Les rendez-vous maintes fois ajournés avec les eaux du barrage de Béni Haroun ont suscité moult interrogations et inquiétudes. La dernière sortie du ministre des Ressources en eau, en visite le mois dernier à Mila pour s'enquérir des ultimes réglages du mégaprojet national de l'hydraulique, avant la visite du chef de l'Etat a, pour une fois, conforté les promesses de M. Sellal qui a déclaré urbi et orbi que "l'approvisionnement de Constantine, Ain Smara, El Khroub et Ali Mendjelli en eau potable (couloir-C 2) sera effective dès le 5 septembre tandis que les 10 groupements d'habitation du nord de la wilaya et la ville de Mila seront alimentées à compter du 9 du même mois". L'eau ne sera pas pour autant disponible H 24 dans les ménages des localités précitées, du moins pas dans l'immédiat. Désagrément que le directeur de l'Hydraulique, M. Kamel Kaouche, met essentiellement sur le compte "des énormes déperditions du précieux liquide qui sont apparues dans plusieurs régions, en raison de la vétusté des réseaux nécessitant, pour le parachèvement du système d'approvisionnement au profit de Mila et Constantine, une enveloppe financière de 135 milliards de centimes, rien que pour la pose de conduites, ouvrages en ligne et stations de reprise sur le territoire de la wilaya de Mila". Il ne faut dès lors pas s'étonner, ajoute-t-il, devant la fréquence des pannes et des arrêts, vu que les réseaux de distribution sont très anciens rendant impératif d'importantes réparations, voire une reprise totale dans certaines localités. "Avec les moyens dont il dispose, le secteur de l'hydraulique est plus que jamais présent sur le terrain pour l'alimentation de la population", conclut ce responsable. L'on apprend dans la même veine qu'avec la disponibilité d'un stock assez considérable au niveau de la station de traitement de Oued Athmenia et son barrage-réservoir qui emmagasine actuellement 10 millions de mètres cubes sur une capacité maximale de 33 000 000 de m3, Constantine et ses régions qui reçoivent à présent quelques 100 000 m3/j d'eau potable et l'augmentation prochaine de la cadence vers les 260 000 m3/j, ne connaîtront pas de notables problèmes en matière d'approvisionnement. Notre interlocuteur affirme en plus qu'"en dépit du fait que les stations de traitement soient prêtes depuis longtemps, l'alimentation régulière et optimale des 15 agglomérations suscitées reste toujours en phase de projet et que les contraintes techniques qui apparaissent sur le terrain, seront solutionnées au fur et à mesure". Il n'en demeure pas moins avéré que les facteurs d'inquiétude sont nombreux et complexes. A commencer par les pertes au niveau du tunnel de Djebel Lakehal évaluées à 35% du débit véhiculé pour le remplissage du barrage-réservoir de Oued Athmenia, soit l'équivalent de 3 m3/s ; ce qui est tout compte fait effrayant. Ces fuites qui se sont manifestées du côté du forage de Ain Tine alimentant Mila et à la carrière Sopromac, ont entraîné des mesures d'urgence, à savoir l'arrêt du pompage annoncé pour le 13 du mois courant pour permettre à l'entreprise italienne Condotte de lancer des investigations sur les canalisations défectueuses et diagnostiquer le mal en vue de son traitement. L'autre motif d'anxiété réside dans les fuites constatées sur la partie Est de l'ouvrage et qui seraient dues à un phénomène hydrologique et auprès duquel une mission d'experts étrangers déléguée tente d'en déceler les carences afin d'y remédier ; car le volume actuellement emmagasiné avoisine à peine les 450 millions de mètres cubes, donc à peine 50% du volume de la capacité de stockage total. La mise en service du complexe hydraulique de Beni Haroun est en elle-même un défi, en attendant que ce gigantisme ouvrage atteigne sa vitesse de croisière, à savoir l'alimentation permanente des wilayas de Mila et Constantine. Mais cela coûtera indéniablement du temps et de l'argent.