Ce plat ancestral est à base de semoule mélangée à des herbes sauvages comme le Halhal (lavande sauvage), Fliou (menthe de pouliot), Timersat (marrube noir), Benaâman (Coquelicot), Zeitra (Thym), Aklil (Romarin). Une fois que le printemps s'installe, la cueillette des plantes et ingrédients constituant ses ingrédients commence. C'est pour cette raison que ce plat est qualifié de couscous du printemps. On raconte que ce plat contenait jusqu'à 70 variétés de plantes et herbes lorsqu'il était préparé par les montagnardes, des connaisseuses quoi ! Aujourd'hui, l'Atlas blidéen s'est vidé de sa population et celle qui prépare El Hammama, actuellement, est généralement composée de «citadines» qui ont hérité une partie du secret de la recette de leurs ascendants. La technique de préparation d'El Hammama consiste, tout d'abord, à laver et débarrasser les plantes et herbes utilisées de leurs racines, avant de les hacher, puis les mélanger au couscous roulé à la main et cuit à la vapeur dans un couscoussier. Une fois cuit à la vapeur, ce plat doit être enduit avec de l'huile d'olive et servi, généralement, avec du lait fermenté. Le mélange des herbes et plantes lui donne un aspect noirâtre et un goût un peu amer. C'est pour cette raison que certains préfèrent l'assaisonner avec du sucre. El Hammama compterait, à en croire certains témoignages, de nombreux bienfaits sur la santé. «C'est le vaccin annuel et naturel des Blidéens», insiste un sexagénaire de la ville des Roses. «Ça favorise une meilleure circulation sanguine et c'est recommandé pour les personnes anémiques», ajoute-t-il. Pourquoi l'appellation El Hammama ? Selon Youcef Ouragui, 77 ans, spécialiste du patrimoine de Blida, le nom de ce plat est lié au hammam (bain maure). «Dans le passé, les femmes affaiblies, notamment après un accouchement, consommaient ce plat au hammam tout en bénéfiçiant de la vapeur de ce dernier. Une manière de nettoyer leur corps et l'immuniser à la fois», raconte-t-il.