Tony Blair ne semble nullement regretter d'avoir entraîné son pays dans la guerre en Irak en 2003. Mieux encore, l'ex-Premier Ministre britannique estime que l'absence d'armes de destruction massive (ADM), prouvée après l'occupation de l'Irak, n'altère pas son jugement sur la nécessité de cette guerre. Car, à ses yeux, l'Irak de Saddam Hussein « représentait une menace pour la région ». Dans une interview qui sera diffusée aujourd'hui sur la chaîne BBC1, et dont des extraits ont été publiés hier, l'ex-Premier Ministre britannique a indiqué que même s'il avait eu la preuve de l'absence d'ADM, il aurait continué « à penser qu'il était juste de renverser » le régime de Saddam Hussein. « Evidemment, nous aurions employé et développé des arguments différents quant à la nature de la menace », a-t-il précisé. Décrit par Nelson Mandela comme « le ministre des Affaires étrangères » et surnommé par ses détracteurs « le caniche de George Bush », M. Blair refuse de croire que le monde pouvait être mieux si Saddam Hussein était encore au pouvoir. « L'idée était qu'il représentait une menace pour la région, dont le développement d'ADM faisait évidemment partie, et il a utilisé des armes chimiques contre sa propre population, c'était bien entendu le plus important dans mon esprit », a-t-il souligné. Ainsi, il y avait un régime dictatorial en Irak qu'il fallait, selon lui, faire tomber pour « libérer » le peuple irakien et sauver le reste de l'humanité. Des arguments de destruction massive Mais voilà que six années après, l'Irak est plus que jamais plongé dans le chaos avec des milliers de morts chaque année. La coalition « Stop the War » a qualifié les propos de Blair d'« aveu de crimes de guerre ». Pour cette ONG, Blair vient de fournir à la communauté internationale un « argument » de plus sur l'illégalité de l'invasion contre l'Irak. Elle appelle au lancement de poursuites judiciaires contre lui. Ses déclarations interviennent au moment où se poursuivent à Londres les audiences publiques de l'enquête sur l'engagement britannique en Irak dont il est le premier concerné. Au centre de l'enquête, le fameux « dossier » qu'il a présenté le 24 septembre et qui affirmait que l'Irak disposait d'ADM. Affirmation qui a été démentie par le fait qu'après l'invasion dirigée par les Américains et les Britanniques, aucune ADM n'a été découverte en Irak. Cette sortie médiatique de Tony Blair est considérée par nombre d'observateurs comme une tentative de sa part de peser sur le travail des enquêteurs.