Mohammed El Baradei envisage de se porter candidat à la présidentielle de 2011, en Egypte. Ces derniers jours, la presse gouvernementale égyptienne n'en veut pas seulement à tout ce qui est algérien après la défaite des Pharaons à Khartoum ; cette presse aux ordre s'est lancée dans une virulente campagne contre Mohammed El Baradei. L'ancien directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), qui vient de quitter ses fonctions et est rentré en Caire, a, en effet, confirmé qu'il envisageait, avec certaines conditions, de se porter candidat à la présidentielle de 2011 en Egypte. L'idée était dans l'air depuis qu'en février, cet ancien diplomate de 67 ans avait provoqué la stupeur en fustigeant, lors d'un talk-show télévisé très populaire, l'état politique, économique et social de l'Egypte. Boycotté depuis par la presse officielle, M. El Baradei est, en revanche, courtisé par l'opposition laïque qui cherche désespérément une personnalité capable de faire bonne figure face à Hosni Moubarak, 81 ans. Au pouvoir depuis vingt-huit ans, le eaïs n'a pas encore dit s'il entendait briguer un sixième mandat ou s'il laisserait la place à un autre candidat du sérail, qui pourrait être son fils, Gamal, 46 ans, actuellement à la tête du comité politique du Parti national démocrate (PND). M. El Baradei a précisé qu'il ne serait candidat qu'à condition que les élections soient « honnêtes et libres ». Il a réclamé pour ce faire une révision de la Constitution qui permettrait à tout citoyen de se présenter, privilège actuellement réservé qu'aux seuls partis représentés au Parlement, ce qui met hors jeu El Baradei ainsi que le mouvement, interdit mais toléré, des Frères musulmans dont les députés sont élus sous étiquette indépendante. M. El Baradei, victime collatérale du clan Moubarak, l'homme qui jouit d'un prestige international et d'une certaine popularité dans son pays est, à en juger par la réaction épidermique de la presse officielle, une source d'embarras pour le pouvoir. Il est qualifié de « président importé », il est accusé pêle-mêle d'avoir la nationalité suédoise (ce qu'il a démenti), de vouloir mener un « coup d'Etat constitutionnel » ou encore d'avoir été « un agent des Américains et des Européens pendant la guerre en Irak ». Un comble pour cet homme qui a obtenu le prix Nobel de la paix en 2005, après avoir tenu tête à l'Administration Bush sur le dossier des armes de destruction massive. « Les bourreaux du régime pensent qu'El Baradei s'est trop rapproché du fauteuil sacré en annonçant sa candidature », commente, ironique, le célèbre éditorialiste Salama Ahmed Salama. Pour le journal indépendant Al Masry al Yom, cette campagne « vise à étouffer le rêve de changement du peuple égyptien (et) ne cible pas seulement El Baradei mais toute personne qui oserait un jour prendre la même initiative que lui ». L'opposition égyptienne, même si elle est séduite par la popularité de Monsieur nucléaire, craint en même temps qu' El Baradei ne serve finalement que de faire-valoir au PND (parti au pouvoir) pour légitimer l'élection de son candidat. Un candidat qui doit faire partie du clan Moubarak. L'hystérie organisée par la presse cairote contre l'Algérie l'a bien démontré, il faut renforcer les rangs autour de la famille Moubarak, détourner l'attention du peuple égyptien des problèmes socioéconomiques que vit le pays pour obtenir une réélection assurée du père ou du fils à la prochaine présidentielle. Comme l'Algérie, M. El Baradei est une victime collatérale des intentions déguisées du clan Moubarak.