En prévision des élections sénatoriales programmées pour le 29 décembre, les tractations vont bon train, au niveau local, entre les différents partis politiques. L'heure est donc aux alliances tacites et au travail de coulisses. Si le parti de Mme Hanoune décide de contracter une alliance avec la formation d'Ahmed Ouyahia, celui de Saïd Sadi ne veut compter que sur lui-même en faisant cavalier seul, alors que le vieux parti est ouvert à toutes les propositions. Rappelons, de prime abord, que la deuxième chambre du Parlement algérien, instituée par la Constitution du 28 novembre 1996, comprend en tout 144 membres dont les deux tiers, soit 96 membres, sont élus au suffrage universel indirect, parmi et par les élus des assemblées locales (APC et APW) au sein de chaque wilaya, le tiers restant, soit 48 membres, étant désigné par le président de la République, d'où son appellation de « tiers présidentiel ». La durée du mandat au Conseil de la nation est de six ans, le renouvellement se faisant toutefois par moitié tous les trois ans. Le Sénat vote les lois à la majorité des trois quarts de ses membres. Il ne peut être toutefois saisi que des textes déjà adoptés par l'APN et pour lesquels il ne dispose d'aucun pouvoir d'amendement. D'où, d'ailleurs, la polémique autour du rôle de cette institution qui exerce un pouvoir législatif. Il faut tout de même noter qu'en cas de désaccord entre l'Assemblée populaire nationale et le Conseil de la nation, une commission paritaire ad hoc est mise en place et est chargée de proposer un texte révisé qui est soumis à l'approbation des deux Chambres, sans possibilité d'amendement. Nul n'ignore que le tiers présidentiel suffit à lui seul pour bloquer tout projet de loi qui ne sied pas avec la politique du président de la République, car pour qu'une loi soit votée, il faut l'aval des deux tiers et une voix. S'agissant des élections du 29 décembre prochain, elles devraient permettre le renouvellement de la moitié des membres du Conseil de la nation. La dernière opération de renouvellement a concerné ceux qui avaient un mandat de six ans. Les élections se font aux niveaux régional et local, et ce sont les élus des APC et des APW qui procèdent à l'élection de l'un parmi eux sous, bien sûr, la supervision et le contrôle de la commission électorale de wilaya composée de trois juges désignés par le ministère de la Justice. Chaque wilaya est représentée par deux membres au sein du Sénat. Le chef de l'Etat a le droit de reconduire tous les membres du tiers présidentiel ou une partie, à sa guise. Les deux autres tiers sont issus des wilayas. Actuellement, le Front de libération nationale (FLN) est en tête de liste, suivi du Rassemblement nationale démocratique (RND), puis du Mouvement de la société pour la paix (MSP). Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) dispose d'un seul siège. L'opération de renouvellement concernera, en effet, 48 sièges pour lesquels la course est déjà lancée. Le FLN, qui a raflé lors des élections locales d'octobre 2002 la majorité des sièges, compte rééditer l'exploit afin d'investir en force la chambre haute du Parlement, lui qui dispose de la majorité au sein de la Chambre basse. « Nous sommes prêts à contracter des alliances avec tous les partis intéressés, y compris le RCD, le PT. La partie se joue au niveau des wilayas et entre les élus locaux », a soutenu M. Bouhadja. Le RCD n'envisage nullement de donner ses voix au FLN. « Nous avons un candidat qui a été désigné lors des élections primaires à Tizi Ouzou, un autre à Béjaïa et le dernier à Ghardaïa. Le FLN a également présenté un candidat dans ces mêmes villes, la partie va donc se jouer entre nous et le FLN alors il est inconcevable de contracter des alliances avec le vieux parti », a expliqué Mohcène Belabes du RCD. Le parti de Mme Hanoune, qui ne participera pas à ces élections, a eu des concertations avec le FLN et le RND, toutefois le PT a préféré donner ses voix au RND vu le rapprochement des vues autour de plusieurs questions et principes, notamment en ce qui concerne le développement socioéconomique. Par ailleurs, d'aucuns estiment que l'argent demeure au cœur de cette élection et les têtes de listes sont monnayables…