La militante sahraouie des droits de l'homme, Aminatou Haidar, a été hospitalisée, hier, à la suite d'une grève de la faim qu'elle mène depuis plus d'un mois à l'aéroport de Lanzarote, aux Iles Canaries. Il fallait s'y attendre, la santé de la militante sahraouie, Aminatou Haidar, s'est détériorée dans la nuit de mercredi à jeudi. La Gandhi de la cause sahraouie, comme on la surnomme déjà, a été hospitalisée en soins intensifs dans un hôpital de Lanzarote (Canaries), où elle poursuit sa grève de la faim entamée il y a plus d'un mois. Tout est allé très vite. Peu après minuit, Aminatou Haidar a été transportée à l'hôpital, à sa demande, à la suite de très fortes nausées et de douleurs abdominales. « Elle a vomi du sang et est sévèrement déshydratée, mais elle reste consciente », précise une source médicale en ajoutant que personne ne « la forcera pas à s'alimenter. » Un proche ajoute : « Les médecins nous ont dit que son état était stationnaire et qu'ils lui avaient donné des calmants pour soulager les fortes douleurs qu'elle avait ressenties dans la journée ». Dans une interview publiée cette semaine dans El Watan, la pasionaria de la cause sahraouie confiait qu'après trente jours de grève de la faim son corps avait du mal à tenir : « J'ai un tas d'ennuis de santé. J'ai un ulcère qui ne me facilite pas la tâche. J'ai tout le temps des nausées. Je ressens une grande faiblesse. Il m'est ainsi impossible de me mettre debout toute seule. J'ai aussi une hernie discale… mais qu'à cela ne tienne : je garde malgré tout un très bon moral. Cela m'aide à résister. Pour les jours à venir, je ne réponds de rien. Si je me porte plus ou moins bien maintenant, dans un quart d'heure, je ne saurais dans quel état je serai… A ce stade de la grève, j'en suis à mon trentième jour, le cœur, les reins peuvent lâcher à n'importe quel moment. J'espère que non… ». Mme Haidar, 42 ans et mère de deux enfants, n'a toutefois pas l'intention d'abandonner sa grève de la faim. « Elle ne le fera qu'une fois rentrée chez elle à Laâyoune », précise son porte-parole. Pour rappel, Aminatou Haidar avait entamé sa grève de la faim le 16 novembre, pour protester contre son expulsion de l'aéroport de Laâyoune, par les autorités marocaines, de retour d'un voyage aux Etats-Unis où elle avait reçu un prix des droits de l'homme. Selon les autorités marocaines, la militante se serait dessaisie de son plein gré de sa nationalité marocaine. Aminatou Haidar, elle, accuse Rabat : « Oui, certainement. Aucun doute là-dessus. Le Maroc veut ma mort. C'est ce qu'il veut. C'est sa gloire. Ce qui est en train de se passer ici, à l'aéroport de Lanzarote, n'est qu'un vague aperçu de la situation dramatique, alarmante qui prévaut dans les territoires occupés au Sahara occidental. Cela reflète la situation de tout un peuple divisé en deux parties. Une partie qui vit sous le joug de l'occupation, l'autre qui vit des conditions difficiles dans les camps, à Tindouf. Des réfugiés qui survivent grâce à l'aide humanitaire internationale. Je trouve que le silence de la communauté internationale est allé au-delà de toutes les limites. » Mercredi, le Premier ministre espagnol, Jose Luis Rodriguez Zapatero, affirmait au Parlement qu'il suivait la situation « minute par minute » et disait espérer une solution « rapide et favorable ». Selon le journal El Pais d'hier, l'optimisme prudent de M. Zapatero intervient après des développements diplomatiques pour tenter de trouver une solution. Le quotidien affirme que le roi du Maroc, Mohammed VI, a envoyé deux de ses hommes de confiance, dont le chef des services secrets, à Washington pour trouver « une formule imaginative » qui permette à Aminatou Haidar de rentrer chez elle, sans que cela ne représente une défaite pour le Maroc. Aminatou Haidar a, pour l'heure, refusé la nationalité espagnole ou un statut de réfugiée en Espagne, et elle a déclaré vouloir rentrer au Sahara occidental « morte ou vive, avec ou sans son passeport ».