La distribution de l'eau potable au niveau des 15 localités approvisionnées à partir du barrage de Béni Haroun, s'est sensiblement améliorée depuis la mise en service (en septembre 2007) de ce mégaprojet hydraulique. « Avec un stock actuel de 620 millions de m3 d'eau (sur une capacité maximale de 1 milliard de m3, soit 18% des 3,5 milliards de m3 en réserve au niveau de l'ensemble des barrages d'Afrique, Béni Haroun, premier en Algérie sur les 60 existants et 2e en Afrique, est également destiné à l'approvisionnement de 5 wilayas et l'irrigation de 30 000 ha de terres agricoles, dont 8 000 ha pour le seul périmètre d'irrigation de Téleghma ». C'est en ces termes que s'est exprimé, sur les ondes de Mila FM, Azzeddine Lemanaâ, directeur d'exploitation dudit barrage. Et de poursuivre : « Cette installation grandiose couvrira 15% des périmètres irrigués à l'échelle nationale et profitera, en matière d'eau potable, vers l'horizon 2020, à quelque 6 millions d'habitants ». Mais, tout ne baigne pas dans l'huile semble-t-il, ne serait-ce qu'en raison du phénomène de l'irrigation illicite pratiquée au grand jour par une quinzaine de communes riveraines du lac. A ce fléau se greffent d'autres maux aussi nocifs, pour ne parler que du taux important d'envasement et l'érosion effrénée des berges du lac. « Géré depuis 5 ans par des techniciens et ingénieurs algériens, le barrage, dont la fiabilité est établie, ne présente aucun risque, d'autant plus que l'expertise (du 2 au 6 novembre dernier) de spécialistes français, suisses et belges a conforté ce constat », a renchéri A.Lemanaâ. Respectivement chefs des services hydro-agricole et AEP à la direction de l'hydraulique, Abdeslam Bouhbal et Zaki Bencheikh s'étaleront longuement sur les programmes de protection du pourtour du barrage, initiés par la Conservation des forêts à travers des actions de reboisement et de correction torrentielle, ainsi que les perspectives prometteuses attendues de la mise en exploitation du périmètre d'irrigation de Téleghma. L'aménagement de ce dernier interviendra à l'issue de la finalisation des procédures administratives. Sur ce point précis, M. Bencheikh expliquera que les stations de traitement de Aïn Tine et de Oued Athménia produisent, dans l'ordre, une capacité de 43 000 m3/j d'eau au profit des 10 communes du Nord de la wilaya et 11 000 m3 pour les 5 localités du Sud. « La problématique de la détérioration avancée du réseau d'AEP, donnant lieu à 30% de déperdition, soit 2 000 fuites enregistrées en 2009 sur les réseaux de distribution et 120 sur les adductions, a toutefois bénéficié d'une excellente prise en charge », a estimé Kamel Kacemi, directeur de l'ADE. « Nous avons hérité de réseaux AEP très vétustes, en raison notamment des reliefs difficiles et des terrains accidentés ». Quoique affublée de capitale de l'eau, la wilaya de Mila, qui dispose de ressources hydriques appréciables, à l'image du barrage de Hammam Grouz (14 millions de m3 d'eau actuellement sur une capacité théorique de 45 millions) et de deux autres installations similaires à Benyahia Abderrahmane et Oued Endja, pâtit, en de nombreuses agglomérations, de la rareté du précieux liquide ; la cadence des émeutes cycliques à ce propos est fort édifiante. Certes, les terribles années de sécheresse sont loin derrière nous, mais il ne faut pas qu'on perde de vue que de nombreuses populations attendent les retombées positives du plus grand complexe hydraulique du pays.