Ce sont encore et toujours elles qui font l'actualité. La coalition américano-britannique fait face à maintes contraintes dans ses tentatives de stabiliser la situation en Irak. Les forces américaines et britanniques stationnées dans les villes irakiennes font ainsi face, quasi-quotidiennement, à des attaques de plus en plus ciblées de la part des résistants, lesquels ne se sont toujours pas identifiés. Hier encore un soldat américain a été tué à Felloujah, ville qui semble avoir pris la tête de la résistance à l'occupation américano-britannique. Ces attaques ont quelque peu mis sur la défensive les forces d'occupation de la coalition. Mais c'est encore le mystère entourant les introuvables ADM (armes de destruction massive) qui continue de faire l'actualité irakienne d'autant plus que des doutes commencent à gagner des cercles de plus en plus larges, y compris dans les rangs des officiels américains et britanniques. Ces derniers s'interrogeant maintenant ouvertement sur le rôle du Premier ministre Tony Blair. L'influent hebdomadaire économique The Economist semble donner le sentiment général, en Grande Bretagne, lorsqu'il pose crûment la question «Tony Blair a-t-il menti au sujet des ADM?». Plus que jamais, George W.Bush et Tony Blair, outre leurs opinions publiques, doivent des explications à la communauté internationale sur une guerre dont les justifications semblent de plus en plus biaisées et non fondées. Faute d'avoir pu découvrir ces ADM, légitimant leur guerre en Irak, les coalisés font appel aux scientifiques irakiens les incitant à donner des informations sur les armes prohibées. Dans une déclaration publique de la radio, de la coalition américano-britannique, il est dit: «Nous savons qu'il y a des scientifiques irakiens, des militaires et des militants du Baâs qui ont des informations sur les armes de destruction massive produites par l'ancien régime irakien», pressant ces derniers de leur fournir «toute information» sur les ADM ajoutant «La coalition sait que beaucoup d'entre vous étaient obligés de travailler pour ce programme. C'est pourquoi vous ne devez pas avoir peur, car vous serez traités avec équité si vous nous donnez des informations qui sont très importants, pour vous protéger ainsi que vos amis et vos familles». Ainsi, la coalition en est réduite à faire du rabattage pour découvrir des armes prohibées dont elle affirmait, avant la guerre, qu'elles existaient, qu'elles étaient localisées et que pratiquement il ne restait plus qu'à aller les détruire, puisque Saddam Hussein refusait de le faire. Aujourd'hui, ceux qui ont tout misé sur l'existence de ces hypothétiques armes de destruction massive ne savent plus à quel expert se vouer. En fait d'expert, le général Al Saadi, conseiller scientifique du président Saddam, avait déjà affirmé, le jour de sa reddition aux forces d'occupation, qu'il «n'y avait pas d'ADM en Irak et que la coalition en sera pour ses frais». La tournure que prennent les événements semble aujourd'hui lui donner raison. Les Américains qui détiennent quelques uns des plus importants scientifiques irakiens ne sont pas parvenus à les faire parler, soit, plus vraisemblablement, ceux qui auront confirmé que l'Irak n'avait plus d'ADM. Ce que certifient deux professeurs de l'université de technologie de Bagdad. Pour Jamal Menaâ, professeur, vice-président du département de chimie, les coalisés «font semblant de chercher mais il n'existe aucun indice que l'Irak possède des armes de destruction massive. C'est un mensonge. Il s'agissait d'un prétexte pour faire la guerre à l'Irak». Pour sa part, son collègue, professeur de physique, Salia Al-Alagaoui, souligne «Il croient (les coalisés) que les Irakiens sont prêts à vendre leur pays pour de l'argent, c'est pourquoi ils proposent 200.000 USD pour ceux qui fourniraient des informations sur ces armes, mais en fait, il n'y en a pas». Un peu sur le tard, le plus proche conseiller du Premier ministre, Tony Blair, Alastair Campbell, reconnaissait implicitement la faiblesse du dossier sur les ADM lorsqu'il déclare avoir «dit clairement aux responsables de ce dossier (cf: les ADM) qu'ils n'avaient pas respecté les normes d'exactitude et j'ai diffusé ce message dans tous les services gouvernementaux». Ce qui ne dispense en rien Tony Blair de s'expliquer sur la guerre illégale contre l'Irak. Donc affaire à suivre.