Pour animer le débat, les organisateurs ont invité Hadj Tahar Boulenouar (porte-parole de l'UGCAA), Mustapha Zebdi (président de l'Association de protection et d'orientation du consommateur et son environnement/ Apoce), Mohamed Medjber (président de la Commission nationale des fruits et légumes et Omar Ameur (président de l'Union des boulangers). Pour Hadj Tahar Boulenouar, «ce sujet est important car il s'agit d'essayer de comprendre pourquoi il y a absence de confiance entre le commerçant et les consommateurs. Le commerçant est, en fait, le lien entre le producteur et le consommateur. Pour baisser les prix, il faut diminuer les étapes entre la commercialisation et la vente (les intermédiaires). Nous remarquons qu'il y a une grande différence entre les prix de gros et de détail des fruits et légumes qui dépassent souvent les 100% ! Notre explication est la suivante : cela est dû au nombre insuffisant d'espaces de vente. Nous avons besoin de 1000 marchés de proximité. Or, certaines communes en sont dépourvues». 20 millions de baguettes de pain dans les poubelles Selon M. Boulenouar, l'augmentation des prix est due à la perturbation de l'approvisionnement et, dans ce contexte, il préconise «un plan de production. Les chambres froides ne jouent pas leur rôle de régulateur pour garantir une stabilité de l'approvisionnement». Le gouvernement a, certes, opté pour un réseau national de distribution des fruits et légumes, inscrit dans le cadre du programme du président Bouteflika en 2009, mais ce projet piétine, son taux de réalisation ne dépasse pas 30%, révèle l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA). Il était prévu la réalisation de 30 marchés de gros, 800 marchés de détail et 1000 marchés de proximité en 2014. Mais pourquoi ces retards ? Le représentant de l'UGCAA n'hésite pas à jeter la pierre «aux APC et à la bureaucratie». Mohamed Medjber a précisé que «les chambres froides ne peuvent stocker que deux produits : la pomme de terre et les oignons, quand il y a surproduction. Mais la pomme de terre stockée n'est pas vendue au marché de gros. Elle emprunte d'autres circuits de distribution. Il faut revoir la notion de prix et donner, par exemple, un coefficient multiplicateur pour les marchands». Il a confirmé que les prix sont plus stables après une semaine de Ramadhan. Selon M. Medjber, «2 millions de quintaux de fruits et légumes sont sortis des 43 marchés de gros», un chiffre énorme mais qui ne peut cacher l'existence d'un autre phénomène : le taux de gaspillage qui varie entre 8 et 10%. Une tendance confirmée par Omar Ameur, qui cite le chiffre de «20 millions de baguettes de pain» qui finissent dans les poubelles ou sur les trottoirs. Ce comportement des consommateurs qui achètent en quantité a des effets néfastes sur l'économie ; il provoque des pénuries comme il influe négativement sur le budget de la famille. Sans oublier l'augmentation du volume des déchets ménagers. Selon l'Office national des statistiques (ONS), si 42% des dépenses des ménages algériens sont consacrés aux besoins alimentaires, ce chiffre augmente de 60% pendant le Ramadhan selon les estimations des conférenciers. Pour sa part, Mustapha Zebdi a indiqué que le commerçant a «une responsabilité morale» dans la hausse des prix. Il rappelle que le consommateur exige, en général, trois choses : la disponibilité, un produit sain et un juste prix. Il n'a pas mâché ses mots en disant que certains gonflent «leur marge bénéficiaire». Il a signalé aussi l'absence d'affichage des prix avec un taux de 30%, se référant aux statistiques du ministère du Commerce. Une situation qui ne favorise pas la concurrence. Et c'est, bien sûr, le consommateur qui paye le prix de cette carence.