attend maintenant l'intervention de l'Etat sur plusieurs volets. Il faut d'abord punir les gens qui ont provoqué cette pagaille, des personnes connus des services de sécurité. Le second volet concerne l'économie. De nombreuses maisons et commerces ont été détruits. Il faut réévaluer et rembourser. L'Etat a promis 700 000 DA, mais il y a des personnes qui ont tout perdu. Il faut ensuite que les personnes responsables de la pagaille demandent pardon aux Mozabites très affectés. Il faut demander pardon et se pardonner parce que la société est à bout de nerfs.
Ahmed Mellakh, un des représentants des jeunes malékites
Le problème de Ghardaïa ne va pas se résoudre. Pas mal de choses se sont passées avant les élections. Au début, on ne voulait pas voter dans un Etat qui ne protège pas son peuple. Le jour du scrutin, on a eu peur pour le pays et on a finalement accompli notre devoir. Ghardaïa a voté pour Abdelaziz Bouteflika parce que c'est celui qu'on connaît le mieux. 452 maisons malékites ont été brûlées. Les ravages sont immenses. Les personnes qui sont intervenues voulaient un printemps arabe en Algérie qui commence à Ghardaïa. Mais la situation est calme depuis l'élection. Le problème de Ghardaïa ne peut se résoudre qu'avec ses enfants et le gouvernement. Il y a à Ghardaïa une zone où l'Etat n'est même pas encore entré. C'est là qu'il y a des problèmes et que les responsables des pillages et des destructions se réfugient. On a peur, on attend que l'Etat agisse, et on bougera.
– Service militaire
«Je viens d'apprendre que le gouvernement a décidé d'élaborer, sur instruction du président Bouteflika, un projet de loi pour réduire la durée du service national de 18 à 12 mois. Et cette année de service national sera intégrée dans le calcul de la retraite des jeunes appelés», déclare Sellal, le 12 avril à Tiaret. Il indique que le projet prévoit également une revalorisation de l'indemnité attribuée aux jeunes appelés du service national, sans donner plus de détails.
Akram Kharief, spécialite des affaires de défense
C'est une promesse purement politicienne et réalisable durant le quinquennat. L'essentiel est que les hommes formés reçoivent leur 3 mois d'instruction. Le reste n'est que bénéfique pour l'armée. La durée du service militaire ne peut pas être inférieur à un an, car les soldats formés ne pourraient pas être employés efficacement. Pour pallier la réduction de la durée du service militaire, ils vont doubler les effectives. L'actuel mobilisation des troupes aux frontières et à l'intérieur du pays peut être soutenues avec l'application de cette réforme. L'armée va renforcer les contrôles aux frontières et va durcir la recherche des insoumis. De toute façon, l'ANP essaye de compenser le manque d'hommes par l'utilisation beaucoup plus présente des nouvelles technologies et une meilleure logistique. L'augmentation d'achats d'avions, de transport et d'hélicoptères confirme cette tendance.


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